31 juillet 2013

Archives : cérémonie d'hommage au roi Baudouin en 1994

Un après le décès du roi Baudouin, le 31 juillet 1994, la famille royale belge, la famille grand-ducale luxembourgeoise et plusieurs membres de la famille de la reine Fabiola se sont retrouvés pour une messe du souvenir en la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule à Bruxelles. Tous ont ensuite gagné le château de Laeken, l'occasion de poser pour une photo de famille sur les marches du vestibule.


Au premier rang (de g. à d.) : le marquis et la marquise Gonzalo de Casa Riera, la grande-duchesse Joséphine-Charlotte de Luxembourg, la reine Paola et le roi Albert II, la reine Fabiola de Belgique et le grand-duc Jean de Luxembourg
Au deuxième rang (de g. à d.) : l'archiduc Lorenz d'Autriche et la princesse Astrid de Belgique, le grand-duc héritier Henri et la grande-duchesse héritière Maria Teresa de Luxembourg, le prince Philippe de Belgique, la princesse Marie-Astrid de Luxembourg et l'archiduc Carl-Christian d'Autriche
Au troisième rang (de g. à d.) : deux nièces de la reine Fabiola, la comtesse Hélène de Nassau et le prince Jean de Luxembourg, le prince Laurent de Belgique, la princesse Margaretha de Luxembourg, le prince Guillaume de Luxembourg, le prince Nikolaus de Liechtenstein et Mlle Sibilla Weiller

20 juillet 2013

Les prestations de serment des Rois des Belges

Philippe prêtera serment ce 21 juillet, comme son ancêtre, Léopold Ier, le premier souverain de la dynastie belge, cent quatre-vingt deux ans plus tôt. C'est d'ailleurs pour se souvenir de cet événement que la Fête Nationale a été placée ce jour de juillet en 1890. Il fut donc le premier à prononcer : "Je jure d'observer la Constitution et les lois du peuple belge, de maintenir l'indépendance nationale et l'intégrité du territoire". C'est juste après ce serment qu'il devient vraiment le Roi des Belges. Cette cérémonie s'est déroulée sur le parvis de l'église Saint-Jacques-sur-Coudenberg, située Place Royale. Un décor somptueux avait été installé, mêlant un dais pourpre ainsi que des draperies du même coloris, des colonnades de part et d'autre un espèce d'arc de triomphe, ou encore des costumes rappelant les volontaires qui ont menés la révolution de 1830 et qui ont permis la naissance du pays. Ensuite, un grand banquet fut offert par Léopold Ier aux autorités.



Suite au décès du roi Léopold Ier le 10 décembre 1865, c'est le 17 décembre que se déroule la prestation de serment de son successeur, Léopold II. Il faut savoir que la période que l'on appelle "interrègne" ne peut excédait dix jours, durant lesquels le gouvernement exerce collectivement les prérogatives royales. L'adage "Le Roi est mort! Vive le Roi!" ne s'applique donc pas à la monarchie belge. Cette cérémonie s'est déroulée au Palais de la Nation, au sein de la Chambre des représentants. Pour s'y rendre, le futur roi a effectué le parcours, en compagnie de son frère Philippe, comte de Flandre, à cheval. Le décor est beaucoup plus sobre que lors de l'avènement de son père, on note tout de même la présence d'un dais royal. Léopold II a souhaité la présence d'un trône, même le terme de siège d'apparat serait plus approprié. Son velours rouge est marqué de la devise nationale, L'union fait la force, tandis que ses accoudoirs représentent un lion. Sous un autre dais a pris place la famille royale, c'est-à-dire la reine Marie-Henriette, le prince Léopold, jusqu'alors titré comte de Hainaut, et le comte de Flandre. Mais les maisons royales étrangères sont également représentées : l'archiduc Joseph d'Autriche et comte palatin de Hongrie (frère de Marie-Henriette), le roi Louis Ier de Portugal, le prince de Galles (futur Edouard VII), le prince Arthur d'Angleterre (futur duc de Connaught), le prince Georges, 2e duc de Cambridge, le prince héritier Frédéric-Guillaume de Prusse (futur empereur Guillaume II), le prince Auguste de Saxe-Cobourg-Gotha, le prince Louis de Hesse, le prince Georges de Saxe, le prince Guillaume de Bade, le prince Nicolas de Nassau (demi-frère du duc Adolphe) et le prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen. Par la suite, les souverains, accompagnés du désormais duc de Brabant, sont apparus au balcon du Palais royal pour une parade militaire sur la Place des Palais.

Gouache sur base photographique à l'albumine de Louis Ghémar, 1865, KIK-IRPA, Bruxelles


Le 23 décembre 1909, Albert succède à son oncle le roi Léopold II, décédé le 17 décembre. Il se rend au Palais de la Nation à cheval, un bicorne sur la tête. Là, il y rejoint sa famille, son épouse Elisabeth et ses fils Léopold et Charles. Sont également présents sa mère la comtesse de Flandre, sa sœur Henriette venue avec son époux le duc de Vendôme, sa sœur Joséphine et son époux le prince Charles-Antoine de Hohenzollern-Sigamringen, ainsi que deux filles de Léopold II, Stéphanie (et son époux le comte Elemér Lónyay) et la princesse Clémentine. Pour les représentants étrangers s'y trouvaient le duc Franz-Josef en Bavière (frère d'Elisabeth), le duc de Connaught, l'infant Charles d'Espagne et les ambassadeurs de France, du Japon, d'Italie et de Russie. Il est le premier souverain a prêté serment en néerlandais. Le lendemain, un Te Deum fut célébré en la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule par le cardinal Mercier en présence du couple royal, de leurs fils, de la comtesse de Flandre, des princesses Henriette et Joséphine, ainsi que des princesses Stéphanie et Clémentine.


Tableau de Jules Cran



Le futur Léopold III, accompagné de son frère Charles, comte de Flandre, a pris la direction de Bruxelles à cheval, depuis le château de Laeken, le 23 février 1934. Six jours auparavant, le roi Albert Ier s'était tué tragiquement en pratiquant l'alpinisme. La reine Astrid et ses enfants Baudouin et Joséphine-Charlotte assistaient à la cérémonie, contrairement à la veuve d'Albert Ier, la reine Elisabeth. Dans la tribune rassemblant la famille royale, on y trouvait aussi le prince Umberto de Savoie, prince de Piémont (beau-frère du roi), le prince Carl de Suède (père de la reine), le prince Axel de Danemark (beau-frère de la reine), le prince héritier de Norvège, futur roi Olav V (beau-frère de la reine), la grande-duchesse Charlotte de Luxembourg, le prince de Galles (futur Edouard VII), et le prince consort Henri des Pays-Bas. Après la cérémonie à la Chambre, le roi Léopold III alla rendre un hommage à la tombe du Soldat Inconnu, au pied de la Colonne du Congrès.





Au sortir de la seconde guerre, Léopold III étant placé dans l'impossibilité de régner par le gouvernement depuis 1940 et encore détenu par les Allemands au moment de la Libération, le prince Charles, comte de Flandre, est élu régent le 20 septembre 1944 par les Chambres réunies. Le lendemain, il prêta serment en présence de sa mère, la reine Elisabeth. Pas d'ornementations bien spéciales pour cette cérémonie. Le perchoir du président de la Chambre ne fut même pas évacué.





Après une consultation populaire favorable au souverain, le 22 juillet 1950, le roi Léopold III et ses deux fils, Baudouin et Albert, est de retour sur le sol belge. La régence a pris fin, tout comme la période d'impossibilité de régner, et le Roi retrouve alors ses prérogatives. Ce retour provoque des réactions très hostiles chez ceux qui étaient opposés au retour de Léopold III. Pour sortir de cette crise, le fils du Roi-Chevalier n'a d'autres solutions que de faire un pas de côté. Il a délégué ses pouvoirs royaux à son fils aîné, Baudouin, dénommé alors "prince royal". Il a prêté, dans ce cadre, serment le 11 août 1950. Le trône, héritage de Léopold II, a été modifié. En effet, la devise du pays, indiquée en français, a disparue afin de ne pas heurter la Flandre. La cérémonie fut émaillée par un "Vive la République!" proféré par le communiste Georges Glineur et erronément attribué à Julien Lahaut. Ensuite, le prince Baudouin s'est rendu au Palais royal pour apparaître, juste quelques secondes, au balcon.





Le climat apaisé, le roi Léopold III abdique au Palais royal le 16 juillet 1951 au profit de son fils aîné. Le lendemain, Baudouin prête une nouvelle fois le serment constitutionnel. Sa famille n'est pas présente, préférant s'abstenir d'apparaître en ce jour, vécu de manière douloureuse par le principal intéressé. Il n'y a pas non plus de représentants de monarchies européennes. Les temps ont changé, cette cérémonie se veut, tout en restant solennelle, sans doute moins somptueuse. Par ailleurs, ces événements vécus difficilement tant par le père que le fils, ne sont pas propices à des invitations qui auraient été envoyées auprès de leurs cousins royaux. Après la cérémonie, le jeune souverain a rendu un hommage à la tombe du Soldat Inconnu et est apparu, seul, au balcon du Palais.



Après la mort du roi Baudouin à Motril le 31 juillet, son frère, Albert, prince de Liège, a prêté le serment constitutionnel le 9 août 1993. Le décor se veut encore davantage épuré. Le trône est gardé, il avait d'ailleurs été restauré en 1992 suite aux problèmes de santé du roi Baudouin, ainsi que deux colonnes dorées surmontées du lion belge. Fini le dais de velours rouge parsemé de petits lions dorés. En arrière-plan, une tapisserie a été installée. Dans la tribune royale, dont les fauteuils ont perdu leurs feuilles de lauriers en or, ont pris place les reines Paola et Fabiola, le prince Philippe, la princesse Astrid, son époux Lorenz ainsi que leurs enfants Amedeo et Maria-Laura, sans oublier le prince Laurent. Le roi Albert II est le premier souverain a prononcé le serment dans les trois langues, en français, en néerlandais, et en allemand. Durant la cérémonie, l'extravagant député Jean-Pierre Van Rossem s'est écrié "Vive la république d'Europe! Vive Julien Lahaut!", couvert automatiquement par des huées suivies par des applaudissements en faveur du Roi. Comme pour Baudouin en 1951, les temps forts de la journée furent la cérémonie à la Colonne du Congrès et l'apparition au balcon.




Plus d'informations sur la prestation de serment de Léopold Ier : lien
Plus d'informations sur la prestation de serment d'Albert II : lien

Et comment se déroulera la prestation de serment du prince Philippe?

  • 11h30 : ouverture de la séance des Chambres réunies
  • Le président de la Chambre et la présidente du Sénat lisent l'acte d'abdication du roi Albert II
  • Les présidents de la Chambre et du Sénat accueillent la famille royale au péristyle du Parlement fédéral
  • Le roi Albert II et la reine Paola, la reine Mathilde, la famille royale empruntent l'escalier d'honneur du Sénat pour s'installer, conformément à la tradition, dans le Salon des tapisseries du Sénat, adjacent à l'hémicycle de la Chambre
  • Le roi Philippe emprunte l'escalier d'honneur de la Chambre en direction de la Salle des conférences, adjacente à l'hémicycle de la Chambre
  • Le roi Albert II et la reine Paola, la reine Mathilde, la famille royale font leur entrée dans l'hémicycle de la Chambre
  • Un huissier du Sénat annonce : « le Roi – de Koning – der König »
  • 12h : le roi Philippe entre dans l'hémicycle et prend place sur le trône
  • Le président de la Chambre prononce une courte allocution dans les trois langues nationales et invite le roi Philippe à prêter le serment constitutionnel
  • Le roi Philippe prête le serment constitutionnel dans les trois langues nationales
  • Le Roi prononce un discours
  • La présidente du Sénat se lève et présente au Roi les félicitations des assemblées
  • La musique de la composante navale exécute la Brabançonne et l'hymne européen
  • 12h30 : départ du Roi et fin de séance des Chambre réunies
  • Le Roi quitte l'hémicycle accompagné du président de la Chambre pendant que la présidente du Sénat clôt la séance des Chambres réunies
  • La Reine, le roi Albert II et la reine Paola, la famille royale quittent l'hémicycle de la Chambre par le Salon des tapisseries du Sénat et redescendent l'escalier d'honneur du Sénat jusqu'au péristyle
  • Le Roi et la Reine signent les livres d'or de la Chambre et du Sénat
  • Le Roi et la Reine, ainsi que la famille royale, saluent les députations qui les ont accueillies
  • Le Roi et la Reine, ainsi que la famille royale, sont escortés par le deux présidents sur le perron de la place de la Nation, où ils prennent congé de ceux-ci
  • L'officier commandant l'Escorte Royale se présente. Le roi salue l'étendard à cheval de l'escorte. La musique joue devant les grilles du Palais de la Nation.
  • 12h45 : départ de la voiture royale, puis des autres voitures de la famille royale

9 juillet 2013

Abdication du Roi : que se passera-t-il dans les prochains jours?


C'est fait! Après des mois de rumeurs, le roi Albert II a bel et bien annoncé, ce 3 juillet, son abdication le jour de la Fête nationale, date qui avait déjà été dévoilée en mars 2012 par le journal "Le Soir", même si ensuite les médias ont évoqué une possible annonce la veille de la Fête nationale avec le 15 novembre 2013 pour la passation de pouvoir. Suite à une lettre, reçue le matin de l'annonce par le Premier ministre, on y comprend que le chef de gouvernement aurait voulu retenir le Roi jusqu'aux élections de mai 2014, lui ayant déjà demandé un délai de réflexion. Mais comme le souverain l'a évoqué dans son discours, enregistré debout, en une seule prise : "Je constate que mon âge et ma santé ne me permettent plus d'exercer ma fonction, comme je le voudrais. Ce serait manquer à mes devoirs et à ma conception de la fonction royale que de vouloir me maintenir en exercice à tout prix, sans être en mesure d'assumer pleinement mon rôle. C'est une question élémentaire de respect envers les institutions et envers vous, chers concitoyens." La dernière crise politique l'a assurément fatigué et lassé. Et il n'a sans doute aucune envie d'être encore à la barre pour le fameux rendez-vous de 2014.


Le Roi laisse donc la place à une nouvelle génération. Certains de ses prédécesseurs y avaient déjà songé. Son père y fut contraint en 1951. Dans le cas d'Albert II, la décision a été mûrement réfléchie et intervient après une fin de règne, à l'exception de la gestion des crises politiques, qui s'est déroulée un peu au ralenti. Le couple royal passait plusieurs semaines par an dans leur résidence du sud de la France (un repos bien mérité) et la présence sur le terrain de la part du souverain était assez réduite, laissant le champ libre au couple héritier. Par ailleurs il n'avait plus effectué de visite d'Etat à l'étranger depuis 2010.

Le lendemain, le 4 juillet au matin, le prince Philippe a déclaré : "Je voudrais aujourd'hui rendre hommage au Roi pour son règne de 20 ans. Je suis bien conscient des responsabilités qui pèsent sur moi. Je continuerai à m'investir de tout mon cœur. Au 21 juillet." Pendant ce temps, à la Chambre des représentants, puis au Sénat, une séance a permis au Premier ministre et aux représentants des partis politiques de s'exprimer, souvent en rendant un hommage appuyé au roi Albert II, même si du côté flamand il y a des demandes pour "moderniser" la fonction royale, ce qui se traduit pour certains pour une évolution vers un modèle (plus) protocolaire.

Que se passera-t-il donc dans les prochains jours? Voici un programme le plus exhaustif possible, même s'il se peut que la task-force en charge des cérémonies n'a pas encore terminé son travail et que certains points ne sont pas encore éclaircis.



- Lundi 8 juillet à 12h30 : le Roi et la Reine reçoivent au château de Laeken, en présence des futurs souverains, les membres du Comité de mise en œuvre des réformes institutionnelles (COMORI) ;
- Mercredi 10 juillet à 12h30 : le Roi et la Reine reçoivent au château de Laeken, en présence des futurs souverains, les Premiers ministres du règne du roi Albert II ;
- Vendredi 12 juillet à 12h30 : le Roi et la Reine reçoivent au château de Laeken, en présence des futurs souverains, les ministres-présidents des Régions et Communautés ;
- Lundi 15 juillet à 12h30 : le Roi et la Reine reçoivent au château de Laeken, en présence des futurs souverains, les membres du gouvernement ;
- Mardi 16 juillet à 10h30 : le Roi et la Reine procèdent à l’inauguration des bustes des souverains par l’artiste Wilfried Pas au Sénat suivie d'une réception ;
- Mardi 16 juillet à 12h : le Roi et la Reine reçoivent au Palais Royal les présidents de la Chambre et du Sénat à l'occasion de la remise d'un cadeau au Roi. Les présidents sont accompagnés des anciens présidents de la Chambre et du Sénat ;
- Mercredi 17 juillet à 10h30 : le Roi et la Reine se rendent à Gand où ils sont accueillis par le bourgmestre et les autorités de la ville. Après un bain de foule, les Souverains se rendent à 11h30 au musée STAM et terminent leur programme par une visite à 12h15 du nouveau stade de football ;
- Jeudi 18 juillet à 11h : le Roi et la Reine se rendent à Eupen où ils sont accueillis par les autorités au siège du Ministre-Président de la Communauté germanophone. Ils y assistent à un spectacle et se rendent après une rencontre avec la population au Ministère de la Communauté germanophone pour une réception ;
- Vendredi 19 juillet à 10h30 : le Roi et la Reine se rendent à Liège où ils sont accueillis par les autorités de la ville au Théâtre Royal de Wallonie. Après une visite du théâtre, les Souverains rencontrent la population et se rendent ensuite à l'hôtel de ville ;
- Samedi 20 juillet :
  • 13h : diffusion du dernier discours du Roi (enregistré normalement le 16 juillet) ;
  • 19h30 : le Roi et la Reine et les membres de la famille royale assistent au concert "Prélude à la Fête Nationale", offert par le Concours Musical International Reine Elisabeth de Belgique, au Palais des Beaux-Arts à Bruxelles ;
  • 21h : le Roi et la Reine, accompagnés des futurs souverains, se rendent au "bal national" organisé au cœur du quartier populaire des Marolles à Bruxelles ;
- Dimanche 21 juillet
  • 9h : Te Deum en la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule ;
  • 11h30 : cérémonie d'abdication au Palais royal ;
  • 12h : prestation de serment du prince Philippe à la Chambre, dès ce moment 21 coups de canon seront tirés ;
  • 13h : apparition des nouveaux souverains et de la famille royale au balcon du Palais royal
  • 14h10 : hommage du roi Philippe au Soldat Inconnu, à la Colonne du Congrès ;
  • 16h05 : passage des troupes militaires et civiles en revue par le roi Philippe désormais général "4 étoiles" ;
  • 17h : défilé militaire et civil en présence de toute la famille royale dans les tribunes de la place des Palais ;
  • 19h : visite du roi Philippe et de la reine Mathilde à la Fête du Parc ;
  • 23h : feu d'artifice, tiré depuis le Palais des Académies, auquel assistera la famille royale.
Ce moment historique pour la Belgique annonce également divers changements et amène plusieurs questions. Une polémique est déjà née du prénom que le nouveau souverain utilisera pour signer les actes officiels. Philippe est, en effet, appelé "Filip" au nord du pays. Cependant, devant apposer une seule et unique signature, le choix de "Philippe" avait déjà été annoncé par la presse, ce qui correspondait en réalité au nom qui figure sur son acte de naissance. Ses prédécesseurs n'ont pas connu cette situation délicate par la nature de leurs prénoms - Léopold et Albert -, et son oncle le roi Baudouin ("Boudewijn" en néerlandais et "Balduin" en allemand) avait réglé la question en signant d'une manière assez illisible. Il s'agit d'un élément symbolique embarrassant avec une Flandre qui, à l'heure actuelle, semble moins tenir à l'institution monarchique et qui a souvent critiqué la famille royale pour être trop francophone. Finalement, un compromis a pu être trouvé. Un conseil des ministres restreint a décidé d'amender la loi de 1961 sur l'emploi des langues en matière administrative, ce qui permettra au futur roi de signer à la fois "Philippe" et "Filip", mais aussi "Philipp" pour contenter la communauté germanophone. 

Les timbres émis à l'occasion des 20 ans de règne du roi Albert II


Avec un changement de règne, BPost émettra des timbres à l'effigie du septième Roi des Belges dès le mois de novembre. Deux timbres commémoratifs, qui devront satisfaire les collectionneurs et dont les visuels seront présentés le 21 juillet, se trouveront en vente dès le 2 septembre. Pour les pièces de monnaie, il faudra attendre 2014 pour voir dans nos portes monnaies un nouveau profil. Il n'est pas impossible que la Monnaie royale de Belgique émette plus tôt des pièces commémoratives en argent ou en or suite à cet événement.


Frans Van Daele
L'entourage sera en grande partie renouvelé et il est beaucoup question du diplomate Frans Van Daele pour succéder à Jacques van Ypersele de Strihou, en poste depuis 1983, en tant que chef de cabinet du Roi. Etiqueté CD&V, cet homme de 66 ans est décrit comme un homme de pouvoir et de réseaux. Outre la diplomatie, il a également travaillé pour plusieurs ministres sociaux-démocrates et a été jusqu'en novembre 2012 le chef de cabinet d'Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen. Mais ce poste clef pourrait au final réserver une surprise car Frans Van Daele, désormais pensionné, n'est plus tout jeune et il se dit que les francophones s'en méfient. Pour le reste de son équipe, il est pressenti que le lieutenant général Noël De Bruyne, actuel chef de la Maison des Ducs de Brabant, devienne le chef de la Maison Militaire, remplaçant ainsi le général Jef Van den Put. Le conseiller Pierre Cartuyvels serait conservé. Présenté comme l'artisan de la communication plutôt réussie du prince depuis quelques mois, il pourrait devenir le responsable de ce département. Devraient donc partir Vicent Pardoen, intendant à la Liste Civile depuis 21 ans, Pierre Warnauts, le chef du protocole, ainsi que le chef du département des relations extérieures Ghislain D'Hoop qui sera à la rentrée nommée ambassadeur à Berlin.

Il a été décidé que la Liste Civile, à définir en début de chaque règne et qui ne peut être modifiée par la suite, serait calquée sur celle que reçut cette année le roi Albert II, soit un peu plus de 11 millions d'euros. A la différence qu'elle sera désormais soumise au paiement de la TVA et des accises (soit une perte de 700.000 euros) bien qu'elle continuera d'être indexée chaque année. Il faudra également que le gouvernement se penche sur une dotation à accorder au roi Albert II, un montant que devrait se situer entre ce que le prince Philippe recevait en tant qu'héritier (922.000 euros) et l'actuel montant, raboté à deux reprises ces derniers temps, de la reine Fabiola (470.000 euros).

L'ancien presbytère de Villers-sur-Lesse


Du côté des résidences, peu de changement à noter puisque le roi Albert II et la reine Paola avaient voulu demeurer au Belvédère, qu'ils occupent depuis leur mariage. Pour le prince Philippe et sa famille, ils occupent déjà les appartements d'une aile du château de Laeken. Le roi Philippe prendra par contre ses quartiers dans le bureau qu'occupe actuellement son père au Palais royal. Il s'y rendra probablement avec plus d'assiduité que son père qui, ces dernières années, préférait accorder des audiences à Laeken. Le château de Ciergnon sera désormais normalement occupé par le nouveau couple royal et ses enfants. S'y rendront-ils la plupart de leurs week-end comme Albert et Paola le faisaient du jeudi au dimanche lorsqu'ils se trouvaient en Belgique ? La presse a indiqué que l'ancien couple royal pourrait retrouver le charmant château rose de Fenffe, un lieu qu'ils connaissent bien pour y avoir passer de nombreux week-end lorsqu'ils étaient princes de Liège. Mais les média ont également indiqué, qu'à l'instigation de la reine Paola, l'ancien presbytère de Villers-sur-Lesse, un village des Ardennes où se trouve déjà un château appartenant à la Donation royale, aurait été acheté et que des travaux de rénovation seraient en cours de finalisation.




Avec l'arrivée sur le trône de Philippe, se pose également la question des missions économiques, au nombre de quatre qu'ils présidait chaque année en tant que président d'honneur de l'Agence belge pour le Commerce Extérieur. Déjà avant l'abdication, on parlait de la possibilité pour le souverain de mener encore ses missions à l'étranger. C'est d'ailleurs ce pour quoi plaide le ministre wallon en charge de cette compétence: deux missions économiques royales par an dès 2015. Mais un agenda chargé du prochain Roi pourrait faire que la réalisation de ce souhait pourrait être compliqué. Et même si cette hypothèse trouvait un écho favorable au Palais, il se pourrait que les missions princières classiques perdurent avec un remplaçant. Mais qui? Laurent est hors-jeu suite aux nombreuses polémiques liées à sa personne. Astrid est écartée parce que c'est une princesse qui s'investit surtout dans le domaine social. Personnellement, j'aurais imaginé que l'on se dirige vers le prince Lorenz, qui travaille dans le secteur bancaire et a déjà siégé dans diverses sociétés, notamment en Belgique. Et son épouse, la princesse Astrid, aurait pu être sollicitée pour remplir un rôle similaire à celui de Mathilde lors des missions. Cependant, il semble que l'on se dessine davantage vers l'aîné du couple, le prince Amedeo qui à 27 ans travaille dans le prestigieux cabinet d'audit Deloitte à New-York et est sorti diplômé en 2008 de la London School of Economics. S'exprimant très bien en néerlandais, son nom avait déjà circulé dans la bouche de certains patrons tout récemment, avant l'annonce de l'abdication. Encore faut-il que le principal intéressé désire succéder à son oncle tout comme affronter la pression médiatique. 

2 juillet 2013

La grande-duchesse Adélaïde-Marie

La princesse Adelheid-Marie d'Anhalt-Dessau est née le 25 décembre 1833 à Dessau. Elle est la fille aînée du prince Friedrich-August d'Anhalt-Dessau (1799-1864), petit-fils de Léopold III (1740-1817), le dernier duc d'Anhalt-Dessau, ainsi que du landgrave Friedrich V de Hesse-Homburg (1748-1820). Sa mère est la landgravine Marie-Luise de Hesse-Kassel (1814-1895) qui descend du côté maternel des souverains danois.
 
 
 
Sa naissance est suivie, respectivement en 1837 et en 1839, par Bathildis et Hilda. La première s'est mariée en 1862 avec le prince Wilhelm de Schaumburg-Lippe. La seconde est décédée en 1926 sans avoir contracté d'union. Adélaïde-Marie a grandi à la Cour de Dessau et au château de Rumpenhaim à Offenbach-sur-le-Main. C'est dans cette dernière demeure qu'elle y rencontre pour la première fois, à l'âge de seize ans, le duc Adolphe de Nassau, qui a alors le double de son âge. Il est veuf depuis 1845 de la grande-duchesse Elisabeth de Russie, décédée, alors qu'elle était atteinte de la tuberculose, un jour après avoir donné naissance à une fille qui a survécu seulement quelques heures. Le duc de Nassau a été très marqué par ce drame mais il n'avait d'autre choix que de fonder un nouveau foyer afin d'assurer sa descendance. 
 
 
Peinte par Karl Stauffer-Bern
 
Le mariage entre Adélaïde-Marie et Adolphe est célébré deux ans plus tard, à Dessau, le 21 avril 1851. Leur voyage de noces les a emmené notamment au château d'Oranienstein à Diez an der Lahn et à Königstein im Taunus, deux lieux qui ont marqué la toute nouvelle duchesse de Nassau. En effet, tellement séduite par Oranienstein, la résidence fut choisie comme résidence d'été. Le château, rénové et meublé selon les convenances du couple, les accueillera pour plusieurs semaines chaque été jusqu'en 1861, année où, suite à un différend opposant le Parlement et le duc de Nassau, Oranienstein est déclaré propriété de l'Etat et déchu de son statut de résidence pour la famille ducale. Concernant Königstein, Adélaïde-Marie et Adolphe sont descendus à l'ancien Hôtel Amsterdam qui se situe dans la rue principale. Lors de leur séjour, emballés par ce village pittoresque des montages, ils y ont visité un château que le duc Adolphe offrira en 1858 à son épouse. Ils y ont logé pour la première fois en septembre de la même année.
 
 
 
Après leur voyage de noces, ils se sont installés à Wiesbaden, où il se partagent entre le château de Biebrich et ce qui est appelé le « Stadtschloss ». Le couple a eu cinq enfants : Wilhelm (1852-1912) - futur grand-duc Guillaume IV -, Friedrich (1854-1855), Marie (1857), Franz (1859-1875) et Hilda (1864-1952). Seuls Guillaume et Hilda sont donc arrivés à l'âge adulte. La princesse Hilda s'est unie en 1885 avec un parti de choix, le grand-duc héritier Frédéric de Bade, qui montera sur le trône en 1907.  L'héritier, lui, a été autorisé à épouser en 1893 la princesse Marie-Anne de Bragance, après plusieurs années de tergiversations en vertu de la confession catholique de l'infante de Portugal.
 
 
Avec le grand-duc Adolphe à Hohenburg
 
 
En 1866, le duché de Nassau est annexé par la Prusse suite à la décision d'Adolphe de s'unir à l'Autriche plutôt qu'à la patrie des Hohenzollern dans une guerre qui opposait ces deux nations. Un mauvais choix puisque l'Autriche est sortie vaincue... Même si le duc déchu obtiendra par la suite des compensations financières et un accord sur la propriété de plusieurs de ses résidences, Adolphe se considérant comme un souverain en exil, le couple est alors parti vivre à Vienne et Francfort. Cependant, ils feront une exception pour Königstein. Il a d'ailleurs été décidé de le rénover et procéder à des extensions. Mais c'est surtout Adélaïde-Marie qui aime y passer ses étés, alors que son époux a un faible pour la propriété qu'il a achetée en Bavière, le château de Hohenburg, doté des terres qui lui permettent d'assouvir sa passion pour la chasse.
 
Avec sa petite-fille Marie-Adélaïde
 
Avec sa fille Hilda, grande-duchesse de Bade (Archiv Kronke Historia) 
 
En son château, surnommé par la suite le « Luxemburgisches Schloss » après que son époux soit devenu grand-duc de Luxembourg, Adélaïde-Marie aime y recevoir des personnes de sa famille, mais également des membres d'autres familles royales de passage dans la région. Elle s'adonne également à sa passion pour la peinture. Elle a produit de nombreuses aquarelles représentant des paysages ou des natures mortes et a des contacts avec certains artistes. Entre 1887 et 1888, elle participe à la décoration de l'église évangélique, construite sur un terrain donné par celle qui apparaît désormais comme la bienfaitrice de Königstein. Dans le cadre de ce travail, elle a notamment peint des fleurs sur la chaire, sans oublier qu'elle a également fait don des lustres et des cloches de l'édifice.
 
 
 
 
 
Après le décès du duc Adolphe, le 17 novembre 1905 au château de Hohenburg, Königstein devient le refuge de la grande-duchesse douairière Adélaïde-Marie. Le 6 septembre 1908, la ville célèbre d'ailleurs les cinquante ans de sa présence au travers de diverses manifestations. En 1910, elle assiste avec sa famille à l'inauguration d'une statue en mémoire de son époux. Il est souvent question d'elle dans la presse locale, surtout quand elle accueille des personnages illustres, et c'est tout bon pour la renommée des lieux. Certains commerçant sont également enchantés de pouvoir se targuer d'être « fournisseurs officiels ».
 
 
 
 
Après plusieurs années de maladie, en 1912, son fils, le grand-duc Guillaume IV, décède et - après une courte régence assumée par la grande-duchesse Marie-Anne - sa petite-fille Marie-Adélaïde monte sur le trône à l'âge de vingt et un ans. Durant la période difficile marquée par l'état de santé de leur père, les six petites princesses de Luxembourg peuvent compter sur leur grand-mère. Elle s'est ainsi chargée personnellement de leur éducation au niveau artistique en leur donnant des cours de dessin. Adélaïde-Marie reçoit aussi souvent la visite de sa fille Hilda, grande-duchesse de Bade, qui a ses appartements à Königstein, d'ailleurs c'est elle qui en héritera après le décès de sa mère. Elle n'en oublie pas pour autant les nécessiteux et n'hésite donc pas à accorder son patronage à diverses œuvres de charité. En 1915, ses productions artistiques furent exposées, les bénéfices étant réservés aux plus démunis.
 
Cortège funèbre
 
La grande-duchesse douairière Adélaïde-Marie s'est éteinte à l'âge de quatre-vingt trois ans en son château le 24 novembre 1916. Un service funèbre  a eu lieu dans l'église du village, en pleine guerre mondiale, en présence de sa famille, d'un fils de l'empereur Guillaume II, des notables des alentours et de la noblesse régionale. Les habitants de Königstein ont pleuré avec sincérité sa disparition et son souvenir reste encore aujourd'hui vivace. Après les funérailles, son corps a rejoint par chemin de fer Weilburg an der Lahn pour être inhumée aux côtés de son époux dans la crypte des Nassau.

 
 
 
Voir l'article sur le diadème au saphir coussin d'Adélaïde-Marie qui a intégré les collections grand-ducale : lien

Source principale : Beate Großmann-Hofmann (Stadarchiv Königstein), « Eine große Wohltäterin Königsteins », Königsteiner Burgfest, 2008, pp. 69-73