31 juillet 2012

Souvenir du roi Baudouin : "Juffrouw"

Nous célébrons en ce jour le 19ème anniversaire de la disparition du roi Baudouin. L'année dernière, je vous faisais partager la carte de remerciement que la reine Fabiola avait souhaité adresser à toutes les personnes qui lui avaient témoigné des marques de soutien et d'affection. En cette occasion, comme depuis 1994, une messe sera célébrée en présence de la reine Fabiola en l'église Notre-Dame de Laeken, mais aussi à Dottignies (29 juillet) ou encore à Bressoux.

Cette année, je vous propose de revenir sur une femme qui a beaucoup compté pour le roi Baudouin puisqu'elle a été pour lui une seconde maman quatre ans durant. Passée à la postérité comme "Juffrouw", c'est-à-dire "Mademoiselle" en néerlandais, elle est née Margaretha de Jong aux Pays-Bas.

Un regard du prince vers "Juffrouw" le 3 mai 1937 lors de la Procession du Saint-Sang à Bruges

A la fin de l'année 1935, le Palais diffuse cette annonce dans le Nieuwe Rotterdamsche Courant : " Famille patricienne belge cherche gouvernante". La famille royale, peu après le décès de la reine Astrid, cherche une gouvernante pour le prince Baudouin, âgé de 5 ans, et qui pourra d'ailleurs le familiariser avec la langue néerlandaise. Diplômée en pédagogie, parlant l'anglais et l'allemand tout en voulant améliorer son français, Margaretha répond à l'annonce. Elles seront au final près de 250 candidates. Toutes seront conviées tour à tour à La Haye pour rencontrer le jonkheer Tjarda van Starkenborgh Stachouwer, ministre des Pays-Bas en Belgique. Après cette première série de rencontres, seulement huit candidates seront retenues et Margaretha en fait partie.

Le 1er janvier 1936, Margaretha est conviée au château de Laeken, et dès lors l'identité de cette famille patricienne ne comporte plus aucun secret. Elle y rencontre le roi Léopold et la reine Elisabeth, et la belle-soeur de la souveraine, la duchesse Rupprecht en Bavière, née Antonia de Luxembourg, est également présente. Au final, il s'agit de la candidate la plus convaincante. Lorsqu'elle s'installe à Laeken, c'est la princesse Joséphine-Charlotte, alors huit ans, qui l'accueille et lui fait visiter les lieux. Elle met d'ailleurs au courant la gouvernante : "Moi, c'est Jojo, Albert c'est Bébé, et Baudouin c'est Baudouin". Ce dernier n'est pas encore là, il skie alors à Gstaad.

Bien des années plus tard, Margaretha de Jong a fait part de ses souvenirs quant à la première rencontre avec le prince Baudouin :

"Le moment où je le vis pour la première fois fut inoubliable. J'étais dans la salle de bains et soudain, le roi Léopold entra, tenant par la main un petit garçon intimidé. Je vis son visage totalement fermé qui me regardait avec anxiété, et je crois que je le regardais de la même manière. Comment cela va-t-il se passer, me demandai-je. Des mois plus tard, Baudouin me dit, un jour :
- Vous rappelez-vous vos pensées lorsque vous m'avez vu pour la première fois ?
- Non, mon gentil garçon, je ne m'en souviens plus, répondis-je
Il passa ses bras autour de mon cou et murmura :
- Vous pensiez : "J'espère que nous allons beaucoup nous aimer". Et nous nous aimions n'est-ce pas ?
Alors il m'embrassa. J'étais sans voix. Baudouin avait, et a encore, un tel pouvoir de deviner vos pensées, et cela me touche toujours beaucoup."

Mai 1936, Baudouin et "Juffrouw" rentrent au Palais


Les débuts sont donc plutôt difficiles. Quand elle lui demande s'il désire apprendre le néerlandais avec elle, il lui rétorque : "Il faudra bien"... Mais après deux mois, la jeune gouvernante arrive à gagner la confiance du prince qui a perdu toute sa gaieté depuis le décès tragique de sa mère.

Comme prévu, "Juffrouw" lui apprend le néerlandais selon la méthode globale, mais également le calcul. La journée de cours débute à neuf heures. Le jeune prince semble passionné par la géographie et le dessin et aime travailler de ses mains. Peu avant midi, ils effectuent une promenade avec la reine Elisabeth dans le parc. Si le temps ne le permet pas, ils sont alors conviés dans les appartements de la grand-mère du prince. Une relation amicale va alors se nouer entre Margaretha et cette reine anticonformiste. A 12h30, Joséphine-Charlotte est de retour de sa classe au Palais Royal pour dîner. Ensuite, les enfants royaux font la sieste jusqu'aux environs de 14h. Les leçons se poursuivent en après-midi et l'heure du goûter réunit une nouvelle fois les enfants. Tout trois ne sont pas avares en caprices d'ailleurs quand il s'agit d'avaler certains aliments. Une promenade est après encore programmée dans le parc, et ce quelque soit le temps, le roi Léopold pensant que cette pratique est bonne pour endurcir les princes. Le soir, il arrive à "Juffrouw" de raconter des histoires à Baudouin.

"Juffrouw" est bien plus qu'une gouvernante. Elle prodigue toute son affection à cet enfant qui en a tant besoin. Baudouin n'a d'ailleurs jamais oublié la mère de substitution qu'elle a été pendant quelques années. Elle partageait ses jeux d'enfants, lui apprenant ainsi à rouler à vélo avec celui que sa mère avait offert, le dernier cadeau qu'il reçu d'elle. Il lui arrivait d'aborder le sujet de sa mère morte trop tôt et livrait à sa gouvernante les souvenirs qu'il gardait d'elle, telle une confidente. "Juffrouw" l'accompagne dans tous ses déplacements aussi bien lors d'activités officielles en Belgique que lorsqu'il s'agit de la période des vacances dans la villa "Roemah Laoet" du Zoute, à La Panne, dans les Ardennes, en Suisse, chez ses grands-parents en Suède ou encore en Italie auprès de Marie-José et du prince héritier Umberto, oncles du prince.


Lors d'un déplacement ; à l'extrême-gauche on peut voir le vicomte du Parc qui comptera plus tard beaucoup dans l'éducation des enfants royaux (© Archives du Palais Royal)


Lorsque la guerre éclate en mai 1940, le roi Léopold III choisit d'envoyer ses enfants sur les routes de l'exode vers la France puis de l'Espagne. Là s'arrête le rôle de Margaretha de Jong qui retourne dans sa famille aux Pays-Bas. La séparation a été particulièrement difficile à vivre aussi bien pour le prince Baudouin (âgé désormais de bientôt 10 ans) et pour sa gouvernante qui n'a fait que s'occuper de lui depuis 1936. Après la capitulation belge, les enfants effectuent le chemin inverse et retrouvent Bruxelles. Un contact épistolaire sera entretenu entre la famille royale et l'ancienne gouvernante. La reine Elisabeth lui écrit très souvent et Baudouin lui envoie des lettres dans lesquelles il raconte ses activités. Il écrit ainsi en juin 1941 :
  
"Chère Juffrouw,
J'espère que tout va bien pour vous. Je vous remercie beaucoup pour la gentille lettre que vous m'avez envoyée ; cela m'a fait grand plaisir. Comme il y a longtemps que nous sommes à Ciergnon. Nous nous amusons pourtant très bien.
A présent nous dormons sur des sacs de paille. C'est très amusant. Hier nous avons été nager dans la piscine.
Nous faisons une collection d'oeufs. Nous avons déjà 40 différents oeufs, ce que cela est gai.
Beaucoup de baisers d'Albert, Jojo et Baudouin"

Et puis les contacts vont se perdre. La famille royale va d'ailleurs la croire morte dans un bombardement de 1944. Il s'agit d'une période où les lettres échangées n'arrivaient plus de part et d'autre, y compris le message de condoléances envoyé par la famille royale à la famille de l'ancienne gouvernante... Mais le hasard fait parfois bien les choses. En 1948, désormais Madame Philippe Kooperberg, elle se rend à un concert de Jiri Straka à Scheveningen. Margaretha arrive ensuite à se glisser dans la loge du violoniste, ami de la reine et il lui raconte l'incroyable histoire. Les contacts ont donc pu par cette voie se renouer et le couple a été reçu par la reine à diverses reprises jusqu'au jour où Baudouin fit son apparition dans l'un des salons du château du Stuyvenberg. Tout deux très émus, il lui déclara : "Mon Dieu, Juffrouw, que de tristes choses se sont passées depuis que je vous ai perdue...". En effet, la guerre était passée par là, la déportation de la famille royale, l'impossibilité pour elle de regagner le pays et la fameuse Question Royale.


Avec son époux, lorsqu'elle est devenue Officier de l'Ordre de la Couronne en 1987


En 1960, Margaretha et son époux ont reçu le précieux carton d'invitation les conviant au mariage de Baudouin avec Fabiola de Mora y Aragon. Et c'est très heureuse qu'elle a assisté à la cérémonie de celui qui fut presque son propre fils de 1936 à 1940. Quinze ans plus tard, "Juffrouw" a livré ses confidences sur ses quatre années de service pour un livre écrit par Denise Fraden, "Baudouin, l'éducation d'un roi". Et en 1986, elle a eu l'extrême honneur de recevoir selon le souhait du roi Baudouin les insignes d'Officier de l'Ordre de la Couronne à l'ambassade belge de La Haye.

25 juillet 2012

Le Palais Royal de Bruxelles : de Léopold II à nos jours

Première partie : le Palais Royal de Bruxelles, de ses origines au règne de Léopold Ier

Bien qu'ayant connu de nombreuses évolutions, lors de son avènement en 1865, le roi Léopold II est insatisfait du niveau esthétique de son Palais. Il n'est d'ailleurs pas le seul, l'opinion publique trouve très austère la façade tandis que des princes étrangers n'hésitent pas à qualifier d' "affreux" le lieu symbolisant le pouvoir royal en Belgique, comme se sera le cas par l'archiduc Maximilien d'Autriche, le fiancé de Charlotte, la fille unique du roi Léopold Ier. Le deuxième roi des Belges projette d'entreprendre de grands travaux et souhaite d'agrandir le complexe initial.

Le drapeau belge hissé sur la hampe centrale indique que le Roi est présent au pays. La hampe de l'aile droite (soit à gauche sur la photo) sert à hisser le drapeau du pays du Chef d'Etat effectuant une visite d'Etat en Belgique. La hampe de l'aile gauche a été utilisée jadis par le prince Charles, alors Régent, et dont les appartements se trouvaient dans cette aile.
(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)

Dès 1866, les travaux débutent sous la houlette de l'architecte Alphonse Balat. Il s'agit tout d'abord de restaurer et de meubler cette résidence. Les travaux se sont surtout concentrés sur l'aile droite et les salons se trouvant au centre. Plusieurs meubles et objets de décoration ont été achetés dans plusieurs capitales européennes, comme Bruxelles, Paris ou Londres. L'actuel escalier dit de Venise est revu. La volée d'escaliers entre le premier et le second étage a été supprimée, et un panneau a été commandé au peintre Van Moer, ce qui lui a donné son nom actuel.

Une fois ces premiers travaux achevés, de nouvelles ambitions royales voient le jour dès 1867. Il s'agit de grands travaux qui sont censés donner plus de magnificence aux lieux. Une fois de plus, c'est l'aile de droite et le centre qui sont privilégiés en étant dotés de salles d'apparat et d'appartements destinés aux invités de marque. Un escalier d'honneur, en marbre blanc, est aménagé à l'entrée du Palais et donne sur la Grande Galerie. Ces importants travaux sont aussi à l'origine de la Salle du Trône et de la Salle de Marbre, le tout dans un style Louis XVI, inspiré des châteaux de Versailles et des Tuileries, lieux que Léopold II a eu l'occasion d'admirer. Ainsi, les lustres en bronze doré aux cristaux sont de pures répliques de ceux qui se trouvaient aux Tuileries. Cette deuxième série de travaux s'est terminée en 1872.

Au début du XXe siècle, Léopold II décide de s'attaquer à un autre chantier : la façade du Palais. Il est bien décidé de supprimer celle qu'avait conçue Suys, seule la colonnade centrale échappera à la démolition. Ce dessein nécessitera un élargissement de la Place des Palais, afin que les travaux ne gênent pas la circulation. Les plans de la nouvelle façade ont été confiés à Henri Maquet, ainsi qu'aux Français Charles Girault et Honoré Daumet. De nouvelles colonnades ont été ajoutées en avant-corps, surmontées d'une série de six colonnes qui soutiennent un fronton triangulaire dessiné par Thomas Vinçotte. Ces travaux permettront aux Bruxellois, ébahis, de pouvoir admirer un temps l'intérieur du palais.

Détail du fronton (© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)

Mais la façade ne sera pas le seul chantier entrepris en 1905, puisque le roi souhaite une nouvelle fois restaurer certains salons. A la place de l'ancienne salle à manger, l'angle de la façade de l'aile droite est aménagé en des appartements pour les souverains étrangers de passage en Belgique. L'aile gauche n'est pas épargnée cette fois-ci : construction de la Salle des Glaces et des appartements sont réalisés pour accueillir des hôtes étrangers, nommés appartements de Fontainebleau.

La démolition de la façade réalisée par Suys en avril 1905

Sans oublier qu'en 1904, l'Etat - propriétaire du Palais Royal - a acheté l'Hôtel Bellevue afin d'assouvir les désirs d'extension du roi-bâtisseur. Pendant quelques années, la princesse Clémentine, fille cadette du roi Léopold II, a occupé les lieux. L'ancien hôtel d'Assche, lui, avait déjà été acheté en 1852 pour y accueillir la Liste Civile. Ces deux hôtels annexes sont dès lors reliés au Palais par de part et d'autre une galerie courbe. Et enfin, le souverain a décidé de donner un peu de gaieté et de couleurs en aménageant des jardins entre la grille et la façade.

(© Google Maps)

Plan général du Palais royal (le rez-de-chaussée) et ses "annexes" :

1. L'hôtel rassemblant la Liste Civile, la Maison Militaire du Roi et le Cabinet du Roi ; 2. L'Hôtel Bellevue (Musée BELvue et Donation Royale) ; 3. Eglise Saint-Jacques-sur-Coudenberg, paroisse royale, sur le parvis de laquelle le roi Léopold Ier a prêté serment (un passage relie directement le Palais Royal à la loge royale de l'église) ; 4. La villa qu'a occupée la princesse Astrid de 1993 à 1998 ; 5. L'entrée arrière (Rue Brédérode, n°16) ; 6. L'entrée latérale (Rue Ducale, n°2) ; 7. La galerie courbe de l'aile droite ; 8. La galerie courbe de l'aile gauche ; 9. La grille d'honneur ; 10. La grille de Brabant ;
11. Bâtiments abritant également le Cabinet du Roi ; 12. Le bureau du Roi, le bureau de la Reine, le bureau de l'officier d'ordonnance et l'antichambre (où les visiteurs attendent avant une audience) ; 13. Anciennement le Département du Grand Maréchalat de la Cour ; 14. Bureaux de la Maison du Prince Laurent ; 15. Bureaux de la Maison de la Princesse Astrid ; 16. Bureaux du prince Philippe, de la princesse Mathilde, et de la Maison des Ducs de Brabant
Un Bal de la Cour a inauguré ces travaux en 1907, même si c'était avant tout pour les pièces d'apparat car plusieurs années encore des échafaudages sont restés plantés devant le Palais. Et d'ailleurs, lorsque le roi Albert Ier et sa famille viennent s'y installer au début de l'année 1910, l'aile gauche est encore en travaux. Alors que les travaux entrepris par son grand-oncle ne sont pas encore totalement aboutis, le nouveau monarque en décide des nouveaux. Il est en effet indispensable de remplacer les charpentes en bois qui commencent à fléchir par des poutrelles en acier. Même si l'électricité avait fait son entrée en 1890, il était également temps de moderniser les installations, ainsi qu'au niveau de la plomberie et du chauffage.

En 1913, ces travaux sont lancés, confiés à l'architecte Octave Flameau. Cette même année, l'hôtel abritant la Liste Civile, devenu bien trop vétuste est abattu. Comme on peut se l'imaginer, la Première Guerre Mondiale a stoppé complètement l'avancement des travaux. La reine Elisabeth décide le 4 août 1914 de mettre sur pied une ambulance au Palais au profit de la Croix-Rouge de Belgique avec une literie provenant du château de Laeken. Deux jours plus tard, la reine elle-même accueillait les premiers blessés. Jusqu'à la fin de la guerre en 1918, les 219 lits du Palais ont permis de soigner de nombreuses victimes.

L'Ambulance du Palais en 14-18

Au sortir de la guerre, il aurait été perçu comme inconvenant de poursuivre les travaux, latents depuis août 1914, alors que le pays connaît de sérieuses difficultés financières. En 1920, on se contente de reconstruire l'hôtel de la Liste Civile et d'achever les démolitions prévues dans l'aile droite. Les travaux devant faire place aux démolitions attendront 1930. Le roi Albert Ier a demandé en 1933 à Henry Van de Velde de lui concevoir un bureau au rez-de-chaussée de l'aile droite, bureau toujours utilisé actuellement. Les travaux se sont terminés en 1934, peu avant le décès tragique du roi, si bien que la reine Elisabeth n'aura pas le temps de mener à bien ses projets de décoration.

Plan du premier étage :

1. L'Escalier d'Honneur ; 2. La Grande Antichambre ; 3. La Salle Empire ; 4. Le Petit Salon Blanc ; 5. Le Grand Salon Blanc ; 6. Le Salon Léopold Ier ; 7. Le Salon Goya ; 8. Le Salon Louis XVI ; 9. Le Salon Bleu ; 10. La Salon des Maréchaux ; 11. La Salle du Trône ; 12. La Salle de Marbre ; 13. La Grande Galerie ; 14. La Salon du Penseur ; 15. La Salle des Glaces ; 16. L'Escalier de Fontainebleau ; 17. La Cour d'Honneur ; 18. La Cour de Brabant ; 19. La Cour de Service ; 20. Appartement Royal (destiné au Chef d'Etat étranger en visite d'Etat) ; 21. Appartement Fontainebleau (destiné au Premier ministres et/ou Ministres du Chef d'Etat étranger en visite d'Etat) ; 22. Salon du Vase ; 23. Salon des Ambassadeurs ; 24. Appartement Reine Astrid (destiné au conjoint du Chef d'Etat étranger en visite d'Etat) ; 25. Appartements Britanniques (divisibles, ils sont destinés soit à deux Ministres ou soit à un couple de la suite du Chef d'Etat étranger en visite d'Etat).

Alors princes héritiers, Léopold et Astrid ont occupé l'Hôtel Bellevue (où est née la princesse Joséphine-Charlotte) et le château du Stuyvenberg. Ils se sont fait ensuite aménagés une série d'appartements pour eux et les enfants royaux au premier étage de l'aile droite. La reine Astrid aura à coeur de mettre sur pied un projet d'aménagement et de décoration dès 1935. Les appartements se disposaient de cette manière (en partant des appartements réservés aux invités, soit un groupe de trois pièces juste donnant sur la façade au niveau de l'aile droite) : une bibliothèque, un couloir vers l'Escalier de Venise, une Salle à Manger dotée de plafonds à caissons et de murs drapés de soie damassée beige et or, puis un autre couloir donnant sur le grand Salon de la Reine Astrid décoré de boiseries de style Louis XVI récupérées de l'ancien Hôtel Walckiers (Liste Civile) et de tapisseries bruxelloises du XVIIe qu'appréciait tout particulièrement la souveraine. Ensuite venaient un salon chinois aux tons roses, une chambre à coucher ovale, un cabinet de toilette et une salle de bain. Après le décès de son épouse en août 1935, le roi Léopold III a désiré que les travaux aboutissent, même s'il n'occupera jamais le Palais de manière privée.


L'Hôtel Bellevue (© Wikipédia)

Le frère du roi Léopold III, le prince Charles, occupe quant à lui l'aile gauche à l'année. Artiste lui-même, il prendra goût a restaurer petit à petit certains salons de l'aile qui lui est dévolue. Il commande ainsi plusieurs peintures, notamment représentants son père. Bon bricoleur, il n'hésite d'ailleurs par à mettre la main à la pâte. Lorsque la Deuxième Guerre Mondiale est déclarée, une fois de plus, la reine Elisabeth est à l'initiative de l'installation d'une ambulance. Quand vient le moment pour Charles de devenir Régent, un bureau lui sera aménagé au rez-de-chaussée et il effectuera ses réceptions dans la Salle Flamande du premier étage qu'il a restaurée. Chef d'Etat par intérim, il choisira de faire flotter le drapeau belge uniquement au dessus de son aile. Après la fin de la Régence, il sera prié de quitter le Palais dès le début du mois d'octobre 1950.

Les appartements du 2ème étage montrés en rouge sont des chambres destinées à la suite du Chef d'Etat étranger en visite d'Etat ou aux dignitaires de la Cour. D'une manière symétrique, les mêmes appartements situés dans l'aile gauche sont ceux qui ont été occupés par le prince Philippe célibataire.
(© Collection particulière)

En 1951, l'ancien hôtel du marquis d'Assche est réaménagé. Désormais, le Cabinet du Roi occupe le rez-de-chaussée (ainsi que les pièces situées de part et d'autre de la galerie courbe de l'aile droite), la Maison Militaire du Roi le premier étage et la Liste Civile le second étage. Le département du Grand-Maréchalat (supprimé en 2006) prend quant à lui ses quartiers au rez-de-chaussée du Palais, dans les pièces donnant directement vers la rue Brédérode (parallèle à la place des Palais). Et en 1955, l'ensemble du vaste bâtiment est remis à neuf : restauration du mobilier, des salons, des dorures, etc. Les principaux travaux de réfection sont terminés en 1958, de sorte que plusieurs grandes réceptions pourront être données dans un cadre scintillant à l'occasion de l'Exposition Universelle, et pour les mariages du prince Albert et du roi Baudouin qui se sont déroulés respectivement en 1959 et 1960.


Hôtel de la Liste Civile (© Google Maps)

L'Hôtel Bellevue a été transformé en 1935, à l'initiative de la reine Astrid, en "ouvroir" pour la Croix-Rouge afin d'y collecter vivres et vêtements pour les plus défavorisés. Léopold III et Astrid en auront été les derniers occupants royaux. En 1953, le bâtiment retrouve une vocation humanitaire au profit de la Croix-Rouge suite à de terribles inondations, ainsi qu'en 1960 où il accueillera des réfugiés du l'ancienne colonie du Congo. Aujourd'hui, la Donation Royale y possède son siège, et une grande partie est destinée au Musée BELvue (anciennement Musée de la Dynastie et Mémorial Roi Baudouin) qui retrace l'histoire de la Belgique et accueille à l'occasion des expositions temporaires sur des membres de la famille royale.

A partir de la fin de l'année 1985, le prince Philippe a eu droit à ses appartements privés au Palais, situés au second étage de l'aile droite, au même endroit où Léopold II, duc de Brabant à l'époque, avait vécu dès sa majorité (il occupait également les autres étages). Ces appartements, cédés à la demande du roi Baudouin, étaient plutôt spartiates. Une petite cuisine et une salle de bain avait été spécialement aménagées à cet effet. Sa soeur, la princesse Astrid habitera à partir de l'été 1993, non loin. Revenue en Belgique suite à l'abrogation de la loi salique, elle a été logée dans une villa mise à sa disposition par la Donation Royale à l'arrière du Palais, dans la rue Brédérode. En 1998, elle a quitté cette villa pour le domaine du Stuyvenberg où la Donation lui a fait construire une villa plus spacieuse.

Entrée arrière du Palais pour le personnel, située rue de Brédérode. Le bâtiment à gauche est la villa qu'a occupée la princesse Astrid de 1993 à 1998 (© Google Maps)
Partie de la façade arrière. Sur cette photo d'époque, on peut voir les deux fenêtres du bureau du Grand Maréchal cachées par le feuillage des arbres à droite. Les deux lions postés à l'entrée sont un cadeau au roi Léopold II. Quand il faisait beau, il arrivait au roi Baudouin et au Premier ministre de se promener sous ces fenêtres. (© D.R.)

Avec l'avènement du roi Albert II en 1993, la nouvelle souveraine, passionnée par l'art et les jardins, a entrepris de nombreux travaux d'embellissement des résidences royales. Pour le Palais Royal, elle a désiré y introduire l'art contemporain belge. Pour cela, elle a composé un comité artistique qui a été à l'origine de l'entrée de trois oeuvres en 2002, dont le célèbre plafond de la Salle des Glaces recouvert d'élytres de scarabées. En 2004, une nouvelle oeuvre a fait son entrée ainsi qu'une série de six tableaux dans le Salon des Maréchaux en 2010.

Des travaux de réfection ont été apportés en 1990 (notamment au niveau de la Salle du Trône) ou encore récemment en 2009 en prévision du sommet Asie-Europe à l'occasion de la présidence belge de l'Union Européenne en 2010. Cela avait donné lieu au réaménagement du Salon Louis XVI, du Salon de Léopold Ier et du Salon des Maréchaux et à la restauration de certains parquets ou d'oeuvres d'art des Collections royales. Sans oublier le renouvellement des installations électriques et du remplacement des ampoules en lampes LED moins énergivores et permettant ainsi de faire des économies à moyen terme. A l'occasion de l'ouverture au public en 2010, un des salons situé entre la Salle du Trône et la Grande Galerie a été refait pour y accueillir désormais le bureau reconstitué du roi Albert Ier.

C'est donc à partir de Léopold III que le Palais devient simplement, pour le souverain, un lieu de travail où il possède un bureau, ainsi que ses collaborateurs. Auparavant, en plus d'être un lieu de vie (avec le château de Laeken), le Palais était mis plus souvent à contribution : quatre bals de la Cour par an sous le roi Léopold II, jusque pendant le règne du roi Albert Ier le Conseil des Ministres s'est tenu au Palais, il s'agissait d'un cadre souvent utilisé durant les visites d'Etat.

Jusqu'il y a peu, le Roi s'y rendait tous matins pour travailler et rencontrer ses plus proches collaborateurs. C'est au Palais que les ambassadeurs en poste en Belgique venaient présenter leurs lettres de créances dans la Salle Empire. Une entrevue en tête-à-tête se déroulait ensuite entre le Roi et le diplomate dans le Grand Salon Blanc. Le Souverain effectuait également ses audiences politiques ou de personnes issues de la société civile dans son bureau au rez-de-chaussée. Mais depuis le début de l'année 2011, le roi Albert II ne reçoit presque plus jamais les ambassadeurs ou les personnes reçues en audience au Palais. Il privilégie désormais le château de Laeken, qui accueille depuis le début de son règne presque tous les dîners de gala des visites d'Etat. Ayant presque 80 ans, il est sans doute plus facile pour le Roi de se rendre au château de Laeken pour recevoir alors qu'il habite juste en face, au château du Belvédère.

Le Reine possède également un bureau au Palais, tout le prince Philippe et la princesse Mathilde. Des bureaux sont aussi occupés par la Maison des Ducs de Brabant, la Maison de la Princesse Astrid et la Maison du Prince Laurent. Contrairement au Roi, le prince Philippe reçoit fréquemment au Palais, notamment lorsqu'il remplace son père. Mais des événements réguliers s'y déroulent toujours : les différentes réceptions de Nouvel An, l'enregistrement des discours du Roi à l'occasion de Noël et de la Fête Nationale, les concerts de Noël et d'Automne, la Journée de contact diplomatique, la remise de certains Prix (Belgodyssée, Prix Princesse Mathilde, Prix Fondation Roi Baudouin, etc.) ou encore à l'extérieur du Palais pour la cérémonie militaire organisée à l'occasion de la Fête du Roi.

16 juillet 2012

Luxembourg : les cousins Galitzine

A la fin du mois de juin 2012, un bal a été organisé au Concert Noble à Bruxelles à l'occasion des anniversaires de la princesse Maria Galitzine et de son amie Nina Peers de Nieuwburgh qui célébraient toutes les deux leurs 24 ans. C'était l'occasion pour les cousins luxembourgeois de faire le déplacement pour cette soirée. Le grand-duc héritier Guillaume était présent avec sa fiancée la comtesse Stéphanie de Lannoy, ainsi que le prince Félix et son amie Claire Lademacher, la princesse Alexandra, le prince Louis et la princesse Tessy. Les enfants de Marie-Astrid et Carl-Christian étaient également de la fête : les archiducs Imre et Christoph venus avec leurs fiancées respectives, Kathleen Walker et Adélaïde Drapé-Frisch, sans oublier l'archiduc Alexander et l'archiduchesse Gabriella.

La mère de la princesse Maria est née archiduchesse Maria Anna d'Autriche en 1954. Fille de l'archiduc Rodolphe et de sa première épouse, la comtesse Xenia Tchernytchev-Bezobrazov, elle est donc la cousine germaine de l'archiduc Carl-Christian et la petite-cousine du grand-duc Henri. Maria Anna s'est mariée au prince Piotr Galitzine. Le couple a eu six enfants : Xenia en 1983, Tatiana en 1984, Alexandra en 1986, Maria en 1988, Dimitri en 1990 et Ioann en 1992.

Le grand-duc héritier Guillaume, la comtesse Stéphanie de Lannoy,
Kathleen Walker et l'archiduc Imre
La princesse Tessy, l'archiduchesse Gabriella, la princesse Alexandra, le prince
Louis, Adélaïde Drapé-Frisch, l'archiduc Christoph, l'archiduc Imre et
Kathleen Walker
Le prince Félix et la princesse Maria Galitzine

Depuis le milieu des années 1980, le couple est très proche d'Henri et de Maria-Teresa puisqu'à cette époque ils s'installèrent au grand-duché. Ils furent dès lors fréquemment conviés aux événements familiaux et leurs enfants ont donc eu l'occasion de se côtoyer depuis tout petit. Et encore aujourd'hui ils entretiennent des relations privilégiées. La princesse Piotr Galitzine est d'ailleurs la marraine de la princesse Alexandra de Luxembourg.


En septembre 1988, on a pu voir les grands-ducs héritiers se rendre avec leurs
enfants Guillaume, Félix et Louis à la "Schueberfouer" en compagnie du prince
Guillaume, de la princesse Piotr Galitzine et de ses filles Xenia, Tatiana et
Alexandra. ainsi que de Marie-Christine et d'Imre
© Photo Gaston Mirgain / Collection personnelle Valentin Dupont)
Baptême de la princesse Alexandra le 23 mars 1991 au château de Fischbach,
avec la princesse Piotr Galitzine comme marraine (à l'extrême gauche)
© Photo Gaston Mirgain / Collection personnelle)

13 juillet 2012

Le Palais Royal de Bruxelles : de son origine au règne de Léopold Ier

Le Palais Royal a connu de très nombreuses transformations et aménagements pour avoir l'aspect qu'il est possible d'admirer aujourd'hui. L'histoire de la monarchie se confond dans ses lieux, eux-mêmes façonnés selon les desseins des souverains belges, du roi Léopold II et ses importants travaux à la reine Paola qui a désiré y introduire l'art contemporain.

Depuis 1969, le public est annuellement invité à venir découvrir gratuitement les salles et salons les plus prestigieux. Cette année ce sera encore le cas du 24 juillet au 9 septembre (tous les jours de 10h30 à 16h30, sauf les lundis). Ce 19 juillet, déjà, les Souverains et les ducs de Brabant inaugureront la traditionnelle exposition qui cette année a comme thème : "Science et Culture au Palais".

A l'occasion de cette ouverture estivale du Palais Royal, je vous propose une série d'articles sur le Palais, avec tout d'abord un premier historique général. Ensuite, chaque salon et salle d'apparat auront leurs articles, avec des détails sur les oeuvres d'art présentes.

Depuis très longtemps, la zone où se trouve l'actuel Palais Royal a été l'endroit qui a abrité le symbole physique du pouvoir dans la ville de Bruxelles. Ainsi, dès le XIIe siècle, le palais du Coudenberg voit le jour. Il sera occupé dans les derniers lieux par les ducs de Bourgogne. Ce palais, dont il est possible aujourd'hui de visiter certains vestiges, a été victime d'un terrible incendie en 1731. Pendant plusieurs décennies, aucun projet n'est imaginé pour remplacer les ruines. Si bien que les Bruxellois appellent désormais l'ancien prestigieux palais la "Cour Brûlée". La Walrande, parc aux vallons pittoresques de l'ancien palais - qui correspond plus ou moins aujourd'hui au parc royal - est laissé, lui, à l'abandon.

Il faut attendre 1774 pour qu'un projet de réaménagement de cette zone de Bruxelles soit adopté. Le gouverneur général de l'époque est le duc Charles de Lorraine, qui n'est autre que le beau-frère de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche qui règne à l'époque sur ce qui n'est pas encore la Belgique. Les plans des travaux sont signés Barnabé Guimard de Larabe. Ils prévoient la démolition des ruines de l'ancien palais, la création de nouveaux quartiers autour de la Place royale, un réaménagement du parc dans un style Louis XVI néo-classique sans oublier les travaux importants de nivellement.

Le Palais du Coudenberg selon une peinture du XVIIe siècle

C'est en partie dans ce projet que le Palais Royal trouve son origine puisque ce sont quatre hôtels construits rue de Belle-Vue qui, réunis, constituent l'imposant édifice. Même s'il faudra attendre plusieurs épisodes pour obtenir le résultat actuel...

Deux années sont seulement nécessaires, 1776 et 1777, pour édifier l'Hôtel Belle-Vue. C'est Philippe de Proft, marchand de vin à Bruxelles, qui a accepté d'acheter le terrain qui devait contenir la construction décidée par le projet général de réaménagement. Son propriétaire en fera alors un des plus luxueux hôtels pour voyageurs de l'époque. Passant ensuite en 1795 à Louis de Proft, ses héritiers le vendent en 1866 à Edouard Dremel. En 1904, l'Etat belge l'acquiert pour répondre au souhait du roi Léopold II d'agrandir le Palais royal.

En 1783, deux hôtels sont construits de part et d'autre de la rue Héraldique, perpendiculaire à la rue Belle-Vue. Comme cela se faisait souvent à l'époque, les terrains sont d'abord achetés par des abbayes qui financent également les travaux. L'architecte choisi est Louis Montoyer. Une fois terminés, en 1785, les deux hôtels sont achetés par le gouvernement. L'hôtel qui correspond aujourd'hui à l'aide droite du Palais est attribué au ministre plénipotentiaire, à l'époque le comte Louis de Barbiano Belgiojoso. Quant à l' "aile gauche", elle a été occupée par le commandant militaire des troupes autrichiennes, le général baron de Bender. Très vite, ces deux hôtels ont été dénommés selon les noms de leurs occupants : Belgiojoso et Bender.

Hôtel du ministre plénipotentiaire

La même année que commencent les travaux pour les deux hôtels de la rue Héraldique, est également entrepris la construction d'un autre hôtel, situé à l'opposé de l'Hôtel Belle-Vue. C'est l'abbaye de Gembloux, en faillite, qui en est propriétaire. A la fin des travaux, en 1786, le vicomte Edouard de Walckiers (qui se fera également bâtir le château du Belvédère) en est l'occupant via un bail censé être à vie. Mais l'homme politique, plutôt malchanceux, se réfugie à Paris lors de la Révolution brabançonne. En 1792, l'abbaye de Gembloux vend l'hôtel au prince d'Arenberg qui le cède ensuite à son tour au marquis d'Assche. En 1852, le gouvernement rachète l'hôtel du marquis d'Assche pour l'intégrer au Palais royal pour y accueillir la Liste Civile.

Sous l'occupation française, l'hôtel Belgiojoso devient celui du préfet. Devenu pendant un court laps de temps un magasin d'habillement, l'hôtel Bender accueille ensuite, après restauration, le commandant de la 24ème division militaire. Les provinces belges forment avec son voisin du nord en 1815 le royaume des Pays-Bas. La Loi Fondamentale institue deux capitales : Bruxelles et La Haye. Puisque Bruxelles possède désormais le statut de capitale, il lui faut une résidence digne de ce nom pouvant servir de résidence au roi Guillaume Ier.


Des plans sont élaborés par Ghislain-Joseph Henry mais au final, par un concours de circonstances, ils ne seront pas respectés. D'ailleurs l'architecte meurt dès 1820, et c'est Charles Vander Straeten qui prend la relève. Les travaux ont duré de 1819 à 1824. La façade de l'Hôtel Belgiojoso est restaurée et l'Hôtel Bender est transformé de manière à apparaître identique à son "voisin" d'en face. Les deux bâtiments sont séparés par cinq arcades supportant à la hauteur du premier étage une galerie couverte. Mais au rez-de-chaussée, tout piéton peut toujours traverser la rue Héraldique. La jonction est extrêmement peu esthétique surtout dû au fait que l'Hôtel Bender est situé 2 mètres 40 plus bas que son homologue.



Devant un résultat qui laisse dubitatif, de 1827 à 1829 de nouveaux travaux sont engagés afin de faire place, enfin, à un palais ayant fière allure. L'architecte est désormais Tilman-François Suys. L'Hôtel Bender sert de base, même si sa façade est simplifiée, et les cinq colonnes sont démolies. Les travaux donnent beaucoup plus d'homogénéité à l'ensemble. "Au centre s'élevait un avant-corps monumental orné de six colonnes corinthiennes et surmonté d'une balustrade à colonnettes. Les deux ailes du palais percées chacune de treize fenêtres étaient surmontées d'un attique simple qui dissimulait le toit. Un balcon de fer courait le long du premier étage des deux ailes de l'édifice qui avait un aspect sobre et sévère." (extrait de "Le Palais Royal à Bruxelles" par Thierry de La Kethulle de Ryhove, Emile Vandewoude et Anne van Ypersele de Strihou). L'aile droite est destinée au roi Guillaume Ier tandis que l'aide gauche est affectée au prince Frédéric. A cette époque, la rue de Belle-Vue adopte le nom de place du Palais Royal (qui deviendra par la suite sa dénomination actuelle de place des Palais).



En 1831, à son arrivée, le roi Léopold Ier peut jouir des palais de Bruxelles et de Laeken. Durant son règne le Palais change très peu. La famille royale occupe l'arrière de l'aile droite. Protestant, une chapelle est aménagée pour le Roi dans des salons de l'aile gauche. En 1858, ayant atteint sa majorité, le prince Léopold, duc de Brabant, se voit aménager des appartement par un agrandissement de l'aile gauche qui se traduit par un nouveau bâtiment perpendiculaire à la façade.

Prochain article : le Palais royal, du règne de Léopold II à nos jours

4 juillet 2012

La comtesse Stéphanie de Lannoy, future grande-duchesse héritière

Stéphanie, Marie, Claudine, Christine de Lannoy est née le 18 février 1984 à la Clinique des Sœurs de la Miséricorde (aujourd'hui appelée CH Glorieux) à Renaix. Elle est le huitième enfant et la petite dernière du comte Philippe de Lannoy et d'Alix della Faille de Leverghem. Avant elle, ses parents ont donné naissance à quatre garçons et trois filles : Jehan en 1966, Christian en 1968, Nathalie en 1969, Gaëlle en 1970, Amaury en 1971, Olivier en 1974 et Isabelle en 1976. Stéphanie a été baptisée en l'église Saint-Amand d'Anvaing le 11 mars 1984. Son parrain est son frère Christian et sa marraine est la comtesse Claude de Lannoy, née comtesse Claude d'Ursel, sa tante paternelle.


Baptême de Stéphanie
© Collection privée de la famille de Lannoy

A l'occasion de son premier anniversaire
 © Collection privée de la
famille de Lannoy
La famille de Lannoy est l'une des plus vieilles de Belgique et, de cette manière, Stéphanie est apparentée aux plus illustres familles belges. Sa grand-mère paternelle n'est autre que la princesse Béatrice de Ligne (1898-1982), fille du 10ème Prince de Ligne. Son arrière-grand-père, le comte Philippe de Lannoy (1866-1937), outre ses fonctions de bourgmestre d'Anvaing, a été Grand Maréchal de la Cour de Belgique de 1929 jusqu'au décès du roi Albert Ier en 1934. Auparavant, et ce depuis 1919, il avait occupé le poste de Grand Maître de la Maison de la Reine Elisabeth.

La famille de Lannoy est depuis longtemps ancrée dans le Hainaut, où elle occupe le château d'Anvaing datant du XVIe siècle et qu'elle a acquis en 1783. Cette propriété de soixante hectares est située à côté d'un étang. En mai 1940, c'est dans ce château qu'a été signé la capitulation de l'armée belge. Stéphanie y a passé toute son enfance.

Lors de sa première communion qui s'est déroulée
 en mai 1991 en l'église Saint-Amand
du village d'Anvaing
© Collection privée de la famille de Lannoy

Vacances en Algarve en juillet 1991
© Collection privée de la famille de Lannoy
La comtesse Stéphanie a effectué ses études primaires à l'école Sancta Maria de Renaix, ville flamande située à quelques kilomètres d'Anvaing. De cette manière, elle a appris le néerlandais. Ses deux premières années de secondaires, elle les a effectuées au collège privé Sainte-Odile à Courset, situé dans le nord de la France. Stéphanie y logeait la semaine à l'internat. Ensuite, de retour en Belgique, elle a terminé ses secondaires à l'Institut de la Vierge Fidèle d'où elle est sortie diplômée en 2002. Cet institut avait vu également passer la princesse Joséphine-Charlotte de Belgique qui épousa elle aussi en 1953 le grand-duc héritier de Luxembourg. Pour les vacances, c'étaient notamment l’Algarve ou la Bretagne qui étaient privilégiés.

Âgée de 18 ans, elle a décidé de passer une année à Moscou. Là, elle y a appris le russe et a suivit des cours en littérature russe. Ce fut également pour elle l'occasion d'y développer ses talents en violon. Ensuite, elle s'est inscrite en philologie germanique à l'université de Louvain-la-Neuve. Brillante, elle a obtenu sa licence avec grande distinction. C'est principalement à Berlin qu'elle a poursuivi son cursus. Elle y a effectué son travail de fin d'études portant sur l'influence du romantisme allemand sur le romantisme russe. Elle a par ailleurs effectué un stage auprès de l'Agence wallonne à l'exportation et aux investissements étrangers (AWEX) à l'ambassade belge à Moscou.

Avec son père à l'occasion du mariage de son frère Olivier en 2006
© Collection privée de la famille de Lannoy

Son master en poche, elle ensuite travaillait pour une société d'investissement. Comme de nombreux jeunes de l'aristocratie, elle a eu l'occasion de s'investir bénévolement lors de voyages organisé par des mouvements de jeunesse. Sa famille possède encore un hôtel particulier à Bruxelles, non loin de l'hôtel des Princes de Merode. Pendant plusieurs années, Stéphanie s'est partagée entre le château familial d'Anvaing et la capitale belge.

Article paru dans le magazine Point de Vue avant
l'annonce des fiançailles
Il semblerait que Guillaume et Stéphanie se soient rencontrés au château de Beloeil, chez les princes de Ligne. Stéphanie est une cousine des princes de Ligne par sa grand-mère paternelle, tout comme Guillaume puisque la princesse Alix de Luxembourg, sœur du grand-duc Jean, a épousé le prince Antoine de Ligne (père de l'actuel chef de la Maison de Ligne). Et notons qu'une petite-cousine du père de Stéphanie, la comtesse Minthia de Lannoy a épouse le prince Lamoral de Ligne, l'un des frères de l'actuel 15ème Prince de Ligne.

Les deux jeunes gens ont en tout cas bien su garder leur histoire secrète. Certains de leurs amis avaient connaissance de cette idylle, mais n'en ont jamais parlé. A l'occasion de ses 30 ans, en novembre 2011, le grand-duc héritier Guillaume a accordé plusieurs interviews à la presse. Dans certaines d'entre elles, il a évoqué qu'il entretenait bien une relation avec une « chère demoiselle ». Expression utilisée dans un entretien pour l'émission Place Royale durant lequel il révéla également que cette demoiselle était de nationalité belge. Il tempera cependant en indiquant qu'il était loin de songer au mariage. Cela n'empêcha pas le magazine Point de Vue d'évoquer la possibilité qu'il s'agisse d'une certaine Stéphanie de Lannoy... La Cour grand-ducale n'a jamais démenti l'information.

Mariage de la princesse Xenia
Galitzine en 2007
En 2007, elle était d'ailleurs présente au mariage de la princesse Xenia Galitzine et d'Alberto Matta Maya. La princesse Xenia est la fille du prince Pierre Galitzine et de l'archiduchesse Maria Anna d'Autriche, des proches de la famille grand-ducale. Lors de la réception, la comtesse Stéphanie de Lannoy avait comme voisin de table le prince Félix de Luxembourg, l'un des frères du grand-duc héritier Guillaume... !

Le 25 avril 2012, le quotidien luxembourgeois Tageblatt titra que l'annonce du prochain mariage de l'héritier au trône devrait avoir lieu dans le courant de la semaine, avant de préciser quelques heures plus tard que cette annonce interviendrait dès le lendemain. Le quotidien était bien informé puisque le 26 avril l'heureuse nouvelle fut confirmée par un communiqué de la Cour grand-ducale. Le premier ministre Jean-Claude Juncker convia d'ailleurs les journalistes pour une conférence de presse alors que les premières photos du couple étaient diffusées.

Les fiançailles se sont officiellement déroulées le 27 avril 2012. Le matin, la comtesse Stéphanie est apparue pour la première fois publiquement au palais grand-ducal pour être présentée aux autorités du grand-duché en présence du grand-duc Henri et de la grande-duchesse Maria Teresa. Les fiancés et le couple grand-ducal ont ensuite posé sur les marches de l'escalier d'honneur. La journée s'est poursuivie au château de Berg avec un déjeuner à caractère privé qui réunissait également les parents de Stéphanie, le grand-duc Jean, le prince Félix ainsi que le prince Louis et la princesse Tessy. Tous ont posé pour une série de photos dans la Salle des Chevaliers, puis sur la terrasse du château. Les dernières images offertes à la presse avaient pour cadre les jardins. 




Moins d'un mois plus tard, le 22 mai, le grand-duc héritier Guillaume et sa fiancée la comtesse Stéphanie de Lannoy se sont rendus en Suède afin d'assister au baptême de la princesse Estelle, la fille de la princesse héritière Viktoria. Le 15 juin, Stéphanie fut cooptée comme membre du conseil d'administration de la Fondation du Grand-Duc et de la Grande-Duchesse. Ce même jour, la Fondation organisait sa première journée portes ouvertes en présence du couple grand-ducal et de leur fils aîné, mais en l'absence de la comtesse Stéphanie. Elle n'est pas plus apparue lors de la traditionnelle cérémonie de clôture de l'Octave et lors de la fête nationale. 



28 juin 2012
Photo : Marc Wilwert / Luxemburger Wort
Dans le sillage de la fête nationale, la famille grand-ducale organise chaque année réceptions sous forme de garden party au château de Berg. Et la comtesse Stéphanie, assez décontractée, y fit son apparition de manière inattendue. Le 28 juin réserva une nouvelle surprise puisque les fiancés assistaient dans le parc du château de Berg à une démonstration de la section canine de la Croix-Rouge luxembourgeoise. Le couple grand-ducal était également présent, tout comme le prince Félix, le prince Louis et la princesse Tessy venus avec leurs deux fils les princes Gabriel et Noah.

Le programme concernant le mariage princier a été dévoilé en juillet. Le mariage religieux serait donc célébré le samedi 20 octobre 2012 en la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg, précédé la veille, en après-midi, par le mariage civil à l'hôtel de ville de Luxembourg. Ce programme comprenait également une rencontre avec des représentants d'associations liées à la jeunesse, un dîner de gala au palais grand-ducal le soir du mariage civil et une dernière réception au palais grand-ducal à l'issue du mariage religieux. Mais tout cela c'est une autre histoire...