9 juillet 2013

Abdication du Roi : que se passera-t-il dans les prochains jours?


C'est fait! Après des mois de rumeurs, le roi Albert II a bel et bien annoncé, ce 3 juillet, son abdication le jour de la Fête nationale, date qui avait déjà été dévoilée en mars 2012 par le journal "Le Soir", même si ensuite les médias ont évoqué une possible annonce la veille de la Fête nationale avec le 15 novembre 2013 pour la passation de pouvoir. Suite à une lettre, reçue le matin de l'annonce par le Premier ministre, on y comprend que le chef de gouvernement aurait voulu retenir le Roi jusqu'aux élections de mai 2014, lui ayant déjà demandé un délai de réflexion. Mais comme le souverain l'a évoqué dans son discours, enregistré debout, en une seule prise : "Je constate que mon âge et ma santé ne me permettent plus d'exercer ma fonction, comme je le voudrais. Ce serait manquer à mes devoirs et à ma conception de la fonction royale que de vouloir me maintenir en exercice à tout prix, sans être en mesure d'assumer pleinement mon rôle. C'est une question élémentaire de respect envers les institutions et envers vous, chers concitoyens." La dernière crise politique l'a assurément fatigué et lassé. Et il n'a sans doute aucune envie d'être encore à la barre pour le fameux rendez-vous de 2014.


Le Roi laisse donc la place à une nouvelle génération. Certains de ses prédécesseurs y avaient déjà songé. Son père y fut contraint en 1951. Dans le cas d'Albert II, la décision a été mûrement réfléchie et intervient après une fin de règne, à l'exception de la gestion des crises politiques, qui s'est déroulée un peu au ralenti. Le couple royal passait plusieurs semaines par an dans leur résidence du sud de la France (un repos bien mérité) et la présence sur le terrain de la part du souverain était assez réduite, laissant le champ libre au couple héritier. Par ailleurs il n'avait plus effectué de visite d'Etat à l'étranger depuis 2010.

Le lendemain, le 4 juillet au matin, le prince Philippe a déclaré : "Je voudrais aujourd'hui rendre hommage au Roi pour son règne de 20 ans. Je suis bien conscient des responsabilités qui pèsent sur moi. Je continuerai à m'investir de tout mon cœur. Au 21 juillet." Pendant ce temps, à la Chambre des représentants, puis au Sénat, une séance a permis au Premier ministre et aux représentants des partis politiques de s'exprimer, souvent en rendant un hommage appuyé au roi Albert II, même si du côté flamand il y a des demandes pour "moderniser" la fonction royale, ce qui se traduit pour certains pour une évolution vers un modèle (plus) protocolaire.

Que se passera-t-il donc dans les prochains jours? Voici un programme le plus exhaustif possible, même s'il se peut que la task-force en charge des cérémonies n'a pas encore terminé son travail et que certains points ne sont pas encore éclaircis.



- Lundi 8 juillet à 12h30 : le Roi et la Reine reçoivent au château de Laeken, en présence des futurs souverains, les membres du Comité de mise en œuvre des réformes institutionnelles (COMORI) ;
- Mercredi 10 juillet à 12h30 : le Roi et la Reine reçoivent au château de Laeken, en présence des futurs souverains, les Premiers ministres du règne du roi Albert II ;
- Vendredi 12 juillet à 12h30 : le Roi et la Reine reçoivent au château de Laeken, en présence des futurs souverains, les ministres-présidents des Régions et Communautés ;
- Lundi 15 juillet à 12h30 : le Roi et la Reine reçoivent au château de Laeken, en présence des futurs souverains, les membres du gouvernement ;
- Mardi 16 juillet à 10h30 : le Roi et la Reine procèdent à l’inauguration des bustes des souverains par l’artiste Wilfried Pas au Sénat suivie d'une réception ;
- Mardi 16 juillet à 12h : le Roi et la Reine reçoivent au Palais Royal les présidents de la Chambre et du Sénat à l'occasion de la remise d'un cadeau au Roi. Les présidents sont accompagnés des anciens présidents de la Chambre et du Sénat ;
- Mercredi 17 juillet à 10h30 : le Roi et la Reine se rendent à Gand où ils sont accueillis par le bourgmestre et les autorités de la ville. Après un bain de foule, les Souverains se rendent à 11h30 au musée STAM et terminent leur programme par une visite à 12h15 du nouveau stade de football ;
- Jeudi 18 juillet à 11h : le Roi et la Reine se rendent à Eupen où ils sont accueillis par les autorités au siège du Ministre-Président de la Communauté germanophone. Ils y assistent à un spectacle et se rendent après une rencontre avec la population au Ministère de la Communauté germanophone pour une réception ;
- Vendredi 19 juillet à 10h30 : le Roi et la Reine se rendent à Liège où ils sont accueillis par les autorités de la ville au Théâtre Royal de Wallonie. Après une visite du théâtre, les Souverains rencontrent la population et se rendent ensuite à l'hôtel de ville ;
- Samedi 20 juillet :
  • 13h : diffusion du dernier discours du Roi (enregistré normalement le 16 juillet) ;
  • 19h30 : le Roi et la Reine et les membres de la famille royale assistent au concert "Prélude à la Fête Nationale", offert par le Concours Musical International Reine Elisabeth de Belgique, au Palais des Beaux-Arts à Bruxelles ;
  • 21h : le Roi et la Reine, accompagnés des futurs souverains, se rendent au "bal national" organisé au cœur du quartier populaire des Marolles à Bruxelles ;
- Dimanche 21 juillet
  • 9h : Te Deum en la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule ;
  • 11h30 : cérémonie d'abdication au Palais royal ;
  • 12h : prestation de serment du prince Philippe à la Chambre, dès ce moment 21 coups de canon seront tirés ;
  • 13h : apparition des nouveaux souverains et de la famille royale au balcon du Palais royal
  • 14h10 : hommage du roi Philippe au Soldat Inconnu, à la Colonne du Congrès ;
  • 16h05 : passage des troupes militaires et civiles en revue par le roi Philippe désormais général "4 étoiles" ;
  • 17h : défilé militaire et civil en présence de toute la famille royale dans les tribunes de la place des Palais ;
  • 19h : visite du roi Philippe et de la reine Mathilde à la Fête du Parc ;
  • 23h : feu d'artifice, tiré depuis le Palais des Académies, auquel assistera la famille royale.
Ce moment historique pour la Belgique annonce également divers changements et amène plusieurs questions. Une polémique est déjà née du prénom que le nouveau souverain utilisera pour signer les actes officiels. Philippe est, en effet, appelé "Filip" au nord du pays. Cependant, devant apposer une seule et unique signature, le choix de "Philippe" avait déjà été annoncé par la presse, ce qui correspondait en réalité au nom qui figure sur son acte de naissance. Ses prédécesseurs n'ont pas connu cette situation délicate par la nature de leurs prénoms - Léopold et Albert -, et son oncle le roi Baudouin ("Boudewijn" en néerlandais et "Balduin" en allemand) avait réglé la question en signant d'une manière assez illisible. Il s'agit d'un élément symbolique embarrassant avec une Flandre qui, à l'heure actuelle, semble moins tenir à l'institution monarchique et qui a souvent critiqué la famille royale pour être trop francophone. Finalement, un compromis a pu être trouvé. Un conseil des ministres restreint a décidé d'amender la loi de 1961 sur l'emploi des langues en matière administrative, ce qui permettra au futur roi de signer à la fois "Philippe" et "Filip", mais aussi "Philipp" pour contenter la communauté germanophone. 

Les timbres émis à l'occasion des 20 ans de règne du roi Albert II


Avec un changement de règne, BPost émettra des timbres à l'effigie du septième Roi des Belges dès le mois de novembre. Deux timbres commémoratifs, qui devront satisfaire les collectionneurs et dont les visuels seront présentés le 21 juillet, se trouveront en vente dès le 2 septembre. Pour les pièces de monnaie, il faudra attendre 2014 pour voir dans nos portes monnaies un nouveau profil. Il n'est pas impossible que la Monnaie royale de Belgique émette plus tôt des pièces commémoratives en argent ou en or suite à cet événement.


Frans Van Daele
L'entourage sera en grande partie renouvelé et il est beaucoup question du diplomate Frans Van Daele pour succéder à Jacques van Ypersele de Strihou, en poste depuis 1983, en tant que chef de cabinet du Roi. Etiqueté CD&V, cet homme de 66 ans est décrit comme un homme de pouvoir et de réseaux. Outre la diplomatie, il a également travaillé pour plusieurs ministres sociaux-démocrates et a été jusqu'en novembre 2012 le chef de cabinet d'Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen. Mais ce poste clef pourrait au final réserver une surprise car Frans Van Daele, désormais pensionné, n'est plus tout jeune et il se dit que les francophones s'en méfient. Pour le reste de son équipe, il est pressenti que le lieutenant général Noël De Bruyne, actuel chef de la Maison des Ducs de Brabant, devienne le chef de la Maison Militaire, remplaçant ainsi le général Jef Van den Put. Le conseiller Pierre Cartuyvels serait conservé. Présenté comme l'artisan de la communication plutôt réussie du prince depuis quelques mois, il pourrait devenir le responsable de ce département. Devraient donc partir Vicent Pardoen, intendant à la Liste Civile depuis 21 ans, Pierre Warnauts, le chef du protocole, ainsi que le chef du département des relations extérieures Ghislain D'Hoop qui sera à la rentrée nommée ambassadeur à Berlin.

Il a été décidé que la Liste Civile, à définir en début de chaque règne et qui ne peut être modifiée par la suite, serait calquée sur celle que reçut cette année le roi Albert II, soit un peu plus de 11 millions d'euros. A la différence qu'elle sera désormais soumise au paiement de la TVA et des accises (soit une perte de 700.000 euros) bien qu'elle continuera d'être indexée chaque année. Il faudra également que le gouvernement se penche sur une dotation à accorder au roi Albert II, un montant que devrait se situer entre ce que le prince Philippe recevait en tant qu'héritier (922.000 euros) et l'actuel montant, raboté à deux reprises ces derniers temps, de la reine Fabiola (470.000 euros).

L'ancien presbytère de Villers-sur-Lesse


Du côté des résidences, peu de changement à noter puisque le roi Albert II et la reine Paola avaient voulu demeurer au Belvédère, qu'ils occupent depuis leur mariage. Pour le prince Philippe et sa famille, ils occupent déjà les appartements d'une aile du château de Laeken. Le roi Philippe prendra par contre ses quartiers dans le bureau qu'occupe actuellement son père au Palais royal. Il s'y rendra probablement avec plus d'assiduité que son père qui, ces dernières années, préférait accorder des audiences à Laeken. Le château de Ciergnon sera désormais normalement occupé par le nouveau couple royal et ses enfants. S'y rendront-ils la plupart de leurs week-end comme Albert et Paola le faisaient du jeudi au dimanche lorsqu'ils se trouvaient en Belgique ? La presse a indiqué que l'ancien couple royal pourrait retrouver le charmant château rose de Fenffe, un lieu qu'ils connaissent bien pour y avoir passer de nombreux week-end lorsqu'ils étaient princes de Liège. Mais les média ont également indiqué, qu'à l'instigation de la reine Paola, l'ancien presbytère de Villers-sur-Lesse, un village des Ardennes où se trouve déjà un château appartenant à la Donation royale, aurait été acheté et que des travaux de rénovation seraient en cours de finalisation.




Avec l'arrivée sur le trône de Philippe, se pose également la question des missions économiques, au nombre de quatre qu'ils présidait chaque année en tant que président d'honneur de l'Agence belge pour le Commerce Extérieur. Déjà avant l'abdication, on parlait de la possibilité pour le souverain de mener encore ses missions à l'étranger. C'est d'ailleurs ce pour quoi plaide le ministre wallon en charge de cette compétence: deux missions économiques royales par an dès 2015. Mais un agenda chargé du prochain Roi pourrait faire que la réalisation de ce souhait pourrait être compliqué. Et même si cette hypothèse trouvait un écho favorable au Palais, il se pourrait que les missions princières classiques perdurent avec un remplaçant. Mais qui? Laurent est hors-jeu suite aux nombreuses polémiques liées à sa personne. Astrid est écartée parce que c'est une princesse qui s'investit surtout dans le domaine social. Personnellement, j'aurais imaginé que l'on se dirige vers le prince Lorenz, qui travaille dans le secteur bancaire et a déjà siégé dans diverses sociétés, notamment en Belgique. Et son épouse, la princesse Astrid, aurait pu être sollicitée pour remplir un rôle similaire à celui de Mathilde lors des missions. Cependant, il semble que l'on se dessine davantage vers l'aîné du couple, le prince Amedeo qui à 27 ans travaille dans le prestigieux cabinet d'audit Deloitte à New-York et est sorti diplômé en 2008 de la London School of Economics. S'exprimant très bien en néerlandais, son nom avait déjà circulé dans la bouche de certains patrons tout récemment, avant l'annonce de l'abdication. Encore faut-il que le principal intéressé désire succéder à son oncle tout comme affronter la pression médiatique. 

4 commentaires:

  1. Concernant Paola certaine source indique qu'elle rêvait de cette abdication depuis longtemps mais d'autres commentaires disent
    qu'elle ne voudra pas renoncer à son titre de reine,comme l'a fait Béatrix.Qu'en pensez-vous?

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    1. De toute façon, à l'instar de la reine Fabiola, Paola gardera son titre de reine, un titre dit de "courtoisie".

      Il est vrai que certains pensaient que du couple, Paola était sans doute celle qui désirait demeurer la première dame du royaume. Aimant passer du temps, comme le Roi, dans le sud de la France ou en Italie, mais étant attachée à sa fonction avec une septantaine d'activités officielles par an ces dernières années.

      Mais, plus récemment, d'autres témoignages indiquent qu'elle était favorable à une abdication. Lors d'un moment partagé avec des responsables des chaînes de télévision après le discours, elle aurait indiqué plus ou moins : "On voulait déjà partir plus tôt, mais on nous a retenu". Sans doute, qu'elle s'est rendue compte ces derniers temps que la santé de son époux ne lui permettait plus d'assurer sa fonction comme il le voudrait, surtout avec la prochaine échéance électorale de 2014 qui s'annonce ardue.

      Il sera intéressant de voir si la reine Paola gardera un rôle officiel en Belgique, notamment avec sa Fondation Reine Paola ou en faveur de la lutte contre la pédophilie et de la pédopornographie, ou si elle passera la main à la future reine Mathilde, à sa fille Astrid, ou à sa belle-fille Claire avec qui elle s'étend très bien.

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  2. Sait-on pourquoi Delphine Boël a été deshéritée par son père officiel qui l'a
    élévée?

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    1. Bien qu'il l'ait reconnue et qu'il soit donc son père officiel, on ne peut pas vraiment dire que Jacques Boël ait élevé Delphine. Même avant le divorce prononcé en 1978, le couple, marié en 1962, vivait séparé au moment de la naissance de Delphine en 1968.

      Delphine Boël a souhaité indiqué que son père officiel "a pris des dispositions en vertu desquelles je n'hérite de rien. Je ne serai pas l'héritière de la famille Boël". Cette déclaration a été faite suite à un article paru en 2012 dans "Le Soir Magazine" et qui la présentait comme héritière d'une fortune assez conséquente. Impossible de vérifier ses dires. Il n'est pas possible, en Belgique, de déshériter un enfant, mais des moyens détournés peuvent être trouvés, notamment au travers d'une fondation.

      Selon des témoignages, Delphine et Jacques Boël n'auraient aujourd'hui aucun rapport, mais elle reste en bon terme avec la jeune génération des Boël. Une rupture avec celui qu'elle dénomme comme "père adoptif" intervenue ces dernières années, bien après la révélation de 1999 puisque Jacques Boël a eu l'occasion de connaître Joséphine, la fille de Delphine, née en 2003, mais pas Oscar qui a vu le jour 5 ans plus tard.

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