23 juillet 2019

La princesse Stephanie de Windisch-Graetz (1939-2019)

Son Altesse Sérénissime la princesse Stephanie, Marie, Eva de Windisch-Graetz est née le 17 juillet 1939 dans la capitale belge. Elle était issue de l’union, célébrée à Bruxelles en 1934, du prince Franz Joseph de Windisch-Graetz (1904-1981) et de la comtesse Ghislaine d’Arschot-Schoonhoven (1912-1997). Sa tante la princesse Stéphanie de Windisch-Graetz (1909-2005) fut choisie comme marraine.

Par son père, la princesse Stephanie était la petite-fille d’Elisabeth-Marie d’Autriche (1883-1963), dite « Erzi » et surnommée l’ « archiduchesse rouge », et l’arrière-petite-fille de la princesse Stéphanie de Belgique (1864-1945) et de l’archiduc Rodolphe d’Autriche (1858-1889). L’empereur François-Joseph Ier et le roi Léopold II étaient donc ses aïeux directs. Sa grand-mère maternelle était quant à elle Eva-Zarouhi Nubar (1883-1973), fille de Boghos Nubar Pacha (1851-1930), grand philanthrope, homme d’affaires qui collabora avec le baron Edouard Empain pour la fondation de la ville d’Héliopolis, et défenseur de la cause arménienne. L’épouse de ce dernier était la princesse MariaeDadian (1855-1925). Boghos Nubar Pacha était d’ailleurs lui-même le fils de Nubar Pacha (1825-1899) qui fut plusieurs fois Premier ministre d’Egypte. Les Nubarian et Dadian, tout comme beaucoup de grandes familles arméniennes, ont servi l’empire ottoman pendant plusieurs générations. Enfin, son grand-père maternel, le comte Guillaume d’Arschot-Schoonhoven (1867-1935), occupa la fonction de chef de cabinet du roi Albert Ier.

En 1947, âgée de huit ans, ses parents s’installèrent au Kenya, alors encore une colonie britannique. Son père, surnommé « Franzi », put y assouvir sa passion pour la chasse. En 1950, la famille s’agrandit avec l’arrivée d’un frère pour Stephanie : le prince Guillaume de Windisch-Graetz. La famille avait l’habitude de revenir deux fois par an en Autriche. Stephanie étudia notamment en Grande-Bretagne. Par la suite, à l’âge de seize ans, elle s’installa à Vienne, dans le palais familial situé Strohgasse où ses parents s’étaient d’ailleurs installés au tout début de leur mariage. Elle débuta d’abord une carrière de mannequin. 

Le 3 octobre 1966, elle se fiança avec Dermot Blundell-Hollinshead-Blundell, né en 1935, fils de Christian Blundell (1904-1971) et de Helen Guthrie (1905-1989). Descendante directe du roi Henri VII d’Angleterre, la famille Blundell-Hollinshead-Blundell était une importante propriétaire de mines. Dermot passa la guerre au Canada, puis étudia au collège d’Eton et à l’Académie royale militaire de Sandhurst. A l’issue de sa formation, il intégra les Grenadier Guards. Il fut en poste plusieurs fois à l’étranger : aide-de-camp pendant deux ans en Nouvelle-Zélande, commandant d’une compagnie de grenadiers aux Emirats arabes unis, commandant du second bataillon des Grenadier Guards à Hong Kong, et prit également en charge une équipe de formation de l’armée britannique au Soudan. L’union fut célébrée le 16 février 1967 à Londres. 

Deux fils sont issus de ce mariage : Henry, né le 3 novembre 1967 à Londres, et Alexander Otto, né le 7 août 1969 à Vienne. Le couple divorça néanmoins en 1973. A propos de l’échec de son mariage, la princesse Stephanie confia : « Je ne suis pas du genre que l'on tient en laisse ». De son côté, son ex-époux se remaria et poursuivit sa carrière militaire : promu brigadier, il devint ensuite chef d’état-major du district de Londres et commandant de la 56ème brigade de Londres. Retraité, il s’installa dans le Worcestershire. Continuant à s’intéresser aux affaires militaires, il fut le président national de l’Association des Grenadier Guards. Il est décédé en 2009 des suites d’une longue maladie. 

Après son divorce, Stephanie poursuivit dans le mannequinat, notamment pour Vogue à Londres. Approchée par le photographe Richard Avedon, elle refusa le contrat qu’il lui avait proposé. En 2005, elle avait raconté au magazine flamand Humo qu’ « il était furieux lorsque j’ai refusé, mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Si j’avais commencé à travailler pour lui, j’aurais dû déménager à New York. J’étais divorcée et j’avais deux petits garçons que je n’aurais pas pu élever seule à New York. Dans les années 1970, les meilleures mannequins travaillaient vraiment pour un salaire de misère : la couverture de Vogue ne vous rapportait pas plus de 175 euros ». La mannequin devint alors reporter-photographe, ce qui l’amena à se rendre dans nombre de pays d’Europe occidentale, aux Etats-Unis, ainsi qu’en Inde, au Népal et au Brésil. 

Photographie de la grande-duchesse
Leonida de Russie par la princesse
Stephanie de Windisch-Graetz
Véritablement passionnée par l’art de la photographie, la princesse Stephanie eut l’occasion de tirer les portraits de membres du gotha ou de l’aristocratie, comme la comtesse Isabelle de Paris ou la grande-duchesse Leonida de Russie. Pour ses modèles, elle utilisait une technique particulière consistant à les éclairer à la seule lueur des chandelles, obtenant ainsi de surprenants effets de clair-obscur. Elle avait été commissionnée par la Metro-Goldwyn-Mayer à Vienne pour photographier de célèbres acteurs, tels qu’Olivia de Haviland ou Ursula Andress. Ces photographies furent d’ailleurs exposées au Musée des arts appliqués à Vienne en 1979. 

En 1976 et 1977, la princesse Stephanie explora le Cachemire et mena des expéditions au Ladakh. Elle s’était d’ailleurs déjà rendue en Afghanistan pour y suivre la transhumance des troupeaux nomades pachtoun. Son père décéda en 1981 à Nairobi. Elle effectua alors plusieurs voyages avec sa mère dans le nord de l’Inde et au Népal pour y étudier l’ethnographie des ces peuplades et de leurs religions. Elles publièrent ensemble en 1982 l’ouvrage « Trésors de l’Himalaya. Cachemire, Ladakh, Népal ». La mère signa le texte qui accompagnait les photographies de la fille. En 1988, les photographies de la princesse Stephanie illustrèrent l’ouvrage « Die Magie der Stille: Mein Leben als Pantomime » écrit par le mime israélien Samy Molcho. 

Photographie choisie par sa famille pour illustrer
son souvenir mortuaire
Lors d’un passage par les îles Farne, au large du Northumberland, la photographe se découvrit une nouvelle passion à la vue des milliers d’oiseaux qui y vivaient : la peinture. Elle se concentra sur la peinture des oiseaux de proie qu’elle appréciait particulièrement. Elle recueillit d’ailleurs un jour un faucon aveugle dans son appartement bruxellois... Une rencontre avec le biologiste et zoologiste autrichien Konrad Lorentz l’encouragea d’ailleurs à poursuivre dans cette voie artistique. Avec le temps, la princesse Stephanie peigna d’autres prédateurs du monde animalier, comme le loup, l’ours ou les fauves. Plusieurs de ces œuvres ont été exposées, comme au Musée de la Chasse et de la Nature à Paris. 

En 1986, la princesse Stephanie créa à Amsterdam la Fondation Windisch-Graetz. Sensible à la souffrance et à la détresse d’autrui, et particulièrement à celle des enfants, elle voulait faire de cette fondation un centre culturel et humanitaire européen. Comme satellite de cette fondation, elle fonda également en 1992 « Cliniclowns », un concept inspiré de ce qui se faisait aux Etats-Unis, c’est-à-dire l’utilisation du rire comme thérapie pour les enfants hospitalisés, atteints d’une maladie grave ou chronique. Elle fut aussi à l’origine de l’association « Enfants sans Frontières » qui encourageait toute action secourant les enfants nécessiteux, victimes de catastrophes naturelles, de guerres, génocides, embargos, agressions, sévices, exploitation ou abandon. Dans ce cadre, des projets humanitaires virent le jour pour les enfants des rues en Russie, en Mongolie, ainsi qu’en Asie centrale. Des projets concernèrent également l’Irak où elle se rendit en juin 1995, en compagnie d’Alain Lejeune, à l’époque vice-président de la Croix-Rouge de Belgique. Ce dernier effectuait le déplacement afin d’écrire un rapport sur la situation dans ce pays alors touché depuis 1990 par un embargo. De retour en Belgique, la princesse Stephanie fit part à la presse de son indignation face à la situation humanitaire irakienne, et particulièrement face au sort réservé aux enfants. 

En septembre 1988, la princesse Stephanie acheta le château de Bierbais à François-Xavier Le Fevere de Ten Hove. Cette grande demeure néo-classique datant du XVIIIème siècle, située à Hévillers dans le Brabant wallon, avait été classée en 1977. La nouvelle propriétaire acquit également quelques années plus tard la tour sarrasine, située face à l'édifice. Elle racontait en 1992 au Soir : « J'avais lu une annonce dans un magazine : « Château Louis XVI à vendre ». C'était une ruine. Un château de conte de fées tombé en quenouille. Mais quel lieu. Une extraordinaire tour sarrasine (templière), une merveilleuse orangerie (d'un son parfaitement pur), d'immenses caves romanes voûtées (du XIe siècle), etc. C'était une grande maison avec une âme ». Au moment de l’acquisition, le château était dépourvu de tous ses carreaux aux fenêtres et le toit manquait à l’orangerie. Son fils Alexander précisait alors : « On a vécu quatre ans sans chauffage et huit mois sans électricité. On a même dormi ici avec une température de moins 10 degrés ! ». Il n’y avait pas non plus de cuisine, alors « le soir on se préparait à manger dans la grande cheminée. Quelle galère. Mais c'est comme ça que le château est devenu la maison des artistes dont je rêvais » racontait la propriétaire des lieux.

Le château a été peu à peu rénové, grâce à l’aide de ses fils, d’amis, de nombreux artisans venus de l’Europe de l’est, mais aussi en contractant de nouveaux emprunts. L’intérieur a été embelli par des œuvres d’art, autant d’héritages familiaux, comme des pièces qui se trouvaient jadis au palais de Schönbrunn. La princesse Stephanie désira que cet écrin, à la fois occidental et oriental, soit voué à l’art et à la culture. On y retrouvait alors une salle orientaliste, un salon anglais, un boudoir italianisant, un salon africain, une salle à manger à la française grand style ou encore un salon émeraude. Elle indiqua en 1992 à la presse : « Je voulais aussi recréer l'ambiance des salons cosmopolites du XVIIIème, où l'on prenait le temps de réfléchir en renouant les liens naturels entre l'art, la science et la société... ». La princesse Stephanie installa également les sièges sociaux de la Fondation Windisch-Graetz et de ses deux autres associations à Bierbais. Le château fut d’ailleurs proposé à la location pour y organiser réceptions, séminaires ou mariages afin de couvrir les frais, mais aussi pour financer ses associations. Divers événements y furent également organisés : soirée russe, exposition consacrée au peintre belge Marcel-Louis Baugniet, concert du lauréat du Concours Reine Elisabeth en 1987 Andreï Nikolsky, etc. La princesse Stephanie caressa aussi le projet d’y accueillir des enfants défavorisés.

Photo : AWAP Patrimoine


Mais en 1995, ce projet d’une vie se transforma en bataille juridique. Pour l’achat du château de Bierbais, outre sa fortune personnelle, l’héritage familial, le mécénat, la princesse Stephanie dut emprunter une vingtaine de millions de francs belges à la Générale de Banque et à la banque Anhyp. La rénovation du château a quant à elle coûté plusieurs dizaines de millions de francs. Mais sept ans plus tard, l’arrière-arrière-petite-fille de Léopold II n’avait remboursé ni son emprunt, ni les intérêts, et sa dette s’élevait à plus de 30 millions. La banque Anhyp, alors en pleine tourmente, décida de réaliser son hypothèque. Le château fut proposé une première fois en vente publique, mais les 23 millions proposés par l’acheteur furent refusés par la banque. Lors de la deuxième vente, le 16 octobre, la somme atteinte fut de 25,6 millions. Mais la princesse Stephanie en espérait presque le double… D’autant plus qu’avec cette somme, il lui restait encore une créance d’au moins 10 millions ouverte auprès d’Anhyp. Son avocate demanda l’annulation de cette vente publique devant le juge des saisies de Nivelles. Le 31 janvier 1996, déboutée, elle porta le dossier en appel. De nouveau déboutée et le délai de pourvoi en cassation ayant expiré, elle se vit présenter un procès-verbal d’expulsion en 1997. 

Par ailleurs, son association « Cliniclowns » fut dissolue par décision du tribunal correctionnel. A la suite de tensions entre la fondatrice, les administrateurs, les clowns et les médecins hospitaliers, un administrateur provisoire avait déjà dû être désigné en janvier 1996. Finalement, un expert-comptable avait découvert d’évidentes malversations. La série noire continua puisque, le 6 mars 1997, sa mère s’éteignit à Namur. La princesse Franz Joseph avait d’ailleurs vécu en partie avec sa fille et ses petits-fils au château de Bierbais. La princesse Stephanie expliquera plus tard à un journaliste : « A la mort de ma mère, je n’avais plus rien. J’ai fait des soins palliatifs chez des personnes âgées ». Elle fut également contrainte de s’adresser à un centre public d’action sociale. A partir de ce moment, elle bénéficia d’un revenu d’insertion sociale et occupa un petit appartement à Bruxelles, puis à Saint-Gilles, dans un ancien atelier de couture. 

Sa mère la princesse Franz Joseph de Windisch-Graetz, née comtesse Ghislaine
d'Arschot-Schoonoven (1912-1997), posant dans son appartement viennois en
1990 devant un tableau de l'archiduchesse Elisabeth-Marie d'Autriche et un
portrait de son époux alors enfant

La presse continua à s’intéresser épisodiquement à cette princesse, cousine éloignée de la famille royale belge, souvent présentée comme celle qui serait devenue Reine des Belges si les femmes avaient été autorisées à accéder au trône dès 1831. Mais il appartient cependant de reconnaître que, même si la loi salique n’avait jamais existé, les princesses Louise et Stéphanie, filles du roi Léopold II, auraient sans doute épousé d’autres partis, et leur descendance serait tout autre. Au moment de la Question Royale, son nom fut brièvement soulevé pour succéder au roi Léopold III. Âgée alors d’une dizaine d’années, cette idée fut très rapidement écartée. De toute façon, la princesse Stephanie confiait à qui voulait l’entendre qu’elle n’avait jamais envié un tel destin. Son originalité et sa liberté avaient d’ailleurs été encouragées par son père. Son titre princier, elle estimait « qu’il faut le regagner à travers sa vie ». Elle déclara dans La Libre Belgique que « par respect pour la monarchie actuelle, elle ne souhaitait pas soulever de polémique à ce sujet », précisant qu'elle n'avait aucun contact avec la famille royale. En 2014, elle reconnut qu’ « elle n'aimait pas ces rois sans pouvoir », les comparant à des « des figures pathétiques dans une cage dorée ». 

Le 31 juillet 2000, son fils aîné, Henry, épousa à Ixelles Lisa Abadjian, née à Uccle en 1966, fille d’Ohannes Abadjian (1922-1998), originaire du Liban, et de Sonia Yeghiayan, née en 1934 à Alexandrie. Le mariage religieux fut célébré le 2 août en l’église Saint-Jacques-sur-Coudenberg à Bruxelles, là-même où se déroula en 1933 le mariage de la grand-tante du marié, la princesse Stéphanie de Windisch-Graetz, avec le comte Pierre d'Alcantara de Querrieu. Le couple, qui est aujourd’hui séparé, a eu trois enfants : Eleonore née le 18 décembre 2002 à Ixelles et Bryan né le 26 octobre 2005 à Bruxelles. Son fils Alexander Otto s’est quant à lui marié avec Ann-Charlotte, née en 1970 à New York, fille du vicomte Charles Le Sellier de Chezelles et d’Hermine Boulais. L’union civile s’est déroulée le 29 mars 2004 à Lierville, où la famille de la mariée possède le château du Boulleaume. Le mariage religieux eut pour cadre la capitale autrichienne le 8 mai. Cette union donna trois petits-enfants supplémentaires à la princesse Stephanie, tous nés à Uccle : Elisabeth-Marie le 9 août 2005, Otto le 16 septembre 2007 et Hermine le 27 mai 2011. Par arrêté royal du 19 août 2011, Alexander et ses deux premiers enfants Elisabeth-Marie et Otto furent « autorisés, sauf opposition en temps utile sur laquelle il sera statué, à substituer à leur nom patronymique celui de « de Windisch-Graetz », après l'expiration du délai de soixante jours à compter de la présente insertion ». De cette manière, la « branche » belge des Windisch-Graetz pourra subsister en Belgique. 

Malgré ses revers de fortune, la princesse Stephanie poursuivit son soutien en faveur de causes et de projets qui lui tenaient à cœur. Elle continua surtout à peindre, et à exposer de temps à autre ses œuvres lors d’expositions. En 1998, elle inaugura à l'espace Cardin à Paris une vaste exposition consacrée à son arrière-arrière-grand-mère l’impératrice Elisabeth d’Autriche, à l’occasion du centenaire de son décès. Lors d’une rencontre avec un journaliste, elle expliqua qu’elle n’avait pas gardé beaucoup de traces de ses ancêtres, à l’exception de quelques photographies. Mais elle précisait : « On se reconnait génétiquement par le caractère, avec certains. Cette espèce de soif de voyage, je la tiens de Sissi l’impératrice d’Autriche ». 

En 1998 devant un tableau de l'impératrice Elisabeth d'Autriche, aux côtés de
son cousin l'archiduc Markus d'Autriche et de son fils Henry

En 2012, elle fut associée à plusieurs événements célébrant les 50 ans de la communauté turque en Belgique organisés par la Fédération des Associations actives de Belgique. La princesse Stephanie se rendit plusieurs fois en Turquie, elle qui avait un grand intérêt pour le soufisme et l'art islamique. A l’issue de la visite d’une exposition d’un photographe turc en 2011, elle avait d'ailleurs commenté : « J’ai retrouvé, comme petite fille, une partie de ce que m’ont raconté mes oncles et ma grand-mère. Nous faisions justement partie du côté de ma mère de l’Empire ottoman ». La princesse Stephanie avait d’ailleurs un jour indiqué : « Dans ma famille, quatre différentes religions sont présentes. Ça n’a jamais causé de problème ou de dispute. Je ne comprends vraiment pas pourquoi les gens ont du mal à s’entendre entre-eux ». Au travers de sa fondation, elle avait d’ailleurs favorisé la création d’un espace de rencontre entre l’Orient et l’Occident nommé « Tchaïkhana », emprunté du terme qui signifie « maison de thé » en ouzbek.


En mars 2012, à l’invitation de l’Association pour l’amitié belgo-turque, elle participa à un voyage culturel à Bursa, l’ancienne capitale de l’empire ottoman, et à Istanbul. Au cours de la première étape, elle visita notamment les mausolées des premiers membres de la dynastie ottomane et un déjeuner fut offert en son honneur par le maire. A Istanbul, elle rencontra l’imam de la Mosquée bleue, ainsi que Bartholomée Ier, archevêque de Constantinople, nouvelle Rome et patriarche œcuménique. Après la visite du palais de Topkapi, elle dîna le soir avec le prince Şehzade Osman Selaheddin Vâsib Osmanoğlu, arrière-petit-fils des sultans Mehmet V et Murad V. Au mois de mai, elle assista à un concert de musique soufie dans un centre culturel turc à Bruxelles où elle rencontra le ministre turc de la Culture et du Tourisme Ertuğrul Günay.

Dîner avec le prince Şehzade Osman Selaheddin Vâsib Osmanoğlu
Photo : Beltud
Avec Sa Toute Sainteté Bartholomée Ier
Photo : Beltud

La princesse Stephanie s'exprimant devant les médias
azéris lors de sa visite à Qabala
Photo : Gulustan Info
En 2011, elle fut invitée à exposer ses photographies en Azerbaïdjan. L’année suivante, les 4 et 5 octobre, elle participa au Forum humanitaire international à Bakou en tant que présidente de la Fondation Windisch-Graetz. Avant ce rendez-vous qui réunissait également d’anciens chefs d’Etat et diverses personnalités internationales, elle visita Qabala, l’une des plus anciennes villes du pays. Du 29 mai au 1er juin 2013, elle revint à Bakou pour le IIe Forum mondial sur le Dialogue interculturel intitulé « La coexistence en paix dans le monde multiculturel ». De retour en Belgique, elle intervint le 19 juin 2013 lors de la conférence « Constructive Dialogue in an Age of Conflict » organisée au Parlement européen par l’International Relations Consulting Network and Lobbying. Accordant son haut patronage au Bal annuel de printemps de l’Association de la Noblesse russe d’Amérique, elle effectuait parfois des visites sociales, parfois relayées par la presse locale, comme en 2014 à l’ASBL Ricochet à Leernes, une institution accueillant des enfants handicapés alors menacée de fermeture. Elle désirait témoignait de son soutien à cette structure qui s’était vue retirer les 2/3 de ses subsides et qui ferma finalement ses portes quatre mois plus tard.

Visite à l'ASBL Ricochet à Leernes en 2014
Photo : Cartoon / Sudpresse

Le prince Laurent en compagnie
de la belle-fille de la défunte,
Ann-Charlotte de Windisch-Graetz
et de l'une de ses petites-filles
La princesse Stephanie est décédée le 12 juillet 2019 à l’hôpital Saint-Pierre à Saint-Gilles, au cours d’une seconde opération cardiaque, quelques jours avant ses 80 ans. Ses funérailles se sont déroulées le 22 juillet en l’église Saint-Jacques-sur-Coudenberg de Bruxelles, en présence du prince Laurent de Belgique. Plusieurs membres de la noblesse avaient fait le déplacement comme le marquis de Trazegnies, le comte Fabrizio Ruffo de Bonneval de la Fare des comtes de Sinopoli de Calabre ou encore le comte Jacques de Lalaing qui aida d'ailleurs à porter le cercueil. Delphine Boël et son époux étaient également présents. Son fils Alexander se chargea de la première lecture, alors que les intentions de prières furent prononcées par les trois petites-filles de la défunte Eleonore, Elisabeth-Marie et Hermine. Ses petits-fils Bryan et Otto se chargèrent de distribuer les images pieuses. A la fin de la cérémonie, son fils aîné Henry lui a rendu hommage, mettant en exergue l’énergie de sa mère dans ce qu’elle croyait et dans ses actes, ainsi que le souci qu'elle avait de l’intelligence de chacun, et ce sans distinction sociale. Deux amis de la princesse Stephanie ont également pris la parole pour lui rendre hommage : le consul honoraire de Slovaquie Gunnar Riebs, qui était également un ami du prince Charles de Belgique, et la réalisatrice Kadija Leclere. A noter que l'image pieuse comportait ce témoignage de la comtesse Laszlo Batthyány de Német-Ujvár : « Stephanie était l’une des personnalités les plus originale, talentueuse et fascinante que j’ai jamais rencontré, ou que j’aurai pu rencontrer. Au revoir ma grande amie, et attends-moi… ». Elle fut ensuite inhumée dans l’intimité familiale au cimetière d’Ixelles.

Photo : Antoine Borighem
Photo : Antoine Borighem


6 commentaires:

  1. Article très intéressant Valentin.Merci.

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  2. Je vous remercie pour cet article très intéressant.

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  3. Un article très intéressant et un magnifique hommage à cette princesse méconnue. Merci Valentin

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  4. Merci pour ce témoignage fort intéressant à propos d’une grande dame.

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  5. Merci pour ce bon article, Stéphanie était une VRAIE princesse contemporaine ! Gil van de WALLE

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  6. J'ai longtemps chercher les descendances des filles de Léopold II---Clémentine, c'est la famille de Louis Napoléon, mais je cherche celle de Louise? merci d'avance

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