Le 2 mai 1816, le prince Léopold de Saxe-Cobourg-Saalfeld épouse la princesse Charlotte de Galles, héritière présomptive du trône britannique. Destiné à devenir un jour prince consort du Royaume-Uni, le prince Léopold est fait field marshal (maréchal) dans l’armée britannique dès le 25 mai 1816. Quelques mois plus tard, le 18 octobre 1816, il devient par ailleurs colonel du 5th (the Princess Charlotte of Wales’s) Regiment of Dragoon Guards, un régiment de cavalerie trouvant son origine au XVIIe siècle et qui fut renommé en 1804 en l’honneur de la princesse Charlotte de Galles. La fonction était vacante depuis quatre jours et le décès du général Thomas Bland. Il ne s'agissait pas du seul régiment nommé en l’honneur de son épouse. En effet, il existait aussi un 49e régiment à pied Princesse Charlotte de Galles.
Dans une lettre (en allemand) du 21 novembre 1816 depuis Claremont destinée à son beau-frère Emmanuel de Mensdorff-Pouilly, époux de sa sœur Sophie, le prince Léopold écrit : « (…) Il y a longtemps que je ne suis plus allé en ville ; je m’y suis rendu deux fois : une fois pour faire une visite au Régent et, la seconde fois, pour prêter serment devant le conseil de la Cité, à laquelle j’appartiens. A l’occasion de ma première visite, on m’a confié un régiment de dragons de la garde qui porte le nom de ma femme et qui était vacant. En ma qualité de colonel de ce régiment, je reçois aussi une paye militaire ; car, en ce pays, chose curieuse, un feld-maréchal, n’exerçant pas un commandement, ne reçoit pas de solde du tout. Il ne faut donc pas être un officier de fortune ; autrement, on pourrait bel et bien mourir de faim. D’ailleurs, même sans cette solde, je n'ai rien à craindre ; et, tenant compte de la situation précaire de nos finances et de l’effervescence générale qu’elle suscite, je suis même fort content que cette charge ne me rapporte rien ; sinon, on m’accuserait de m’enrichir en un pareil moment. Un journal a déjà publié que, par suite de ma charge, je touchais 12 livres sterling par jour. J’ai cependant pris la liberté de faire écrire au journaliste que, étant convaincu qu’il n’aimait pas de publier dans son journal des choses inexactes, j’étais obligé de lui faire remarquer qu’il s’était trompé au sujet de ma solde. Le régiment, qui sera désigné désormais sous le nom de cuirassiers, est très bien ; il est stationné en Irlande et ses couleurs sont écarlate avec du vert clair ».
Après avoir donné naissance à un fils mort-né la veille, la princesse Charlotte de Galles meurt le 6 novembre 1817 à l'âge de 21 ans. Inconsolable, le prince Léopold poursuit sa vie au Royaume-Uni et continue à exercer la charge de colonel du régiment qui, en 1823, est renommé 5th (Princess Charlotte of Wales’s) Dragoon Guards. Le 14 août 1830, le prince Léopold commande personnellement le régiment alors qu’il est passé en revue par le roi George IV, accompagné de la reine Caroline et d’autres membres de la famille royale britannique. Le souverain britannique avait alors demandé à ce régiment de reprendre les charges de la Household Cavalery à Windsor jusqu’au mois d’octobre.
Elu Roi des Belges le 4 juin 1831, le prince Léopold exerce officiellement sa fonction de colonel du régiment jusqu’au 20 juillet 1831, veille de son avènement au trône. Son fils, Léopold II, fera don au Musée de l’Armée du casque du régiment de dragons britannique de son père, accompagné d’un ceinturon, d’une sabretache et d’une giberne du même régiment.
Le 11 août 1915, en pleine Première Guerre mondiale, le roi Albert Ier est officiellement nommé colonel en chef de ce régiment par le roi George V. Quelques jours auparavant, dans une lettre rédigée le 7 août depuis La Panne, le souverain belge écrit :
Cher Cousin,
Je suis profondément touché par votre aimable lettre par laquelle vous m’offrez de me nommer colonel en chef du 5 Dragoon Guards (Princesse Charlotte de Galles).
Je me sens hautement honoré et j’accepte avec un plaisir sincère de voir mon nom associé à celui d’un des plus vaillants régiments de votre splendide armée.
C’était une attention excessivement aimable de votre part de choisir un régiment dont mon grand-père a été colonel en chef.
Je vous remercie de tout cœur pour cette nouvelle expression de votre sympathie envers mon armée et moi-même.
Je vous prie de me rappeler au bon souvenir de la Reine. Elisabeth vous envoie à tous deux ses meilleures salutations et je reste,
Mon cher Cousin,
Votre affectionné Cousin
Albert
Le roi George V et le roi Albert Ier en 1916 à La Panne
Le roi Albert Ier a l’habitude de porter l’uniforme de ce régiment lors de ses entrevues avec le roi George V ou lorsqu’il visite les lignes de front britanniques. Le 27 novembre 1915, il inspecte le régiment alors basé à Frencq (Pas-de-Calais), où sont alors présents le prince Arthur de Connaught – représentant le souverain britannique – et le prince Alexandre de Teck. Du 14 au 17 mai 1917, un détachement de 5 officiers et 120 soldats du régiment sont affectés pour la garde d’honneur du roi Albert Ier qui se trouve alors à Bryas (Pas-de-Calais).
Après la Première Guerre mondiale, le roi Albert Ier a été fait field marshal de l’armée britannique le 4 juillet 1921. L’année suivante, son régiment, incorporant le régiment The Inniskilings (6th Dragoons), devient les 5th/6th Dragoons et perd sa référence à la première épouse de son grand-père. Il demeure toutefois colonel en chef de ce « nouveau » régiment, qui devient en mai 1927 le 5th Inniskilling Dragoon Guards. Le 10 juin 1932, il rend visite à son régiment à Aldershot (Hampshire). Il s’agissait de sa première visite d’après-guerre au régiment. Le roi Albert Ier a offert à celui-ci un portait de lui-même, portant l’uniforme du régiment.
Visite des souverains britanniques en Belgique en mai 1922 Photo : Archives du Palais Royal
17 février 1947
Un détachement du régiment est présent à Bruxelles pour les funérailles du roi Albert Ier le 22 février 1934. Les années suivant son décès, des délégations du régiment se sont parfois présentées à la crypte royale de l’église Notre-Dame de Laeken afin de fleurir son tombeau le 17 février. Peu après son décès, en reconnaissance de l’héroïsme et du sacrifice de l’armée belge pendant la Première Guerre mondiale, son cousin le roi George V a accordé le privilège à l’armée belge de défiler en uniforme et en armes dans les rues de Londres. Aujourd’hui, la Belgique demeure encore le seul pays non membre du Commonwealth à détenir ce privilège qui se concrétise chaque année, une semaine avant la fête nationale belge, par la cérémonie d’hommage aux Belges tombés pendant les deux guerres mondiales ayant lieu au Cénotaphe de Londres. En 2024 d’ailleurs, à l’occasion des 90 ans de cette cérémonie, l’uniforme du régiment britannique du roi Albert Ier a été exposé à la résidence de l’ambassadeur de Belgique, du 2 au 20 juillet. Le 13 juillet, journée des cérémonies, le roi Philippe et la reine Mathilde sont venus, en privé, admirer l’uniforme après la partie officielle.
L'uniforme du roi Albert Ier exposé en 2017 dans le cadre du centenaire de la bataille de Passchendaele Photo : Michel Jaupart
Le 30 mars 1937, le roi Léopold III est désigné comme colonel en chef du régiment, devenu deux ans plus tôt le 5th Royal Inniskilling Dragoon Guards. A la fin de l’année, il profite d’un voyage officiel à Londres pour rendre visite à son régiment stationné à Colchester (Essex), visite relatée par les actualités cinématographiques de l'époque.
Lette du vicomte Gatien du Parc du 22 avril 1947 écrite à Prégny (Suisse), où le roi Léopold III se trouve alors en exil, exprimant les remerciements du souverain
pour la réception du journal du régiment
auquel il est « très attaché»
Le 21 mai 1938, le roi Léopold III inaugure la rosace offerte initialement au roi Albert Ier, se trouvant sur la façade sud du transept de la cathédrale Saint-Martin à Ypres. Cette rosace hexadécagonale a été financée par souscription de l’armée britannique, et en particulier par le régiment 5th Royal Inniskilling Dragoon Guards. Le cercle extérieur de cette rosace représente d’ailleurs les armoiries de la Belgique, de l’armée britannique, de la Royal Air Force et du régiment duquel le roi Albert Ier était colonel en chef. Le jour-même, un grand mémento sur panneau de bois a été inauguré à l’intérieur de l’édifice religieux rendant hommage (en anglais) « à la mémoire d’Albert Ier, Roi des Belges, Chevalier de la Jarretière, Maréchal de l’armée britannique et chef du 5th Royal Inniskilling Dragoon Guards ».
Malgré son abdication en 1951 et la controverse entourant son attitude durant la Seconde Guerre mondiale, le roi Léopold III a conservé cette fonction au sein de l'armée britannique. Le 25 octobre 1955, un détachement de 2 officiers et de 70 hommes de ce régiment se rend d'ailleurs à Namur à l’occasion de l’inauguration par le roi Baudouin du monument au roi Albert Ier. A cette occasion, le roi Léopold III a reçu au château de Ciergnon le capitaine Findlay, commandant de ce détachement.
En mai 1956, le roi Léopold rend d’ailleurs à nouveau visite à son régiment basé à Enniskillen (Irlande du Nord). Le 11 mai, il déclare ouvert une fête de la légion britannique à Lisnaskea, avant de rejoindre le château de Coole, où il est l’invité de lord et lady Belmore. Le lendemain, le souverain se rend à Enniskillen. Il porte alors la tenue de gala du régiment : tunique bleu roi sur pantalon vert bouteille, à bande argentée, képi à fond vert et épaulettes en mailles d’acier, sans oublier l’écharpe de l’Ordre de la Jarretière et le sabre. Le roi Léopold passe d’abord les troupes en revue avant de prendre place en tribune et d’accepter la citoyenneté d’honneur de la ville offerte au régiment. La cérémonie s’est terminée par un défilé du régiment précédé de son étendard et de sa musique. Ensuite, un déjeuner l’attendait à l’hôtel de ville où il a dévoilé une plaque en mémoire du capitaine Lawrence Oates, ancien du régiment, décédé lors d’une expédition en Antarctique en 1912. Le roi Léopold poursuit ensuite son séjour à Londres, où il rencontre la reine Elizabeth II, ainsi que le premier ministre Anthony Eden.
Le 14 juin 1964, le roi Léopold se rend à nouveau à Enniskillen, cette fois-ci accompagné de son épouse la princesse Lilian. Ils assistent notamment à une cérémonie au sein de la cathédrale Saint-Macartin. Lors de celle-ci, le roi Léopold, cette fois-ci habillé en civil, est invité à remettre l’ancien étendard, présenté au régiment en 1938 lors du dernier défilé à cheval avant de devenir un régiment mécanisé, afin qu’il demeure au sein de l’édifice religieux. La journée a aussi été marquée par un déjeuner offert à l’hôtel de ville. Le couple logeait à Ely Lodge, propriété du 5e duc de Westminster. Ils ont poursuivi leur séjour en Irlande du Nord, à Portrush et Belfast, s’adonnant à la pratique du golf, avant de se rendre en Angleterre. Ils ont également effectué une visite de courtoisie au château de Windsor.
1964
Depuis la Belgique, le roi Léopold III entretient des contacts avec son régiment. A plusieurs reprises, il reçoit dans ce cadre au domaine d’Argenteuil. En juillet 1963, il invite même les membres de l’équipe de golf du régiment et leurs épouses pendant trois jours au château de Ciergnon. Une partie de golf est d’ailleurs organisée au Golf Club du Château d'Ardenne, propriété de la Donation Royale, avec des membres de l’équipe de golf du 1er régiment de guides. Le 29 mai 1973, un détachement du régiment est venu à Courtrai rendre les honneurs à l’occasion des cérémonies des combats de mai 1940.
Photo de groupe prise par le roi Léopold en 1963 à Ciergnon, sur laquelle son épouse la princesse Lilian et ses filles Marie-Christine et Esméralda sont identifiables
Il est également à noter que, dans son ouvrage sur le domaine d’Argenteuil, Michel Verwilghen relate ceci, sur fond de rupture déjà bien consommée entre Laeken et Argenteuil : « Les contacts avec le prince de Liège demeurèrent plus rares, mais entre père et fils cadet, il y eut aussi, à la fin des années septante et au début des années quatre-vingt, des échanges de lettres cordiales. (…) Un seul autre exemple suffira, ici aussi, par identité de motif. Il est d’autant plus démonstratif qu’il date de quelques mois avant le décès du roi Léopold. C’est une lettre manuscrite par laquelle le prince Albert annonce à son père que Philippe (filleul du roi Léopold) a terminé sa formation militaire et qu’il séjournera en Angleterre pour suivre des cours à Oxford. Le programme de ce séjour a été bien préparé, avec la collaboration de la Cour d’Angleterre. Il est notamment envisagé que le prince Philippe assiste à un banquet au 5e Inniskilling Dragoon Guards, dont Léopold III est Colonel-in-Chief. C’est la raison pour laquelle Albert écrit à son père : il tient à l’en avertir lui-même car il ne désire pas que le parrain de Philippe apprenne cette nouvelle par la presse. Ce geste plein de tact dut plaire au château d’Argenteuil. Certes, il eût été plus normal que Philippe aille chez son grand-père, pour apprendre par lui comment un roi des Belges était devenu colonel en chef d’un régiment britannique. Mais voilà, des raisons politiques excluaient les rencontres spontanées entre la branche familiale appelée à régner et celle qui avait régné… » (p. 345).
Le 1er octobre 1983, un détachement du régiment est envoyé à Bruxelles afin de former une haie d’honneur sur les marches de l’église Saint-Jacques-sur-Coudenberg à l’occasion des funérailles du roi Léopold III.
La princesse Anne posant en 2014 à la résidence de l'ambassadeur belge au Royaume-Uni avec en arrière-plan un tableau représentant le roi Albert portant son uniforme britannique Photo : Ambassade de Belgique au Royaume-Uni
Avec ce décès a cessé la relation entre ce régiment de l’armée britannique et la famille royale belge. La charge honorifique de colonel en chef ne fut pas reprise par un de ses membres, bien que le roi Baudouin eût été nommé le 14 mai 1963 au rang honoraire de Air Chief Marshal au sein de la Royal Air Force par la reine Elizabeth II. C’est un membre de la famille royale britannique qui a repris en 1985 la charge honorifique de colonel en chef du 5th Royal Inniskilling Dragoon Guards : Charles, prince de Galles. En 1992, le régiment a fusionné avec les 4th/7th Royal Dragoon Guards, donnant ainsi naissance à un nouveau régiment : The Royal Dragoon Guards. En 2023, le roi Charles III a cédé la fonction de colonel en chef de ce régiment à son frère le prince Edward, duc d’Edimbourg.
Sources :
- CLEEREMANS Jean, « Léopold III, homme libre. Chronique des années 1951 à 1983 », Braine l’Alleud, 2001
- POMEROY Ralph Legge (major), « The Story of a Regiment of Horse. Being the Regimental History from 1685 to 1922 of the 5th Princess Charlotte of Wales’ Dragroon Guards », Londres-Edimbourg, volumes I et II, 1924
- PURAYE Jean et LANG Hans-Otto, « Lettres de Léopold Ier », Liège, 1973
- THIELEMANS Marie-Rose et VANDEWOUDE Emile, « Le Roi Albert au travers de ses lettres inédites 1882-1916 », Bruxelles, 1982
- VAN DUYSSE Hermann, « Catalogue des armes et armures du Musée de la Porte de Hal », Bruxelles, 1897
- VERWILGHEN Michel, « Le mythe d’Argenteuil. Demeure d’un couple royal », Bruxelles, 2006
- Ambassade de Belgique au Royaume-Uni
- Musée Royal de l’Armée et de l’Histoire Militaire
- Bulletins d'information du 5th Royal Inniskilling Dragoon Guards (accessibles via le site RCM Collection)
Marie du Rosaire Rose (dite « Rosario ») de Lambertye-Gerbéviller est née le 14 octobre 1922 dans le VIIIe arrondissement de Paris, plus précisément dans l’hôtel particulier de ses parents situé au numéro 51 de l’Avenue Montaigne. Ses parents sont le marquis Charles de Lambertye-Gerbéviller (1883-1940), appartenant à la plus ancienne noblesse lorraine, et Lina (Lorraine) Sancho-Mata y Contreras (1896-1991), de nationalité espagnole.
Acte de naissance de Marie du Rosaire Rose de Lambertye-Gerbéviller
Son père a fait carrière dans la marine et eut l’occasion de beaucoup voyager à travers le monde. Il a combattu durant la Première Guerre mondiale. Affecté à une brigade de fusiliers marins engagée dans la défense de Dixmude, il fut blessé grièvement en octobre 1914 par un coup de baïonnette, ce qui lui valut d’être nommé chevalier de la Légion d’honneur (il sera promu officier en 1935) et titulaire de la Croix de guerre 1914-1918 avec palmes. En décembre 1917, le Quai d’Orsay l’envoya en mission spéciale auprès de l’ambassade de France à Madrid avec le prince de Beauvau-Craon. L’Espagne n’était pas un pays étranger pour lui : il y était né et sa mère était une Espagnole issue d’une famille fortunée, Maria Virtudes Martinez de Irujo y del Acázar (1852-1940), fille du 2ème Marquis de Casa Irujo (1802-1855) et de la 7ème Duchesse de Sotomayor (1826-1889). C’est d’ailleurs en Espagne qu’il rencontra, durant sa mission diplomatique, celle qui deviendra son épouse à l’issue des hostilités. En effet, le 19 mai 1919 dans la capitale espagnole, il s’unit avec Lina Sancho-Mata y Contreras, issue d’une famille de la grande bourgeoisie d’affaires de Madrid. Le couple eut trois filles : Gabrielle née à Biarritz, puis Rosario et Léontine, nées toutes deux à Paris respectivement en 1922 et en 1925.
Ses parents
A sa naissance, son père poursuivait alors sa carrière en Espagne où il était attaché naval adjoint à l’ambassade de France à Madrid. En plus de Paris, la famille vivait naturellement aussi rue d'Alcalá, une importante artère madrilène. En 1908, à seulement 25 ans, son père avait hérité du château de Gerbéviller, un domaine de 800 hectares situé en Meurthe-et-Moselle. A partir de 1921 et poussé par son épouse, le marquis Charles va s’atteler à la reconstruction, dans des proportions plus modestes, avec l’appui de l’architecte Albert Laprade, de cet édifice incendié le 24 août 1914 par les troupes allemandes. En mars 1925, la famille, qui logeait lors de ses séjours à Gerbéviller dans le bâtiment des communs reconstruit en 1919, put enfin emménager dans le château reconstruit.
En 1939, ayant alors le grade de capitaine de frégate, son père a été nommé commandant du front de mer de Calais. Durant ses fonctions, il eut l’occasion de recevoir le Duc de Windsor, alors major-général rattaché au Corps expéditionnaire britannique envoyé en France. Le 26 mai 1940, le marquis Charles est décédé pour la France. Sa veuve est partie se réfugier en Espagne. Après avoir été brièvement occupé par les Allemands, le château de Gerbéviller fut occupé quelques semaines par le général Leclercq et son état-major.
A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, la marquise Charles est venue se réinstaller à Gerbéviller ; elle prit en main la gestion du patrimoine familial et devint exploitante agricole. Alors que son époux fut membre du conseil municipal, celle que les habitants et ses filles appelaient « La Marquise » a occupé le poste de maire de Gerbéviller de 1954 à 1965.
Le 11 mars 1942, Rosario de Lambertye s'est mariée dans le XVIe arrondissement de Paris avec un Belge, le prince Jean-Charles de Ligne, né le 16 juin 1911 à Bruxelles, fils unique du prince Henri de Ligne (1881-1967) et de la princesse Charlotte de La Trémoïlle (1892-1971). Suite au décès accidentel et prématuré en 1933 de son oncle maternel le prince Louis de La Trémoïlle, il fut autorisé à adjoindre « La Trémoïlle » à son patronyme le 20 décembre 1934 par décision du roi Léopold III ; créant ainsi une branche cadette au sein de la Maison de Ligne. Ce prince, alors sous-lieutenant de cavalerie, avait pris part à la Campagne des Dix-Huit Jours en mai 1940. Fait prisonnier lors de la reddition de l’armée belge, il réussit à s’évader et à passer en Angleterre où il a rejoint l’armée canadienne. Il a participé au débarquement en Normandie en 1944, puis aux campagnes visant à libérer la Belgique et les Pays-Bas, puis servit encore en Allemagne. Il fut décoré par le Royaume-Uni de la Médaille de la Défense 39-45 et de la France-Germany Star.
Bal en 1950 De g. à d. : la princesse Jean-Charles de Ligne La Trémoïlle, Mme Bertrand de La Haye-Jousselin et la princesse Armand d'Arenberg Photo : Robert Doisneau
De cette union sont nés trois enfants : la princesse Hedwige, née le 18 février 1943 à Madrid, le prince Charles-Antoine, né le 30 septembre 1946 à Paris, et la princesse Nathalie, née le 22 septembre 1948 à Paris. Le prince et la princesse Jean-Charles, domiciliés sur l’Avenue Foch, formaient un couple en vue dans la capitale française, invités des dîners et bals. En 1967, le prince Jean-Charles a hérité du château d’Antoing, situé dans le Hainaut, en Belgique ; une demeure appartenant depuis 1634 à la Maison de Ligne. Par le biais de l’héritage des La Trémoïlle, le couple jouissait également du château de Serrant, situé à Saint-Georges-sur-Loire, non loin d’Angers. Le couple s'est consacré à la restauration de ce château, demeure essentiellement de style Renaissance, remontant au XVIe siècle. En 1954, le château fut ouvert au public. C’est essentiellement à la belle saison que le couple y posait ses valises, accueillant parfois des hôtes illustres. Ainsi, du 12 au 15 mai 1981, la reine-mère Elizabeth logea au château de Serrant, lors d’un de ses fréquents voyages privés en France. La princesse Jean-Charles lui céda alors sa chambre.
Visite de la reine-mère Elizabeth à Serrant en 1981
A l’instar de sa mère qui publia en 1975 ses Mémoires, la princesse Jean-Charles publia en 1997 sous le nom de « Rosario de Lambertye » un livre intitulé Entre deux… aux éditions Kailash ; un ouvrage malheureusement impossible à dénicher aujourd’hui. Elle est d'ailleurs restée attachée aux terres de Gerbéviller où sa mère est décédée en 1991. Le château est alors passé à sa sœur Gabrielle, épouse du prince Armand d’Arenberg. La princesse Jean-Charles et ses deux sœurs, épaulées par leurs descendants, ont d’ailleurs continué de gérer le groupement forestier familial ayant son siège au château de Gerbéviller, constitué avec leur mère en 1967, source de revenus non-négligeables.
Le prince et la princesse Jean-Charles posant au château de Serrant en 1990
En 1966, sa fille Hedwige a épousé au château d’Antoing le prince Charles-Guillaume de Merode (1940). Le couple a eu deux fils. L’aîné, Frédéric (1969), travaillant dans la finance, s’est marié à Hannah Robinson (1971), de nationalité britannique. Ils sont les parents de Félix (2000) et Isabelle (2002). Le cadet, Emmanuel (1970), est célèbre pour ses activités d’anthropologue et de primatologue, conservateur du parc national des Virunga en République démocratique du Congo. Marié à la paléontologue kenyane d’origine britannique Louise Leakey (1972), il est le père de Seiyia (2004) et d'Alexia (2006).
Mariage de la princesse Hedwige
En 1971, son fils le prince Charles-Antoine s’est marié avec lady Moira Forbes (1951), fille du 9ème Comte de Granard (1915-1992) ; union qui s’est terminée par un divorce en 1975. En 1976, il s’est remarié avec la princesse Alyette de Croÿ-Roeulx (1951), fille du prince Rodolphe de Croÿ (1924-2013) et d’Odile de Bailleul (1926-2019), fille de marquis. Le couple a donné naissance à deux fils : Edouard (1976), hommes d’affaires, et Charles-Joseph (1980), photographe et peintre à Paris. Les deux petits-fils de la princesse Jean-Charles se sont tous deux mariés à Antoing. L’aîné a épousé en 2009 Isabella Orsini (1974), une actrice italienne. Trois enfants sont nés de cette union : Althéa (2010), Athénais (2014) et Antoine (2019). Le prince Charles-Joseph s’est marié en 2010 avec une Chinoise, Ran Li (1984), fille d'un maire de la province de Guangdong. Le couple a donné naissance à un fils, Amedeo (2012). Après un nouveau divorce en 2002, le prince Charles-Antoine s’est remarié en 2011 avec Angelina Askeri (1983), de nationalité russe. De cette troisième union est née une fille prénommée Arielle (2012).
Mariage du prince Charles-Antoine avec lady Moira Forbes
Le prince Charles-Antoine et sa seconde épouse, la princesse Alyette de Croÿ-Roeulx
En 1973, sa fille Nathalie s'est mariée au château de Serrant avec le prince Alain de Polignac (1940), fils du prince Edmond de Polignac (1914-2010) et de Ghislain Brinquant (1918-2011). Le couple a eu deux enfants. Le prince Ludovic de Polignac (1974), célibataire, est directeur général et associé fondateur d’une société d'affaires. La princesse Diane de Polignac (1976) est quant à elle galeriste d'art à Paris. Veuve de Khalil Boisson de Chazournes (1972-2016), avec qui elle a eu une fille prénommée Ariane, elle est aujourd’hui remariée au baron Stanislas de Nervo. Le 22 septembre 1992 à Paris, le jour de ses 44 ans, la princesse Nathalie s’est malheureusement donnée la mort après des complications médicales.
Le 9 juillet 2005, le prince Jean-Charles est décédé au château de Serrant. Ce dernier passa alors à sa fille Hedwige, tandis que le château d’Antoing passa au prince Charles-Antoine en tant que chef de la branche cadette de la Maison de Ligne.
Le prince Jean-Charles et sa fille, Hedwige, au château de Serrant en 1990
Les années passant, la princesse Jean-Charles a essentiellement partagé sa vie entre Paris et Antoing. Surnommée affectueusement « Yayo », elle était surtout entourée par son petit-fils le prince Edouard et sa famille qui partageaient également leur vie entre la France et la Belgique, en plus de l’Italie. Ces dernières années, l’épouse du prince Edouard, Isabella, a d’ailleurs contribué à faire connaître la « princesse Yayo » au travers de ses publications sur les réseaux sociaux. En 2019, la princesse Jean-Charles s’est rendue à Beloeil, au bras de son fils, aux funérailles de la princesse Antoine de Ligne, née princesse Alix de Luxembourg. Sa santé s’est par la suite détériorée. Elle passa la période du confinement lié au coronavirus à Antoing. En octobre 2022, son centenaire a été célébré au château d’Antoing en présence d’édiles locaux et de la presse régionale.
Au mariage de son petit-fils le prince Edouard en 2009
Avec son arrière-petite-fille la princesse Althéa
Cérémonie au château d'Antoing pour son centenaire La Princesse entourée (de g. à d.) par la prince Edouard, le prince Charles-Antoine, le prince Amadeo et le prince et la princesse Charles-Joseph Photo : Editions Vers L'Avenir
Souffrante depuis plusieurs semaines, Son Altesse la princesse Jean-Charles de Ligne La Trémoïlle et du Saint-Empire s’est éteinte au château d’Antoing le 17 mars 2023. Ses funérailles ont été célébrées le 24 mars 2023 en l’église Saint-Pierre d’Antoing, un édifice financé en 1878 par le prince Eugène de Ligne.
Le 1er août 2022, c’était sa sœur aînée, Gabrielle, qui est décédée à l’âge de 101 ans en son domicile parisien. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle se révéla comme jeune infirmière volontaire autodidacte. En 1941 à Paris, elle avait épousé le prince Armand d’Arenberg (1906-1985), membre de la branche française de cette prestigieuse famille, fils du prince et duc Charles-Louis d’Arenberg (1871-1919) et de Emma de Gramont de Lesparre (1883-1958). Le couple, qui vivait rue Oudinot à Paris, a eu deux enfants : Marie-Virtudes dite « Mirabelle » (1947) et Charles (1949). Elle a repris à sa mère la charge du château de Gerbéviller et de son parc. En 2001, FR3 l’a d’ailleurs filmée pour un reportage dans les jardins du château. Chevalier du Mérite agricole, elle fut aussi promue au rang de chevalier de la Légion d’honneur en 1999 en tant que présidente d’un comité du Souvenir français et pour 58 années d’activités associatives et de services militaires. Plusieurs années avant son décès, son fils Charles avait repris les rênes du domaine de Gerbéviller. Elle a été inhumée dans le caveau de la chapelle familiale de Gerbéviller.
Quant à la princesse Léontine, celle-ci a épousé en 1949 à Gerbéviller le prince Albert-Edouard de Ligne (1912-1963), fils du prince Albert de Ligne (1874-1957) et Marie-Louise Calley Saint-Paul de Sincay (1885-1968), et filleul du roi Albert Ier. Son époux avait participé à la Campagne des Dix-Huit Jours en 1940. Ayant échappé aux Allemands, il se mit au service de la Croix-Rouge pour laquelle il a remplis des fonctions en Belgique et en France. Menacé d’emprisonnement pour être le chef d’un mouvement patriotique, il prit la fuite vers l’Espagne d’où il a rejoint le Royaume-Uni et la « Royal Air Force ». Formé pendant deux ans au Canada, les hostilités prirent fin lorsqu’il revint pour combattre. Pour souligner ses mérites, il reçut diverses distinctions honorifiques, dont les insignes d’Officier de l’Ordre de Léopold lors d’une cérémonie présidée au palais de Bruxelles par le prince-régent Charles. Le couple, vivant à Bruxelles, a eu une fille, la princesse Wanda de Ligne (1950). En 1963, son époux fut victime d’un accident de la route, à Natoye, dans la province de Namur. Le prince Albert de Belgique assista à ses funérailles. Désormais veuve, vers la fin des années 1960, la princesse Albert-Edouard quitta l’Avenue Louise pour s’installer avec sa fille Wanda à Madrid, où elle retrouva sa mère qui y vivait une partie de l’année. Elle y prit en charge l’exploitation agricole familiale. Elle revint fréquemment à Gerbéviller, où elle disposait d’un pied-à-terre, cadeau de sa mère à l’occasion de son mariage. Elle est décédée le 6 janvier 2016 à Madrid.
Mariage en 1979 au château de Beloeil de la princesse Wanda de Ligne A gauche, la princesse Albert-Edouard de Ligne
Sources (non exhaustives) :
- d’ARENBERG Charles (Prince) (2019), « La reconstruction du château de Gerbéviller après la Première Guerre mondiale », Le Pays Lorrain, vol. 100, n° 1, pp. 47-58
- de LIGNE Albert (Prince) (1950), Histoire généalogique de la Maison de Ligne, Bruxelles, éditions La Caravelle, p. 144 et pp. 148-149
- LONDCHAMPS Alix (1981), Le Marquisat de Gerbéviller, éditions Pierron
- MEYLAN Vincent (2022), « Au château d’Antoing. Le siècle de « LA » princesse », Point de Vue, n° 3864, pp. 32-33
- L’Est Républicain (2016), « Gerbéviller : décès de la princesse Marie Léontine de Ligne », [article en ligne]
- L’Est Républicain (2022), « Disparition de la princesse Gabrielle d’Arenberg », [article en ligne]
- INA / FR3 Nancy (2001), « Jardins du château de Gerbéviller », [vidéo en ligne]
- Notélé (2022), « Zone franche avec le Prince Charles-Antoine de Ligne de la Tremoïlle », [vidéo en ligne]
- Noblesse & Royautés (2013), « Mariées du Gotha : Wanda de Ligne », [article en ligne]
- Journal d’un Petit Belge (2022), « Les 100 ans de la princesse Maria de Ligne La Trémoïlle », [article en ligne]
- « LAMBERTYE (de) Charles, Edmond, Marie, Gabriel, Ernest, Toussaint », Mémorial des officiers de marine, [site web]
- Archives de Paris, Actes de naissance du VIIIe arrondissement, acte n° 2226 (cote 8N 190)
Le 22 décembre 2020, le prince Constantin de Nassau et Kathryn Mechie se sont unis lors d'une cérémonie civile en comité restreint à Gibraltar. Ils sont les parents depuis avril 2018 d'un fils prénommé Félix. Ils se sont rencontrés lors de leurs études au Ampleforth College au Royaume-Uni, que fréquenta jadis le grand-père paternel du marié, le grand-duc Jean.
Another Royal Wedding took place yesterday! 🥳💐
Prince Constantin de Nassau married Kathryn Mechie in a civil ceremony in Gibraltar. The couple has a son, Félix. Prince Constantin is the son of Prince Jean of Luxembourg and his first wife Hélène and nephew of the Grand Duke! pic.twitter.com/ckuGPWNpmS
Constantin, Jean, Philippe, Marie, Albert, Marc d'Aviano de Nassau est né le 22 juillet 1988 à Paris. Après Marie-Gabrielle en 1986, il est le second enfant du prince Jean de Luxembourg et de sa première épouse, Hélène Vestur. Deux autres fils sont nés de cette union : Wenceslas en 1990 et Carl-Johann en 1992. Constantin a été baptisé le 22 octobre 1988 en l'église Notre-Dame de l'Assomption à Paris par le père Yelli. Son parrain est Philippe, Roi des Belges, et sa marraine est Sophie-Caroline de Margerie. Le baptême s'est déroulé en présence d'Henri et Maria Teresa, alors grands-ducs héritiers, de la princesse Margaretha de Luxembourg, du prince Guillaume de Luxembourg, de l'archiduc Lorenz d'Autriche (époux de la princesse Astrid de Belgique) ou encore de Fabiola de Silva y Mora (nièce de la reine Fabiola). Constantin est devenu Comte de Nassau par arrêté grand-ducal de son grand-père le grand-duc Jean le 21 septembre 1995. Il a ensuite été élevé au rang d'Altesse Royale avec le titre de Prince de Nassau par arrêté grand-ducal le 24 novembre 2004 par son oncle le grand-duc Henri.
Après avoir étudié au Ampleforth College de 2002 à 2007, le prince Constantin a effectué un stage de plusieurs mois au sein de la société Jargonnant Partners en Allemagne. Il a ensuite été inscrit à l'Université de St Andrews en Ecosse où le neveu du Grand-Duc a décroché en 2012 un master en développement durable. En été 2011, le prince Constantin a d'ailleurs effectué un stage au sein d'une société d'investissement spécialisée dans les investissements environnementaux et durables. Ses études terminées, il a été impliqué de 2013 à 2015 dans le projet suisse Solar Impulse de l'aéronaute Bertrand Piccard et du pilote d'avion André Borschberg. Ensuite, pendant trois années, le prince Constantin a travaillé pour Spallian, une société de conseil et d'édition de logiciels, pour laquelle il fut en charge du développement d'une branche en Afrique sub-saharienne. Depuis septembre 2019, le prince Constantin travaille au sein de la Fondation Solar Impulse à Lausanne.
Kathryn Mechie, de nationalité britannique, est la fille de Stewart Campbell Mechie, vétérinaire de profession, et de Kaye MacEwan. Tout comme son époux, elle a fréquenté Ampleforth College de 2005 à 2007 puis l'Université de St Andrews où elle a obtenu un master en histoire de l'art en 2011. Ensuite, pendant un an, elle a étudié à l'Ecole supérieure des arts et techniques de la mode à Paris. Kathryn, dite « Katy », a effectué divers stages dans le domaine de l'art et de la mode et a, durant l'été 2012, effectué un bénévolat dans une école en Tanzanie. De 2013 à 2016, elle a intégré le groupe Peninsula Press pour lequel elle fut directrice de projet depuis le Myanmar et New York et directrice des relations d'investissement depuis Londres et le Koweït. Depuis lors, la princesse Constantin de Nassau travaille pour une compagnie pétrolière sud-africaine et le développement de la chaîne de télévision Iflix en Afrique sub-saharienne.
Another great-grandchild for 97-year-old Grand Duke Jean of Luxembourg: Kathryn Mechie, the girlfriend of Prince Constantin of Nassau (son of Grand Duke Jean's second son, also called Jean) gave birth to a son named Felix. He was born in April. (Photo: Kathryn Mechie/Instagram) pic.twitter.com/ZZxhbqo8dO
La Grande-Duchesse héritière, née comtesse Stéphanie de Lannoy, a passé son enfance dans le village d’Anvaing, en province de Hainaut. Outre le château familial, plusieurs lieux sont liés à la princesse Stéphanie et à sa famille. Une promenade dénommée « le sentier de l’Amour » permet d’aller à leur rencontre. Cette promenade balisée, créée en 2016, est ponctuée par plusieurs œuvres censées faire référence au thème de l’amour. Ce parcours a vu le jour grâce à une association sans but lucratif (ASBL) dont la comtesse Jehan de Lannoy, belle-sœur de la princesse Stéphanie, était l’une des fondatrices.
Depuis 2014, les comtes de Lannoy se sont d’ailleurs engagés à planter un kilomètre de haie par an, représentant dix-neuf espèces d’arbustes différents dans le but d’apporter un maximum de couverture et de nourriture à la petite faune et aux insectes durant toutes les périodes de l’année.
Cet engagement des Lannoy en faveur de l’environnement et du paysage local n’est pas anodin. Ainsi, le comte Christian, après une carrière au sein de la diplomatie, est actuellement le responsable de la Direction Climat et Environnement au sein du ministère des Affaires étrangères. Son frère le comte Amaury est un administrateur de la Fondation wallonne pour la conservation des habitats. Le comte Olivier est quant à lui administrateur du Conseil cynégétique du Pays des Collines et le représentant de cette zone géographique au sein de « Nature, Terres et Forêts » qui représente et défend les intérêts des propriétaires ruraux en Wallonie. Notons également que l’aîné, le comte Jehan, fut membre d’une ASBL destinée à promouvoir sous toutes ses formes la pêche à la truite et les produits du terroir. La famille, de concert avec des collectifs de citoyens, s’oppose également à la construction d’éoliennes par le groupe Colruyt sur le territoire de la commune. Elle considère que ce projet porterait gravement atteinte à l’environnement local et à son château et qu’il détériorerait de manière significative la valeur des biens immobiliers dont ses membres sont propriétaires indivis.
Le départ du « sentier de l’Amour » se situe au niveau de l’église Saint-Amand, un édifice de tradition classique avec ses briques et son soubassement en pierres datant de 1780. De style néo-classique, l’intérieur de l’église est doté d’un buffet d’orgues remontant à la seconde moitié du XVIIe siècle dans lequel a été installé un nouvel instrument en 1854. C’est dans ce lieu que furent ainsi célébrés le baptême et la communion de la Grande-Duchesse héritière. En juillet 1995, plusieurs membres du gotha européen s’y sont retrouvés à l’occasion du mariage du comte Bruno de Limburg Stirum et de la comtesse Christine de Lannoy, cousine germaine de la princesse Stéphanie. Plus récemment, en 2012 et en 2019, l’église a accueilli les funérailles des parents de la princesse Stéphanie, en présence de représentants de la famille grand-ducale et de la famille royale belge.
Photo : Valentin Dupont / Royalement Blog
Photo : Valentin Dupont / Royalement Blog
Baptême de la princesse Stéphanie le 11 mars 1984 Photo : Collections de la famille de Lannoy
Première communion de la princesse Stéphanie en mai 1991 Photo : Collections de la famille de Lannoy
Accolé à l’église, un mausolée est dédié au comte Augustin de Lannoy (1743-1801) et à son épouse, née Ferdinande Franeau d’Hyon de Gommegnies (1748-1809). Dernier seigneur d’Anvaing, le comte Augustin fut capitaine du régiment du Roi-Infanterie et commandant de la légion volontaire nervienne. Auprès d’eux reposent également leur fils le comte François (1769-1835), qui fut chambellan du roi Guillaume Ier, et leur belle-fille née Louise d’Ursel (1775-1834). C’est le comte Augustin qui fit l’acquisition en 1781 du château d’Anvaing. Il possédait déjà le domaine de La Chaussée à Velaines, situé non loin d’Anvaing. Son fils François s’installa le premier au château en 1797. Ce dernier fut bourgmestre d’Anvaing, fonction que conservèrent les comtes de Lannoy de 1899 à 1964, sans discontinuité.
Photo : Valentin Dupont / Royalement Blog
Photo : Valentin Dupont / Royalement Blog
Dans le cimetière situé à côté de l’église se trouve le caveau de famille des comtes de Lannoy, dans lequel reposent notamment les parents de la princesse Stéphanie. Au sein de l’église, un panneau met en exergue les missionnaires de cette paroisse actifs dans le monde, en ce compris la comtesse Gaëlle de Lannoy, sœur de la Grande-Duchesse héritière et marraine du prince Charles. Celle-ci est une laïque consacrée au sein du Foyer de Charité de Courset, dans le Pas-de-Calais (France), où elle œuvre comme responsable des ressources humaines et formatrice. Par ailleurs, notons que la comtesse Amaury de Lannoy, belle-sœur de Stéphanie, est impliquée au sein de la paroisse afin d’y enseigner la catéchèse.
Photo : Valentin Dupont / Royalement Blog
Photo : Valentin Dupont / Royalement Blog
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Poursuivant le « sentier de l’Amour », le promeneur passe à côté de l’école fondamentale libre Saint-Vincent-de-Paul, un établissement scolaire pour maternelles et primaires, que la princesse Stéphanie et tous ses frères et sœurs ont fréquenté. Cette école a été fondée en 1820 par la comtesse Blanche de Lannoy (1769-1835), fille de François et Louise d’Ursel, qui fut supérieure de la congrégation des dames du Sacré-Cœur à Rome. Le comte Philippe de Lannoy (1922-2019), père de la princesse Stéphanie, présida d’ailleurs le pouvoir organisateur de cet établissement. C’est aujourd’hui le comte Amaury qui participe à sa gestion. La promenade quitte ensuite le centre du village en longeant le terrain de football de l’Athlétic Club Anvaing. Cette parcelle fut mise gracieusement à la disposition du club en 1969 par le comte Philippe de Lannoy.
Plus tard dans la promenade, au lieu-dit de la Maladrie, se dévoile aux promeneurs une chapelle dédiée au père Damien, missionnaire belge célèbre pour son travail auprès des lépreux de l’île de Molokai à Hawaï qui fut béatifié en 1995 par le pape Jean-Paul II puis canonisé par le pape Benoît XVI en 2009. Cette chapelle, érigée à l’initiative de la mère de la princesse Stéphanie, née Alix della Faille de Leverghem (1941-2012), a été bénie le 6 juin 2010. Il s’agit en réalité d’une ancienne chapelle qui avait été démontée en 1978 avec la construction de la chaussée reliant Leuze à Renaix. Les différents éléments avaient alors trouvé refuge au château d’Anvaing. Après avoir été mesurées, répertoriées et rassemblées, les pierres ont permis d’ériger un nouveau lieu de culte fidèle au précédent. Dans cette chapelle, une plaque et un dessin rendent hommage à la comtesse Philippe de Lannoy.
Photo : Valentin Dupont / Royalement Blog
Photo : Valentin Dupont / Royalement Blog
Photo : Valentin Dupont / Royalement Blog
Le sentier emmène ensuite le promeneur vers la drève du château pour découvrir enfin le domaine familial des comtes de Lannoy, s’étendant sur une soixantaine d’hectares. Le château a été construit, à proximité de la demeure de ses ancêtres, par Jacques Ier de Boubais, seigneur d’Anvaing et déjà châtelain de Leuze. L’édifice a été achevé en 1561. De style renaissance flamande et doté de quatre tours d’angle à trois niveaux, le château a connu d’importants travaux à partir de 1819 sous la houlette du comte François de Lannoy, modifiant sensiblement les étages supérieurs sans toucher à la charpente. A cette époque, les salons furent décorés dans le style Louis XVI. Badigeonné à la chaux pour masquer les raccords de maçonnerie, le château fut décapé en 1895 pour lui rendre son aspect primitif avec matériaux apparents, des briques espagnoles et des pierres bleues de Tournai.
Photo : Valentin Dupont / Royalement Blog
Devant l’enceinte du château, face à la drève du Caillois, il est possible d’admirer l’avant-cour avec, de part et d’autre, des dépendances datant de la première moitié du XVIIe siècle probablement dues en grande partie à Jacques II de Boubais, petit-fils de celui qui est à l’origine du château.
En empruntant la drève du Pureau, le promeneur est invité à découvrir une partie de l’étang, la façade latérale du château et une autre vue vers les dépendances. Le château, qui est entouré d’eau, a d’ailleurs été construit sur des prés marécageux de la vallée de la Rhosnes et l’édifice a été bâti sur des pilotis de troncs entiers de hêtres. Le ruisseau local alimentait à l’origine les douves. Ce fut sans doute le marquis Jean de Mesgrigny, époux de la petite-nièce de Jacques II de Boubaix, qui rectifia et canalisa le cours de la Rhosnes et aménagea un étang sur le domaine. Occupant le château de son mariage en 1680 à son décès en 1720, cet ingénieur militaire fut le gouverneur de la citadelle de Tournai et le bras droit de Vauban lors de sa construction de cette fortification. Il fut également à l’origine d’un parc établi selon des plans réguliers et des perspectives dans le goût français. Sans doute influencé par le courant romantique, le comte François de Lannoy opta pour un parc à l’anglaise.
Photo : Valentin Dupont / Royalement Blog
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Au début du XXe siècle, le comte Philippe de Lannoy (1866-1937), qui fut Grand Maréchal de la Cour, restaura des jardins classiques. Il s’attela aussi à des travaux de décoration à l’intérieur du château. Durant la Première Guerre mondiale, le comte permit à des habitants du village de travailler dans sa propriété, leur faisant ainsi éviter le travail obligatoire en Allemagne.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, l’état-major général de la sixième armée allemande se fixa au château d’Anvaing. C’est là, le 28 mai 1940 en matinée, que la capitulation belge y fut signée. Les généraux allemands Walter von Reichenau et Friedrich Paulus y accueillirent le général Derousseaux et le commandant Liagre, dépêchés par le roi Léopold III, pour signer l’acte officiel sur la table de la salle à manger. Le plafond de cette pièce conserve d’ailleurs les stigmates d’impacts de balles tirées par les Allemands à cette occasion.
Photo : Valentin Dupont / Royalement Blog
Photo : Valentin Dupont / Royalement Blog
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Le château, classé depuis 1972, ne se visite normalement pas. Il est épisodiquement ouvert au public à l’occasion d’événements culturels, comme l’exposition « Le 7ème Ciel » en 2015. Deux ASBL y ont leur siège. D’une part, Anvinium créée en 2002 qui a pour objet la gestion rationnelle et productive, ainsi que la valorisation de son patrimoine, tant en termes de biens et droits immobiliers que de biens mobiliers, mais aussi l’exploitation agricole, horticole et forestière, la protection de l’environnement, la défense du patrimoine, la promotion de l’art et de la culture. Aujourd’hui, ce sont les frères de la princesse Stéphanie qui l’administrent. D’autre part, l’ASBL Lannoy (anciennement Fondation Lannoy), créée en 1991, vise quant à elle l’acquisition, la conservation et la mise en valeur des biens familiaux ou liés à la famille, qu’il s’agisse de biens immobiliers et mobiliers, de documents ou d’archives. Plusieurs frères et cousins de la Grande-Duchesse héritière en sont les administrateurs. En 2019, avec la dissolution de l’Association des bibliothèques publiques de Frasnes-lez-Anvaing, cette dernière fit don de ses livres à l’ASBL Lannoy. Ayant aussi comme objectif le maintien du patrimoine local, l'ASBL les a mis à disposition de l’école Notre-Dame des Rhosnes. L’implication bénévole de la comtesse Philippe de Lannoy avait été particulièrement apprécié au sein de l'Association des bibliothèques publiques. Sa fonction de trésorière avait été reprise après son décès par son fils Amaury.
Notons également que le château se trouve entouré de drèves majestueuses. Leur tracé remonte au XVIIe siècle et est dû à Jacques II de Boubais et son neveu Maximilien de Tenremonde (1614-1683). Ils mirent ainsi le château au centre d'une vaste étoile formée d'avenues rectilignes plantées de deux ou quatre rangées d'arbres. En 2020, sur la drève entre le château et la nationale 60, les frênes, atteints de la chalarose, ont été abattus. Ils seront remplacés par des chênes, essence qui avait déjà été choisie en 2011 par le comte de Lannoy pour arborer la drève entre le château et le village.
Le « sentier de l’Amour » ramène ensuite le promeneur peu à peu vers le village d'Anvaing. La promenade s'achève sur la place du village, face à l'église Saint-Amand.