Naissance du prince |
Par son père, il reçoit automatiquement les titres de prince de Saxe-Cobourg-Gotha et de duc en Saxe, avec prédicat d'altesse royale. A l'époque, la récente dynastie belge ne possède pas ses propres titres de prince ou princesse de Belgique (il faudra attendre 1891), mais on prête au prince le titre de prince royal de Belgique en tant qu'héritier au trône.
Cette naissance est annoncée au peuple bruxellois par les tirs de 101 coups de canon. Cette nouvelle est d'autant mieux accueillie qu'elle dote le jeune royaume d'une perspective d'avenir et de pérennité via cet héritier au trône. Le journal L’Indépendant parle de l'événement en ces termes : "Un des faits les plus importants de notre régénération politique vient de s'accomplir... Il consolide à jamais notre liberté et notre indépendance et détruit en un seul jour les espérances funestes de nos ennemis. Ce jour sera marqué dans les fastes de la Belgique comme un jour de bonheur public." Le soir même de la naissance du prince, les rues de la capitale sont illuminées et durant toute la nuit d'épisodiques détonations d'armes à feu se font entendre. Le "Politique" évoque un "élan spontané et unanime de la joie publique".
Après la cérémonie religieuse, les invités se rendent dans le Parc Royal où le roi leur offre un banquet. Deux rangs de tables ont, en effet, été installés dans l'allée en face du Palais royal. Le public, lui, peut circuler dans le parc, autour des nombreux invités. Le soir, une autre cérémonie est prévue, réservée aux officiers. Il s'agit toujours d'un banquet offert par le souverain mais qui se déroule cette fois-ci au Palais.
Cortège du baptême |
Baptême |
Baptême |
Le petit prince, surnommé "Babochon", fait la joie de ses parents. La reine lui porte beaucoup d'attention et veut le protéger un maximum, à une époque où il n'est pas rare que la nature emporte des nouveaux-nés. Dans une lettre datée du 25 octobre 1833 à Madame de Stassart, sa dame d'honneur, Louise-Marie impose ses conditions : "Mon désir spécial est que parmi les personnes que vous conduirez chez le Petit et auxquelles vous permettrez de le voir il n'y ait aucun enfant. Je désire en plus que personne ne le touche, ne l'embrasse ou ne le porte."
Le roi de son côté n'hésite pas à remettre en question les capacités des gouvernantes attribuées au prince héritier. Dans une lettre datée du 21 décembre 1833, le roi écrit à sa belle-mère, la reine Marie-Amélie que : "Les nourrices sont une peste et Mad. Dittz en est la digne représentante. Nos médecins ne m'inspirent pas trop de confiance, mais Miss Lumley marche très bien à présent." L'enfant est en effet confié à une gouvernante anglaise, mais également à une sous-gouvernante allemande, tandis que le personnel, lui, est belge. Cette ambiance cosmopolite n'est pas la plus prompte à une parfaite compréhension de chacun, de plus on évoque la possibilité de tous à vouloir obtenir la priorité sur l'enfant royal...
Buste en marbre représentant le prince, tête tournée vers la droite, coiffé d'un bonnet de dentelles,
réalisé par Guillaume Geefs en 1835.
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Le roi des Belges écrit ceci le 13mai 1834 à Charles Le Hon, son ambassadeur dans la capitale parisienne : "Depuis des mois notre pauvre enfant est bien dangereusement malade, et cela m'ôte souvent toute disposition aux affaires. Le docteur Clarck, dans lequel j'ai la plus grande confiance, a bien voulu quitter sa nombreuse clientèle et venir ici, mais il trouvait l'enfant si réduit, si faible qu'il est impossible de répondre de l'avenir. Ce qu'il y a de plus triste, c'est que l'enfant était si fort et si beau et s'il eût appartenu a quelque paysanne, il serait probablement frais et dispos, maintenant à force de timidité et d'improvisation, on avait permis à un état inflammatoire des membranes muqueuses à s'établir." Trois jours après l'envoi de cette lettre, le prince Louis-Philippe, fiévreux, s'éteint dans les bras de sa mère, le 16 mai 1834 vers 22h30, au château de Laeken. Il aura donc succombé à son infection des muqueuses.
Les parents sont anéantis. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que Léopold perd un enfant. Déjà lors de son précédent mariage avec la princesse Charlotte de Grande-Bretagne, héritière au trône britannique, il avait été confronté le 5 novembre 1817 à la naissance d'un fils mort-né. Si cela ne devait pas suffire, son épouse était décédée le lendemain de l'accouchement qui avait été particulièrement éprouvant. Le décès du prince royal ne pouvait que faire ressurgir ces funestes souvenirs. Dans les deux de cas, de surcroit, il avait failli à sa tâche : il n'avait pas été en mesure de donner un héritier au trône. Le roi reconnaît lui-même dans sa correspondance que son épouse supporte mieux l’événement que lui. Voici ce qu'écrit la reine Louise-Marie, le 29 mai 1834, au secrétarire de son père, M. Trognon : "La certitude du bonheur de mon pauvre enfant a ôté toute amertume à mes larmes. C'est maintenant un petit ange qui veille sur nous du haut des cieux et je ne saurais le plaindre d'avoir évité toutes les peines et les angoisses, inséparables de cette vie, triste, même pour les plus heureux."
Portrait mortuaire du prince, dessin réalisé par Jean-Baptiste Madou |
Les funérailles du prince royal se déroulent le 24 mai en la collégiale des Saints-Michel-et-Gudule, où il avait été baptisé il y avait un peu moins d'un an. Son corps a été placé dans un cercueil doublé de velours blanc. Il est ensuite inhumé dans le caveau des anciens ducs de Brabant, situé sous le chœur de l'édifice religieux. Il y reposait donc à côté de Jean II et du duc Antoine (fils de Philippe le Bon). A l'époque, la crypte royale, construite plus tard à l'initiative de Léopold Ier en l'église Notre-Dame de Laeken, n'existait pas encore.
Suite au décès du prince héritier, l'avenir de la Belgique est hypothéqué. Mais le ciel s'éclaircit de nouveau lorsque la reine Louise-Marie met au monde l'année suivant un autre héritier, le prince Léopold (futur Léopold II). Un autre garçon verra même le jour en en 1837 : le prince Philippe (père du roi Albert Ier), permettant d'assurer la pérennité dynastique. Une fille, Charlotte, complétera ce tableau familial, même si les femmes ne peuvent prétendre à la couronne. A l'occasion de travaux de réfections en la cathédrale de Bruxelles, on redécouvre le cercueil du prince dans le caveau des ducs de Brabant. Selon la volonté du souverain de l'époque, le roi Baudouin, le corps sera discrètement transféré en février 1993 en la crypte royale, en présence de 3 ou 4 personnes.