29 juillet 2020

Le château de Walferdange


En 1817, le roi Guillaume Ier des Pays-Bas (1772-1843), grand-duc de Luxembourg depuis deux ans, ordonna la construction à Walferdange, situé dans le canton de Luxembourg, d’un « Dépôt royal d’étalons du Grand-Duché pour le Roi Grand-Duc ». Ce haras royal a été construit entre 1824 et 1828. Le roi Guillaume Ier ne visita jamais ce lieu. Il ne se rendit d’ailleurs jamais au Luxembourg. 

Illustration issue du Journal belge des connaissances utiles pour
l'émancipation et le bonheur des hommes
(1834)


Dans le Journal belge des connaissances utiles pour l’émancipation et le bonheur des hommes paru en 1834, il y est précisé ceci à propos de ce lieu : « Le haras (…) ne pouvait se soutenir qu’au moyen de dépenses exorbitantes, tant par le mauvais choix du terrain humide, que par ses bâtiments aussi mal combinés que l’exécution en était vicieuse ». Cette publication indique par ailleurs que l’élevage des chevaux en tant que tel n’y fut pas une grande réussite. 

Dessin de Nicolas Liez issu du Voyage pittoresque à travers le Grand-Duché
de Luxembourg
(1834)


La révolution belge de 1830, qui vit une grande partie du Luxembourg également se soulever, mit fin à ce haras royal. Les bâtiments restèrent alors inoccupés pendant une dizaine d’années. 

Le château de Walferdange par Piet Schipperus (vers 1879)

En 1841, un an après l’abdication de son père, le roi Guillaume II (1792-1849) visita le grand-duché. Lors d’un voyage vers Diekirch, il fit une halte devant l’ancien haras royal. Il proposa alors que les lieux soient remis en état afin de devenir une résidence royale lors des séjours du Roi Grand-Duc au Luxembourg. L’ancien haras royal devint alors le château de Walferdange (parfois également dénommé palais). Les bâtiments furent élargis, l’intérieur aménagé avec faste et les jardins agrandis. 

Le roi Guillaume II y séjourna à plusieurs reprises lors de ses visites au grand-duché, mais ce fut son fils le prince Henri d’Orange-Nassau (1820-1879) qui marqua Walferdange de son empreinte. En effet, celui-ci fut désigné par son frère le roi Guillaume III comme son lieutenant-représentant au grand-duché le 5 février 1850. Tout naturellement, il assuma cette charge depuis le château de Walferdange. Trois ans plus tard, le 18 mai 1853, il épousa la princesse Amélie de Saxe-Weimar-Eisenach (1830-1872). Le père de cette dernière, le prince Bernard (1792-1862), avait d’ailleurs jadis été nommé gouverneur général du grand-duché en 1831 par le roi Guillaume Ier. Femme et enfants l’avaient dès lors suivi au Luxembourg, dont la très jeune Amélie. 

Le prince Henri et la princesse Amélie arrivèrent à Walferdange le 14 août 1853, suivi quatre jours plus tard par leur joyeuse entrée face à une population réellement enthousiaste. Le couple princier fut apprécié des Luxembourgeois, et particulièrement de la population locale. Plusieurs lieux, institutions ou monuments font encore référence au prince Henri et à la princesse Amélie à Walferdange et au grand-duché. Le 2 mai 1872, la princesse Amélie s’éteignit au château, des suites d’une grave infection pulmonaire. Ce décès prématuré plongea le pays dans un deuil sincère. Seize ans plus tard, le prince Henri se remaria avec la princesse Marie de Prusse (1855-1888). 

Le 14 janvier 1879, le prince Henri, surnommé le Gudde Prënz Hari, décéda inopinément de la rougeole au château de Walferdange. Trois semaines plus tôt, il avait procédé à une distribution de cadeaux de Noël aux enfants de la commune, une tradition initiée vingt ans plus tôt avec la princesse Amélie et qu’il perpétua avec sa seconde épouse. Le prince Henri aurait contracté cette maladie infantile à cette occasion, plusieurs enfants de Walferdange étant alors atteints de la rougeole. Son corps quitta le château le 22 janvier. 



Les lieux n’étant plus une résidence royale, la commune installa une pompe d’incendie et un bureau de poste. Mais il fallut attendre le décès du roi Guillaume III pour que le château redevienne une résidence destinée à la famille régnante. Adolphe de Nassau-Weilbourg (1817-1905), ancien souverain du duché de Nassau qui devint grand-duc de Luxembourg le 23 novembre 1890, désira utiliser les lieux comme résidence d’été. Le château fut alors réaménagé de fond en comble, le vaste parc fut doté de serres et l’orangerie transformée en habitation. En juillet 1891, le grand-duc Adolphe séjourna déjà à Walferdange, rejoint par sa fille la princesse Hilda (1864-1952), épouse du grand-duc héréditaire Frédéric de Bade. 



Le grand-duc Adolphe au château de Walferdange


Avec le décès du grand-duc Adolphe en 1905, le château de Walferdange cessa d’être une résidence utilisée par la famille grand-ducale bien que cette affection fût toujours rendue possible par la Constitution. Pendant la Première Guerre mondiale, des enfants et des familles évacués des quartiers menacés de la ville de Luxembourg y trouvèrent refuge. La grande-duchesse Charlotte (1896-1985) y renonça officiellement en 1923, le bien passant alors à la libre disposition de l’Etat. Une loi du 3 novembre 1926 affecta le château de Walferdange, avec « ses dépendances et accessoires », à l’usage de l’école normale des institutrices. Cette école fonctionna jusqu’en 1944. Occupé temporairement par des troupes américaines à la fin Seconde Guerre mondiale, le château fut utilisé comme caserne par l’armée luxembourgeoise de mai 1945 à juillet 1967. Ensuite, la majeure partie du château servit pour l’Institut supérieur d’études et de recherches pédagogiques. 



En 2003, les bâtiments furent transformés en « Campus Walferdange », comme annexe de l’Université du Luxembourg nouvellement créée. Ce campus abritait la Faculté des Lettres, des Sciences humaines, des Arts et des Sciences de l’éducation. En 2015, ce campus a déménagé vers celui de Belval. Depuis, le site est occupé par le ministère de l’Education nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse.

Photo : Meffo / Wikipedia Commons

Photo : fs999 / Flickr