29 juillet 2011

Mariage : Marie-José de Belgique et Umberto d'Italie

Malgré l’inexistence de cette formule à cette époque, le grand mariage qui se déroula en 1930, liant les maisons royales belge et italienne, peut être considéré comme l’un des « mariage du siècle ».

La princesse Marie-José de Belgique, née en 1906, est l’unique fille du roi Albert Ier et de la reine Elisabeth, née duchesse en Bavière. A sa naissance, ses parents sont jusqu'en 1909 les héritiers du roi Léopold II, son grand-oncle. Très vite, ses parents vont caresser l’idée d’un mariage de leur fille avec l’héritier au trône italien, le prince Umberto de Savoie, prince de Piémont, duc de Savoie et prince de Carignan. Né en 1904, il est le fils unique du roi Victor-Emmanuel III d’Italie et de la reine Helena, née princesse de Monténégro. Il est à l’époque également question d’un possible mariage entre le prince héritier Léopold, duc de Brabant, avec l’une des sœurs du prince de Piémont, la princesse Mafalda de Savoie (semble-t-il que ce projet ne convenait guère au prince).

Durant la Première Guerre Mondiale, alors que ses deux frères, Léopold et Charles, continuent de poursuivre leur éducation en Grande-Bretagne, Marie-José est envoyée en mars 1917 au Santissima Annunziata du Poggio Imperiale de Florence, école élitiste pour jeunes filles. Elle y étudiera jusqu’en juin 1919, lui permettant – si le projet se concrétise un jour – de se familiariser à l’italien et à ce pays du sud. Elle y recevra la visite fréquente de la reine Helena, et les futurs époux se rencontreront pour la première fois le 7 février 1918 au château de Lispida, près de Padoue.  

La princesse poursuivra ensuite ses études en Belgique, mes les tractations matrimoniales ne cessent pas pour autant et s’amplifient dès 1924. Ainsi, par l’entremise de la reine Elisabeth, Marie-Josée, accompagnée de son frère Léopold, sera l’invitée de la famille royale en la résidence de San Rossore. Cependant, le prince Umberto y est absent… Il faut dire qu’à l’époque, le prince apparait comme l’un des plus beau parti du gotha et connait de nombreuses aventures.

Finalement, le projet est mené à bien et les deux familles sont heureuses de voir aboutir cette union. La princesse est charmée par ce prince, si élégant dans son uniforme. Le prince, lui, semblait davantage se résoudre au projet de ses parents et à sa condition de prince héritier qui, à l’époque, le contraignait de faire une belle union avec une princesse d’Europe. 
Fiançailles de la princesse Marie-José et du prince Umberto
au château de Losange

Les fiançailles ont lieu le 7 septembre 1929 au château de Losange. Ce château est alors la propriété de la comtesse Frédéric van den Steen de Jehay, née baronne Henriette Snoy, dame d’honneur de la reine Elisabeth. Ce n’est que bien plus tard que cette demeure des Ardennes verra la naissance d’une demoiselle d’Udekem d’Acoz qui sera appelée à épouser le prince héritier Philippe de Belgique en 1999, mais ça, c’est une autre histoire !

Cette rencontre à Losange est l’occasion pour le prince Umberto de demander la main de la princesse. La demande du prince sera ponctuée par cette cinglante déclaration : « Tu vois, dans notre position, nous sommes comme dans une prison. Nous ne sommes pas libres de faire ce que nous voulons, de décider de notre avenir comme les autres jeunes. »

Les fiançailles sont officiellement annoncées aux Belges le 24 octobre 1929. Le lendemain, le prince sera la cible d’un attentat lors d’une cérémonie d’hommage au Soldat Inconnu à Bruxelles. Le prince échappe au tir de l’antifasciste italien De Rosa. A cette date, Mussolini est déjà président du Conseil depuis quelques années et certains reprochent à la famille royale son mutisme voire son approbation face à ce régime. Il semblerait que le prince ne nourrissait pas les mêmes idées que le dictateur, mais il ne réprouva jamais autant ouvertement ce régime que son épouse, détestée du Duce qu’il désignait cependant comme « le seul homme de la famille ». 

Diadème acheté dans les années 1920 à Vevey (Suisse) par les parents (ou par son frère, le prince Charles) de la princesse Marie-José dans une vente privée qui dispersait les bijoux du duc Georges de Leuchtenberg (1852-1912), prince Romanovsky.
Le montage moderne a été effectué par le joailler August Holmström de chez Fabergé. Il est composé de 214 brillants, totalisant 85 carats, et de 400 diamants rose. Au centre, le diamant goutte est de 8,30 carats, et de part et d'autre celui-ci se trouvent trois briolettes en forme de poire. Peut-être ces dernières sont issues de la collection de Catherine de Russie. Ces pierres auraient été ensuite offertes à l'impératrice Joséphine par le tsar Alexandre Ier, passant ensuite à son fils, le duc Eugène de Leuchtenberg (1781-1824) et puis au fils de ce-dernier : le duc Maximilien de Leuchtenberg (1817-1852).
Il a été vendu en 2007 par la princesse Marie-Gabrielle de Savoie chez Cristie's pour 1.500.000€
© Ancienne Collection Seiler

Ce mariage fut l’occasion d’une déferlante de cadeau de toutes parts. Les parents de la mariée lui offrirent tout d’abord un diadème, splendide, de style russe, qu’elle ne porta jamais cependant. L’ouverture d’une souscription nationale a permis d’offrir à la future mariée son voile de dentelle en point de Bruxelles, ainsi qu’une bague en platine rehaussée d’un étincelant diamant blanc, bleu et rose. D’autres cadeaux arrivèrent également au Palais comme un collier de style Art Déco, offert par la Ville de Paris qui portait en haute estime son père, le Roi-Chevalier ou encore une montre-bracelet incrustée de brillants.

Collier de style Art Déco offert par la Ville de Paris,
dessiné par Georges Fouquet.
Le pendentif est composé d'un saphir cabochon
au centre, zébré de diamants
© Fonds photographique Fouquet/Musée des Arts décoratifs, Paris

Montre-bracelet en brillants de Jenatzy et Severin
© Collection Christophe Vachaudez

Diamant blanc, bleu, rose, de taille émeraude, dans son écrin,
monté sur une bague de platin, offert par souscription nationale belge
© Collection Christophe Vachaudez

Le mariage célébré en Italie devait offrir plusieurs jours de réjouissances. La maison royale italienne mit son luxueux train royal à disposition de la famille royale belge pour faire le voyage de Bruxelles jusqu’à Rome. A Civitavecchia, dans le Latium, le prince Tommaso de Savoie, duc de Gênes, cousin du roi, vint à la rencontre du convoi. Le prince Umberto monta à bord du train lors d’un arrêt dans le Transtevere, l’un des faubourgs de Rome.

Arrivé à dix heures du matin en la gare centrale où y attendaient les souverains italiens et les princes de Savoie, le roi des Belges passa en revue la compagnie d’honneur. Ensuite, les invités furent conduits jusqu’au palais du Quirinal en landau : l’un destiné à Marie-Josée, le prince Umberto, la duchesse de Brabant, épouse du prince Léopold depuis 1926 et le prince Charles, comte de Flandre ; un pour les reines Elisabeth de Belgique et Helena d’Italie, accompagnées du prince Léopold ; et un autre pour les rois des Belges et d’Italie. Le cortège circula dans les rues pavoisées de Rome, accompagné des vivats de la foule, sans oublier le déploiement de carabiniers et de cuirassiers. Un arrêt, à mi-parcours, sur la place Esedra, permit au gouverneur de Rome de souhaiter la bienvenue aux princes belges. Après, les invités purent regagner le Quirinal, où parmi les invités les attendaient les princesses de Savoie Jeanne et Marie-Françoise, le tsar Boris III de Bulgarie, Mussolini ou encore Pétain (pour la petite histoire, c’est après le mariage de Marie-Josée et d’Umberto que Boris III demanda au roi d’Italie la main de sa fille, la princesse Jeanne). Ensuite, les fiancés apparurent alors au balcon, en compagnie de leurs parents respectifs.

Au balcon (de gauche à droite) : la reine Helena d'Italie, le roi Albert Ier de Belgique,
la princesse Marie-José de Belgique, le prince Umberto de Savoie, la reine Elisabeth
de Belgique et le roi Victor-Emmanuel III d'Italie 
Une grande chasse à courre fut également organisé dans la campagne romaine.
On peut y reconnaître (devant la porte) le prince Gustave Adolphe de Suède,
le roi Victor-Emmanuel III, le prince Cyrille de Bulgarie, le duc d'York
(accoudé à la fenêtre) et le prince Umberto (adossé au bâtiment, à l'extrême-droite)

La famille royale belge eut l’honneur d’être reçue par le pape au Vatican et assista à une cérémonie religieuse en la chapelle du Saint-Sacrement. Le roi et les princes étaient flanqués en uniforme tandis que les dames portaient la toilette noire, rehaussée de pierreries. Le roi Albert Ier et les princes Léopold et Charles assistèrent également à une cérémonie en hommage au Soldat Inconnu italien.

La famille royale dans une des loges du Vatican, après l'audience papale, entourée de hauts dignitaires : (de gauche à droite) : le prince Léopold, la princesse Marie-José, le roi Albert, la reine Elisabeth, le prince Charles et la princesse Astrid.
Marie-José porte un diadème de perles qu'elle avait arboré pour son premier bal de la Cour. Il montre une succession de pinacles en perles reposant sur un bandeau en or ciselé nanti également d'une bordure de perles. Il avait appartenu à Stéphanie de Beauharnais (1789-1860), nièce de l'impératrice Joséphine : il s'agissait d'un cadeau de Napoléon au grand-duc héritier Charles de Bade (futur Charles II) suite à son mariage avec Stéphanie, qui avait été adoptée par l'empereur. Le diadème échut à sa petite-fille la princesse Caroline de Vasa (1833-1907), fille Louise de Bade et du prince suédois Gustave Vasa, et qui épousa le roi Albert Ier de Saxe. Décédée sans postérité, elle légua ce diadème à sa cousine et confidente, la princesse Marie de Honhenzollern-Sigmaringen (1845-1912), fille de la princesse Joséphine de Bade (sœur de Louise de Bade) et du prince Charles-Antoine de Hohenzollern-Sigmaringen. Marie épousa le prince Philippe de Belgique, comte de Flandre et, en tant que grand-mère paternelle de Marie-José, c'est comme ça qu'il tomba dans son écrin. La princesse Marie-Gabrielle de Savoie l'a vendu en 2007 chez Christie's (60.000 €)
Concernant le diadème d'Elisabeth, il s'agit du fameux diadème Cartier acheté en 1912, composé de brillants montés sur platine. Il a été dessiné par Henri Chenaud, représentant une succession de postes et de feuilles d'acanthe. Le diamant central pèse 5,84 carats. A sa mort en 1965, c'est sa belle-fille, la princesse Lilian de Rethy (1916-2002), seconde épouse de Léopold III qui en jouira. Elle s'en séparera en 1987 dans une vente de Christie's. La maison Cartier l'a alors racheté.
La princesse Astrid, duchesse de Brabant porte un diadème qui est un cadeau de la ville de Stockholm. Il est composé de plusieurs centaines de diamants montés sur latine, sommés d'une importante perle baroque de 60 grains montée en fleuron et entourée de diamants. Il a été dessiné par le joailler de la cour suédoise Andersson et fut remis à la princesse par le gouverneur de la ville au nom des habitants. Il pouvait être transformé en collier ou en bracelet. La princesse Lilian de Rethy porta parfois la perle sous forme de broche.

Les deux familles royales et les prestigieux invités se retrouvèrent dans une estrade afin d’assister à un grand cortège populaire où y étaient représenté toutes les provinces italiennes. On pouvait de cette manière apprécier les diverses tenues traditionnelles de provinces telles que la Sicile, Naples, la Calabre ou des colonies comme la Libye, l’Érythrée, le Dodécanèse et la Somalie.

Le cortège populaire, avec au fond à gauche, la tribune royale
Les fiancés lors du défilé du cortège
    
Le jour du mariage arriva enfin le 8 janvier 1930. La cérémonie se déroula à dix heures en la chapelle Pauline du palais du Quirinal, célébrée par le cardinal Maffi, archevêque de Pise. La mariée portait une robe à traîne, œuvre de son époux, habile en dessin, en velours blanc garni d’hermine dont la confection avait été confiée à la maison Ventura. La robe était agrémentée d’un manteau de Cour en velours brodé d’hermine et doublé de lamé argent de six mètres de long. Sans oublier le voile de dentelle en point de Bruxelles offert par souscription nationale du peuple belge. Pour parachever le tout, Marie-José brillait davantage grâce au grand diadème de perles et de diamants de la reine Marguerite d’Italie, dont Umberto lui avait fait cadeau la veille.

La cérémonie religieuse dans la chapelle Pauline

Les ducs de Brabant dans leurs appartements privés, juste avant le mariage (© Le Soir Illustré)
La princesse porte le diadème des neuf provinces (déjà abordé, ici) ainsi qu'une robe enroulée entièrement enroulée en brocard Mahrad'or à longue traîne surmontée d'un somptueux manteau de Cour en velours rouge rubis garni de dentelle et de broderie d'or ainsi qu'un voile en dentelle.

Les mariés (© Le Soir Illustré)
Le diadème de diamants et de perles de la reine Marguerite connait diverses variations. Il appartient toujours à la Maison de Savoie aujourd'hui, en étant la propriété du prince Victor-Emmanuel de Savoie, fils de Marie-José, dont l'épouse, Marina, en fait parfois usage (voir : sur N&R)

Après la cérémonie, le couple se rendit directement auprès du pape, au Vatican, où la mariée put apparaître avec sa robe d’une immaculée blancheur, apanage des princesses de Savoie de pouvoir apparaître de blanc vêtue devant Sa Sainteté (cependant, je ne sais pas pourquoi la reine Elisabeth, en tant que souveraine régnante et ayant le prédicat d’Altesse Royale, était en noir lors de la réception de la famille royale…).

Accueil des mariés par le gouverneur du Vatican (à gauche de Marie-José)
avant l'audience papale, dans un salon précédant celui du Petit Trône

Le couple, après l'audience papale, en la Basilique Saint-Pierre
où ils observent un rite très ancien 
Le lendemain de la célébration nuptiale, une impressionnante revue militaire s’est tenue dans l’ancien hippodrome des Parioli où le prince Umberto, fraîchement nommé colonel du 92ème régiment, défila devant les prestigieux invités. Avant le départ de la famille royale belge, le roi Albert assista à une démonstration d’avions programmée en son honneur, à l’aérodrome de Ciampino, en compagnie des souverains italien et bulgare et des princes étrangers.

Le prince Umberto lors du défilé des troupes

Les célébrations de l’union prirent fin avec une revue des troupes de la garnison de Rome effectuée par le roi Victor-Emmanuel III et le prince de Piémont, en présence de la fraîche Maria del Belgio, principessa di Piemonte, comme elle le signera – pour la première fois quelques jours plus tard dans un livre d’or lors d’une visite, avec son époux, du Panthéon à Rome.

Nouvelle signature de la princesse Marie-Josée

Timbres commémorant le mariage princier, portants les armes royales de Belgique (à gauche) et les armes de la Maison de Savoie (à droite). Le premier timbre (20 cent.) a été imprimé sous l'impulsion du gouverneur de Rome. Les deux autres timbres (50c.+10c. et 1,25lire+25c), comportant un surtaxe, ont été édités au profit de la Croix-Rouge italienne. (© Collection personnelle)

L’union fut couronnée par la naissance de quatre enfants : la princesse Maria Pia en 1934 ; le prince Victor-Emmanuel, prince de Naples, en 1937 ; la princesse Marie-Gabrielle en 1940 et la princesse Marie-Beatrice en 1943.

Le couple deviendra en 1946 les éphémères souverains du royaume d’Italie, le temps, presque, d’un mois de mai. La république fut en effet proclamée par référendum dès le 2 juin 1946 suite à l’attitude jugée trop complaisante du roi Victor-Emmanuel III face à Mussolini, ce qui l’obligea d’ailleurs à abdiquer mais ce qui ne permit pas de sauver la monarchie.

Leurs devoirs accomplis, destinés à l’exil, le couple se sépara dans cette épreuve. De toute façon les réels liens d’amour leur faisaient cruellement défaut. Le roi déchut pris la direction du Portugal, en compagnie de sa fille, la princesse Marie-Beatrice. Quant à la reine et ses autres enfants, ils s’installèrent en Suisse.

Le couple a toujours gardé une profonde affection envers l’un l’autre, et se retrouvait avec plaisir lors des réunions du gotha auxquelles ils étaient conviés. Umberto II est décédé en 1983 à Genève d'un cancer des os. Cette année là fut pour Marie-José une année ponctuée de moments difficiles : outre la mort de son mari, elle perdit aussi ses deux frères, Léopold III et Charles, le régent oublié. La  « Reine de Mai » s’éteignit en 2001 à Thonex, en Suisse, à l’âge de 94 ans. Les deux époux sont inhumés, côté à côté, dans l’abbaye de Hautecombe en Savoie.

13 commentaires:

  1. Bonjour et merci pour ce merveilleux reportage,des photos pour la plupart inconnues pour moi,des details interessants....
    Leurs bijoux sont superbes,heureusement quelques uns sont toujours dans la Famille.
    Quant aux vetements noirs de la reine des Belges,je suppose qu'elle voudrait encore une fois etre contre le protocole.J'aime bien Elisabeth des Belges pour sa personnalite etonnante et attachante!

    Je vous souhaite une belle journee,
    je relirai votre bel article plus attentivement pendant le week end,
    Amicalement\
    Serar

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  2. Merci Serar,
    Pour le noir de la reine, vous avez surement raison, surtout que la reine Elisabeth n'a pas été la plus dévote de nos reines.

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  3. Très intéressant.j'ai lu dans un livre (peut-être:"la spectaculaire histoire des rois des belges")que le mariage d'Elisabeth en Bavière et le prince Albert n'était pas un mariage d'amour mais un mariage arrangé;Qu'en est-il?
    Bernadette

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  4. oubli:la reine Hélène d'Italie est enterrée à
    Montpellier;sa tombe est peu fleurie.
    Bernadette

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  5. Bernadette,
    Heureux de vous retrouvez ici !

    Le roi Albert Ier et la reine Elisabeth bénéficient d'un aura qui parfois a été un peu exagéré par les hagiographes de leur temps et qui perdure encore de nos jours (même si de très sérieuses biographies sont venues redresser le tir ces dernières années). Bien sûr qu'ils ont été très importants et qu'ils ont joué un rôle central en 14-18, mais l'image du roi se combattant dans les tranchées aux côtés des soldats et de la reine infirmière n'est pas vraiment la réalité.

    On prétend souvent qu'Albert, à l'époque héritier putatif du trône de Belgique, a rencontré et est tombé "amoureux" d’Élisabeth à l'occasion (peu joyeuse) des obsèques de Sophie d’Alençon en 1897. Les deux jeunes personnes étaient bien aux funérailles, se croisèrent peut-être, mais le prince remarqua la princesse Isabelle d'Orléans (1878-1961), fille du comte de Paris.

    Dès 1898, la question du mariage commençait à se poser. Le roi Léopold II n'était plus tout jeune et il manquait cruellement d'héritiers. La loi salique étant d'application, le prince Albert était l'unique prince belge pouvant succéder à son oncle : le prince Léopold, comte de Hainaut et puis duc de Brabant, fils de Léopold II, était décédé sans voir atteint 10 ans et le roi n'avait que trois autres filles ; la couronne passerait donc par le frère de Léopold II, Philippe, comte de Flandre qui avait deux fils dont l'un était décédé en 1891. Ne restait plus qu'Albert.

    En 1898, l'hypothèse d'un mariage avec la princesse Orléans se précise du côté du prince. Ses parents en sont d'accord, mais pas le roi qui évoque diverses raisons dont celle que la maison d'Orléans n'est plus régnante. Le prince demande à son père d'intercéder auprès de son oncle mais celui-ci reste inamovible.

    Le roi Léopold II essayera par contre d'arranger une union entre son neveu et sa petite-fille, l'archiduchesse Elisabeth-Marie d'Autriche (1883-1963). Elle est la fille de la princesse Stéphanie de Belgique et du défunt archiduc Rodolphe d'Autriche, qui s'est suicidé à Mayerling. C'était un moyen pour lui qu'un de ses descendants, en dépit de la loi salique, monte sur le trône (il avait déjà eu cette idée afin de marier le prince Baudouin, frère d'Albert, décédé en 1891, avec sa fille, la princesse Clémentine, mais les parents du prince s'y étaient opposé). Ici les parents ne s'y opposèrent pas, ni la princesse Stéphanie et le roi promit en dot le Congo. L'union aurait donc rassembler la Belgique et le Congo. Mais Elisabeth-Marie n'emballe pas le prince. Et finalement, lorsque la princesse Stéphanie se remarie en 1900 avec un aristocrate hongrois (choix qui ne convient pas à son père), Léopold II coupe les ponts et il n'est plus question du projet de mariage.

    Il semblerait qu'il fait plus ample connaissance avec Elisabeth chez sa sœur, la princesse Henriette dans sa résidence parisienne où elle y avait convié plusieurs filles Wittelsbach. C'est à partir de ce moment (1900) que les jeunes gens échangent des lettres marquées par un certain penchant l'un pour l'autre, débouchant vers des fiançailles.

    Est-ce un mariage d'amour ? Ce n'était en tout cas pas le premier choix d'Albert et à l'époque il est difficile de parler de mariage d'amour puisque selon le jeu diplomatique et selon les assentiment des parents et du roi (le roi des Belges doit donner son accord pour l'union d'un(e) prince(sse) belge) le choix possible pour le prince, de surcroit héritier, est limité. Mais les deux époux éprouve une profonde, il est sûr, affection et respect l'un envers l'autre. Relation qu'ils garderont jusqu'à la fin de leur vie, même si les époux s'étaient, à partir des années 1920, éloignés.

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  6. Merci Valentin pour cet article :-)
    Je l'ai mis en lien sur mon blog !

    Bises d'alsace

    Huguette

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  7. merci Valentin pour ces précisions.Le prince Albert souhaiter donc convoler avec la future duchesse de Guise;Devenu veuf,l'empereur François-Joseph I d'Autriche avait demandé cette princesse en mariage mais je ne sais pas pour quelle raison cela n'a pas abouti.
    Je suis très intéressée par "l'énigme "de la
    naissance du général Weygand dont on a dit tout et son contraire;j'ai lu à ce sujet le livre
    de Dominique Paoli et selon elle,Maxime serait le fils de la fille du chancelier Metternich et d'un général belge.Est-ce aussi la thèse qui
    prévaut en Belgique?
    P.S:je ne peux accéder à votre site qu'en passant par les liens de Bijoussimo mais l'essentiel est que je puisse voir vos articles
    très complets et interessants.Abientôt .
    BERNADETTE

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  8. correction:souhaitait
    bernadette

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  9. Bernadette,

    Il existe plusieurs thèses concernant Weygand, et il est fort possible que l'énigme ne se soit jamais résolue.

    On a évoqué le fait qu'il soit le fils de la princesse Charlotte de Belgique, devenue impératrice du Mexique, et du colonel van der Smissen qui était lui aussi au Mexique. Weygand ressemblait d'ailleurs beaucoup au colonel. Cette thèse est reprise par le roi Léopold III. Elle est partiellement reprise par Dominique Paoli (dont je n'ai pas lu le livre) puisque pour elle la mère est la princesse Mélanie Zichy-Metternich.

    Pour Charles Fouvez, il s'agit d'un fils illégitime que le roi Léopold II aurait eu avec la comtesse Kosakowska.

    Certaines pensent également que l'impératrice Charlotte aurait pu avoir une aventure avec un indien du Mexique, dont Maxime serait le fruit. Weygand avait un teint assez amérindien qui s'est accentué avec l'âge.

    Voila, je pense avoir fait le tour.

    A bientot

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  10. Valentin,le roi Léopold II s'occupait beaucoup de Maxime,ce qui tend à prouver qu'au moins un des parents était de haute naissance.
    Je crois ,en effet qu'on ne saura jamais la vérité;d'ailleurs le général Weygand la connaissait-il
    lui-même?mystère!
    Je vous envoie du soleil des bords de la
    Méditerrannée,au cas où vous n'en n'auriez pas en Belgique.
    Bernadette

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  11. Intéressant article qui fait le point sur beaucoup de sujets. Merci Valentin.

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  12. Bravo Valentin pour cet article très intéressant et bien documenté!!!

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  13. bonjour,
    On doit avouer que ces photos d'époque sont un
    témoignage appréciable des événements d'avant guerre.Le mariage de Marie-José de Belgique et du Prince Humberto semble concorder avec le fait qu'ils se fréquentaient longtemps avant leur mariage ce qui fait un couple assorti durant les cérémonies de l'union.Cordialement.

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