25 septembre 2012

Retour sur le mariage du grand-duc héritier Henri et de Maria Teresa

Les deux jeunes gens se sont connus grâce à leurs études, sur les bancs de l'université de Genève. Tous deux ont obtenu leur licence en sciences politiques en 1980. Après une relation bien préservée qui durait déjà depuis quatre ans, ils ont décidé d'officialiser la nouvelle. La famille du grand-duc héritier connaissait cette jeune roturière puisqu'elle avait déjà été conviée dans leur chalet en Suisse, dans leur villa du sud de la France ou encore, en octobre 1980, au château de Fischbach pour une chasse notamment en présence du roi Constantin de Grèce. Les fiançailles se déroulèrent donc le 10 novembre 1980 au château de Colmar-Berg.



Le Ministre d'Etat Pierre Werner déclarait alors : « Nous nous associons à la joie de la Famille grand-ducale et formulons les vœux les plus ardents pour le bonheur des jeunes fiancés ». La grande-duchesse Charlotte, grand-mère de l'héritier au trône, fit parvenir un communiqué depuis l'Espagne où elle se trouvait : « En pensées avec vous, je vous adresse à tous les deux mes vœux les plus affectueux à l’occasion de vos fiançailles. Je me réjouis de vous embrasser dès mon retour ». Cependant, la presse évoqua une désapprobation de la grande-duchesse Charlotte concernant le mariage de son petit-fils avec une roturière. L'histoire voulait que Joséphine-Charlotte, seule contre sa belle-mère mais aussi son époux et des membres du clan Bourbon-Parme, aurait réussi à faire accepter l'union. La grande-duchesse Maria Teresa a elle-même réfuté ces informations en 2014.



La cérémonie fut fixée au 14 février, jour de la Saint-Valentin. Quoi de plus romantique ? Sur le choix de cette date, Maria Teresa a indiqué dans une interview à Point de Vue en 2001 : « C'est un concours de circonstances. Mes beaux-parents nous avaient demandé de choisir un week-end, avant ou après la visite d'Etat de la reine des Pays-Bas qui devait avoir lieu en mars. Évidemment, nous avons choisi un week-end avant et c'est tombé le 14 février. Mais nous n'avons pas pensé une seconde à la signification de cette date. Ce n'est que le lendemain de l'annonce officielle, en lisant les journaux, que nous avons réalisé. Nous étions devenus les mariés de la Saint-Valentin. Je trouvais que c'était très joli. Et ce symbole, né malgré nous, reste très significatif de notre couple. Il n'y a pas de hasard ». Avant la date du mariage, on aperçu les membres féminins de la famille grand-ducale à Paris pour des achats et des essayages. Alors que Joséphine-Charlotte fit confiance à Chanel, Maria Teresa et sa future belle-soeur Margaretha se rendirent chez Pierre Balmain. Marie-Astrid, elle, préféra faire ses emplettes à Bruxelles. 




La veille du mariage, un dîner de gala s'est déroulé en soirée pour cent dix invités dans la salle de séance du Parlement. La table disposée en "U" rassemblait les invités les plus prestigieux comme les princes étrangers. Au même moment, quatre cents autres invités profitèrent d'un dîner dans un grand hôtel de la capitale. Le grand-duc Jean respecta la tradition en prononçant un discours :  
« Mon cher Henri, ce n'est pas sans émotion que nous avons suivi, ta mère et moi, l'éclosion d'une affection, puis l'épanouissement d'un amour, qui aboutiront demain à ton mariage avec Maria Teresa. Avant de vous engager, vous avez pris le temps de bien vous connaître. Et cela paraissait d'autant plus nécessaire que tu auras un jour à assumer ta mission à la tête du Grand-Duché. Je ne vous ai caché ni les devoirs, ni la responsabilité que tu devras porter, et que ta femme partagera. 
« Bien chère Maria Teresa, tu sais que nous nous réjouissons du choix de notre fils et de la décision que vous avez prise, en accord avec vos parents, de vous unir pour la vie. C'est avec toute notre affection que nous t'accueillons au sein de notre famille. Les vœux les plus fervents de vos parents vous accompagneront tous deux. A bien des égards, votre vie se confondra avec l'avenir de ce pays qui nous est cher. Maria Teresa nous a dit, combien elle était heureuse de trouver chez nous une nouvelle patrie. Je suis également certain que nos compatriotes recevront très chaleureusement notre jeune mariée. Je voudrais maintenant vous convier tous ici présents à lever votre verre au bonheur et à la prospérité de nos fiancés ».
Le dîner put alors être servi. Le menu se composait d'un velouté de langouste Joinville, de boudin de foie d'oie, d'une suprême de pigeonneau Saint-Clair et d'un vacherin aux fraises, le tout arrosé de vins de Moselle puis d'un champagne français. Le dîner a été suivi d'une réception au Palais grand-ducal. A cette occasion, on vit la reine Margrethe II de Danemark prendre du plaisir à danser, et même la reine Marie-José d'Italie, grande tante du marié, se mit au charleston. On pouvait également souligner l'élégance habituelle de la princesse Paola de Belgique, habillée par l'un de ses couturiers fétiches, Jean-Louis Scherrer, dans une toilette au corsage de satin et à la jupe de velours vert. 
  



Le lendemain, à dix heures, la cérémonie civile débuta dans la Salle des Fêtes du Palais. C'est le bourgmestre de Luxembourg, Camille Polfer, aidé des échevins et du secrétaire général de la ville, qui a uni les époux. Le prince Philippe de Belgique était le témoin du marié, tandis que Catalina Mestre officiait comme témoin pour sa sœur. La cérémonie ne rassemblait que la famille proche et les officiels les plus importants. La grande-duchesse Charlotte avait déjà quant à elle pris place dans la cathédrale Notre-Dame, aux côtés de la reine Marie-José d'Italie et de la grand-mère de Maria Teresa (photo ci-contre). L'ancienne souveraine n'a d'ailleurs pas assisté non plus au dîner de gala la veille, pas plus qu'elle ne se montrera lors de l'apparition au balcon le lendemain. Certains y verront les signes de sa désapprobation - démentie récemment - tandis que d'autres évoqueront son état de santé qu'elle devait ménager.

Le cortège se rendit ensuite vers la cathédrale pour la cérémonie religieuse. Pour cette occasion, plusieurs voitures avaient été louées à une firme française. Le grand-duc héritier Henri avait enfilé son uniforme de capitaine de l'armée luxembourgeoise et s'était paré du Grand-Cordon de l'Ordre du Lion d'Or de la Maison de Nassau. La mariée, elle, portait une robe en soie blanche, bordée de vison, qui avait demandé pas moins de quatre cents heures de travail aux ateliers du couturier Balmain. La traîne, portée par sa sœur Catalina qui officiait également comme demoiselle d'honneur, était bordée d'hermine à l'instar de l'encolure, de l'ourlet et des manches. Le voile, en dentelle de Bruxelles, était le même que celui porté par Joséphine-Charlotte lors de son mariage en 1953. Le tout était rehaussé par un diadème composé de trois rangs de diamants appartenant à sa belle-mère et qui peut être porté en collier. Quant à la coiffure de Maria Teresa, elle était l'oeuvre de M. Chou, disciple du célèbre Alexandre.



Le cortège des altesses était composé par le roi Baudouin et la reine Fabiola, par le prince Albert et la princesse Paola (habillée cette fois-ci par Louis Mies), par le prince Philippe, la princesse Astrid et le prince Laurent. La famille famille royale belge est présente en nombre, il ne manque que le roi Léopold III, grand-père paternel du marié, qui vit retiré à Argenteuil et avec qui les relations se sont distendues. Suivaient le roi Olav V de Norvège, la reine Margrethe II et le prince Henrik de Danemark, le duc d’Édimbourg, le prince Rainier III et la princesse Grace de Monaco, la princesse Margriet des Pays-Bas et son époux Pieter Van Vollenhoven, le prince héréditaire Hans-Adam et la princesse héréditaire Marie-Aglaë de Liechtenstein, l'infante Margarita d'Espagne et son époux Carlos Zurita, la princesse Christina de Suède et son époux Tord Magnusson, le comte et la comtesse Flemming de Rosenborg, l'archiduc et l’archiduchesse Otto, l'archiduc et l'archiduchesse Rodolphe, l'archiduc et l'archiduchesse Charles-Louis, l'archiduchesse Robert, le prince et la princesse Ludwig de Bavière, le prince Franz de Bavière, la princesse Isabelle de Bourbon-Parme ainsi que le prince et la princesse Edouard de Lobkowicz. Les Orléans brillaient par leur absence, même si la princesse Marie d'Orléans était présente la veille au bal. Le prince et la princesse Napoléon, eux, n'ont pas annulé leurs vacances aux Bahamas. Au sein du corps diplomatique, les ambassadeurs de France, d'Allemagne et de Suisse avaient également pris place dans l'édifice religieux.






Le chœur était décoré de bouquets d'asters blancs et d’œillets roses. La cérémonie fut concélébrée par Mgr Jean Hengen, évêque de Luxembourg, Mgr Eugène Cardinale, Nonce apostolique, aidés par le vicaire général et l'aumônier de la Cour. Avant l'homélie de Mgr Hengen, l'assistance a pu notamment profiter de l'Exultate Deo de Scarlatti puis de Kyrie, la messe en sol de Schubert. La cérémonie poursuivit ensuite son cours : le consentement mutuel, la bénédiction des alliances, la communion, le message du pape transmis par Mgr Cardinale suivi d'Andante de César Franck. Le retentissement de l'hymne national annonça la fin de la cérémonie religieuse. La sortie se fit alors au son du final de la sixième symphonie de Widor. Il était alors midi, et les cloches de toutes les églises du grand-duché retentissaient. Le couple sortit de la cathédrale sous un dais de sabres formé par douze officiers sur le parvis de l'édifice. Le cortège se rendit alors au Palais grand-ducal, pendant que cent-et-un coups de canon se faisaient entendre.




Comme il est de tradition, le couple est apparu au balcon du Palais, bientôt rejoint par la famille grand-ducale et les témoins des mariés, le prince Philippe de Belgique et Catalina Mestre. Dans les jours qui suivirent, la presse en profita d'ailleurs pour disserter sur une prétendue idylle entre ces deux jeunes gens. L'Harmonie municipale de la ville offrit alors une aubade, accompagnée de la Fanfare Prince Henri de Bonnevoie. Dans l'interview donnée en 2001 à Point de Vue, Maria Teresa déclarait ceci : « J'étais absolument sur un nuage. Sur le balcon, quand on nous a demandé d'échanger un baiser, nous nous sommes timidement embrassés sur la joue. Après, j'ai envoyé un baiser à la foule des gens massés en bas. Pour moi, c'était naturel, je ne pouvais leur parler et c'était une façon de leur dire : "Je vous aime", de les remercier de leur accueil et la foule m'a répondu avec une ferveur merveilleuse. C'était cela le plus touchant de cette journée, l'accueil des Luxembourgeois, ce que nous avons échangé. »



© Collection personnelle Valentin Dupont




Un buffet-déjeuner attendait ensuite sept cents invités dispatchés une fois de plus, cette fois-ci entre le Palais et le Parlement. Le programme de l'après-midi comprenait pour la famille et les représentants des monarchies régnantes une séance devant l'objectif d'un photographe pour les habituels clichés de groupe. A dix-sept heures, le jeune couple se rendit au Nouveau Théâtre pour une cérémonie organisée par le gouvernement et rassemblant des associations du pays. La journée s'est clôturée par un feu d'artifice, tiré depuis la citadelle. Mais Henri et Maria Teresa n'ont pas assisté à l'embrasement du ciel luxembourgeois. En effet, les tourtereaux avaient déjà emprunté un avion spécial pour Paris. De là, ils ont pris le Concorde en direction de New-York. Leur voyage de noces s'est déroulé sous le soleil des Bahamas. Ils devaient être de retour pour la visite d'Etat de la reine Beatrix des Pays-Bas au grand-duché du 11 au 13 mars.

© Collection personnelle Valentin Dupont

La famille des mariés
© Collection personnelle Valentin Dupont
Assis  (de g. à d.) : Maria Teresa Batista y Falla, le grand-duc Jean, Maria Teresa et Henri, la grande-duchesse Joséphine-Charlotte et José Antonio Mestre y Alvarez
 Au premier rang (de g. à d.) : le prince Philippe de Belgique, le prince Guillaume, la princesse Margaretha, le prince Jean, la princesse Marie-Astrid, la grande-duchesse Charlotte, María Narcisa Alvarez y Tablo, José Antonio Mestre y Batista, Luis Mestre y Batista et Catalina Mestre y Batista
Au second rang (de g. à d.) : la princesse Alix de Luxembourg et son époux le prince Antoine de Ligne, la princesse Paola et le prince Albert de Belgique, la reine Fabiola et le roi Baudouin, la princesse Elisabeth de Luxembourg, la princesse Marie-Adélaïde de Luxembourg et son époux le comte Carl-Josef Henckel von Donnersmarck, la princesse Marie-Gabrielle de Luxembourg et son époux le comte Knud Holstein til Ledreborg
Au troisième rang (de g. à d.) : Laureano Batista y Falla et son épouse Adela de la Campa y de la Torre, Augustin Batista y Falla et son épouse Celí Cifuentes y Bernal et Vitor Batista y Falla


Avec les représentants des familles régnantes
© Cour Grand-Ducale/Archives
Assis (de g. à d.) : Maria Teresa Batista y Falla, le grand-duc Jean, Maria Teresa et Henri, la grande-duchesse Joséphine-Charlotte, José Antonio Mestre y Alvarez
Au premier rang (de g. à d.) : la princesse Grace et le prince Rainier III de Monaco, la reine Fabiola et le roi Baudouin de Belgique, la grande-duchesse Charlotte de Luxembourg, María Narcisa Alvarez y Tablo, le roi Olav V de Norvège, la reine Margrethe II et le prince Henrik de Danemark, le duc d'Edimbourg
Au second rang (de g. à d.) : Carlos Zurita et son épouse l'infante Margarita d'Espagne, Pieter Van Vollenhoven et son époux la princesse Margriet des Pays-Bas, le prince héréditaire Hans-Adam et la princesse héréditaire Marie-Aglaë de Liechtenstein, la princesse Christine de Suède et son époux Tord Magnusson

21 septembre 2012

La branche luxembourgeoise des Lannoy

En 1617, le comte Claude de Lannoy (1578-1643) a épousé en seconde noces la baronne Claudine d'Eltz, dame de Clervaux. Fils cadet du comte Jacques de Lannoy et de Suzanne de Noyelles (les grands-parents à la 11ème génération de la grande-duchesse héritière Stéphanie), Claude de Lannoy était par ailleurs comte de la Motterie, chevalier de la Toison d'Or, gouverneur de Namur et Maastricht ainsi que mestre de camp général (position avant tout honorifique au sein de l'armée) de l'armée des Pays-Bas espagnols.

Le château de Clervaux en 2017
Photo : Valentin Dupont / Royalement Blog / tous droits réservés
Le couple donna naissance vers à un fils prénommé Albert qui fut ambassadeur de Charles II auprès de plusieurs cours étrangères. Avec lui vit le jour la branche des Lannoy-Clervaux, à la fois comtes de Lannoy et barons de Clervaux. Cette branche établie dès 1631 dans la seigneurie de près de 700 hectares de Clervaux fut jusqu'à la moitié du XIXème siècle l'une des plus importants familles nobles luxembourgeoises.

Outre la seigneurie de Clervaux qui comprenait son château construit dans la première moitié du XVIIème siècle, cette branche est devenue peu à peu propriétaire de domaines ou châteaux à Hamm, La Neuville, Assenois, Bolland et Julémont.

En 1854, le chef de la branche de Lannoy-Clervaux, le comte Adrien est décédé en l'absence de postérité, mais en instituant son épouse, née Aldegonde de Tornaco, comme héritière universelle. Un cousin germain, le comte Napoléon de Lannoy-Clervaux et prince de Rheina-Wolbeck, intenta un procès contre cette disposition mais il fut débouté. L'ensemble des possessions et du patrimoine de la branche luxembourgeoise des Lannoy est donc passée à la famille de Tornaco.

Le hasard fait parfois bien les choses. L'un des prénoms de baptême de la comtesse Stéphanie, grand-duchesse héritière de Luxembourg est celui de Claudine, en lien avec sa marraine, née comtesse Claude d'Ursel. Mais il s'agit aussi des prénoms de ces aïeuls qui unirent la famille de Lannoy au Luxembourg.

16 septembre 2012

Le Palais Royal : la Grande Antichambre

Une fois avoir gravi l'Escalier d'Honneur, nous arrivons dans la Grande Antichambre. Il s'agit d'une salle aménagée pour la première fois en 1820 sous le roi Guillaume Ier des Pays-Bas. De 1827 à 1829, elle connaît des réaménagements suite aux travaux entrepris afin de doter les lieux d'une plus grande homogénéité : faut-il le rappeler, le Palais Royal est en réalité la réunion de deux anciens hôtels. Sous le régime hollandais, la fonction qui est attribuée à ce lieu est comme Salle du Trône.


Cette photographie d'époque permet d'observer le magnifique plafond à caissons

Peu après son avènement, le roi Léopold II a choisi d'effectuer de grandes modifications en son Palais dès 1868. A l'instar de nombreux espaces, cette salle connaît à nouveau des transformations, tout comme en 1905 afin de mener à bien le projet qui veut doter le Palais d'une nouvelle façade. D'une longueur de 19 mètres et d'une largeur de 9 mètres, elle donne sur le balcon. L'endroit est occasionnellement utilisé, comme en janvier de cette année lors de la cérémonie des voeux Nouvel An organisée au profit des représentants des institutions européennes. C'est dans la Grande Antichambre que le couple royal et les ducs de Brabant ont salué les personnalités les plus importantes comme les présidents du Parlement, du Conseil et de la Commission. Les autres invités avaient quant à eux été présentés dans le Salon du Penseur.


(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)


Frise sur laquelle on peut retrouver le monogramme du roi Léopold II
(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)


Aujourd'hui, la découverte de cette salle se fait sous le regard du prince Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha (futur Léopold Ier) et de sa première épouse, la princesse Charlotte de Galles. Les deux portraits sont dus à l'Anglais George Dawe et datent très certainement de 1816, année du mariage. Léopold apparaît en uniforme de feld-maréchal de l'armée britannique, affublé de son sabre et de diverses décorations comme le grand cordon et la plaque de chevalier du prestigieux Ordre de la Jarretière ainsi que la croix de chevalier grand-croix de l'Ordre militaire du Bain. Son épouse, qui est décédée quelques temps après avoir donné un garçon mort-né en 1817, porte une robe de velours noir et un châle brodé sur fond écarlate.


(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)
(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)

Sous le règne de Léopold II, d'autres tableaux, de taille plus modestes, étaient visibles : les parents de Léopold, le duc et la duchesse François de Saxe-Cobourg-Saalfeld, ainsi que le duc et la duchesse de Kent, le beau-frère et la soeur (née princesse Victoire) du premier roi des Belges, parents de la future reine Victoria. Ces tableaux se trouvent aujourd'hui dans la Salon Cobourg.

11 septembre 2012

Paola, Dolce Paola

Afin de célébrer les 75 ans de la reine Paola, je vous propose une sélection de divers clichés de son mariage au début des années septante. La légende raconte que le roi Baudouin aurait dit de sa future belle-soeur qu'elle était "le plus beau cadeau que l'Italie ait jamais fait à la Belgique". Dès l'annonce des ses fiançailles avec le prince Albert, elle a été une des cibles préférées des photographes dans toute l'Europe. La presse fera alors état de sa beauté méditerranéenne, de son élégance naturelle même si les critiques ne se feront pas attendre... Aujourd'hui, souveraine, la reine Paola reste encore une très belle femme, possédant toujours la distinction et le don pour l'élégance qui siéent à son rang.


Lors d'une visite à la ville de Bruxelles avant le mariage
(© Collection personnelle) 
Les "Joyeuses Entrée" organisées avant le mariage virent affluer une foule immense
(© Collection personnelle)


(© D.R.)


Cérémonie avant le mariage du roi Baudouin en 1960
(© Collection personnelle)


Lors du mariage du roi Baudouin (© D.R.)


En dicussion avec son époux et le roi Baudouin
(© Collection personnelle)


(© D.R.)


(© D.R.)


(© D.R.)


(© Collection personnelle)


(© D.R.)


Naissance du prince Philippe en 1960 (© D.R.)


Départ pour l'Amérique
(© Collection personnelle)



Lors du premier anniversaire du prince Philippe au château du Belvédère
(© Collection personnelle) 


Posant pour Réginal Davis en 1968 à l'ambassade belge de Londres


(© D.R.)


Photo prise par Reginald Davis en 1974


Photo prise par Reginald Davis en 1974

9 septembre 2012

Le prince Charles de Luxembourg (1927-1977)

 
 
Le prince Charles, Frédéric, Louis, Guillaume, Marie de Luxembourg est né le 7 août 1927 au château de Colmar-Berg. Il est le cinquième enfant de la grand-duchesse Charlotte de Luxembourg (1896-1985) et du prince Félix de Bourbon-Parme (1893-1970), après Jean en 1921, Elisabeth en 1922, Marie-Adélaïde en 1924 et Marie-Gabrielle en 1925. En 1929, le couple aura son dernier enfant : la princesse Alix. Son prénom lui vient de son arrière-grand-père, le duc Charles III de Parme (1823-1854). En 1930, à l'âge de 3 ans, il illustre une série de timbres-postes au profit de Caritas.
 
 
 
Communion du prince Charles et de la princesse Alix
 
Comme pour ses frères et soeurs, l'enseignement primaire lui sera dispensé au château de Colmar-Berg. Avec la Seconde Guerre Mondiale, s'annonce l'exil de la famille grand-ducale. Au petit matin du 10 mai 1940, la famille quitte son pays. Étudiant à Bruxelles, à l'instar d'Elisabeth et Marie-Adélaïde, ils rejoindront le reste de la famille à La Celle-Saint-Cloud, près de Paris. A la mi-juin, la famille s'installe au château de Montastruc, une batisse qui a vu le jour au XIIIe siècle dans le Périgord. Une semaine plus tard, l'exode continue : ils traversent l'Espagne et trouvent refuge au Portugal. Le 15 juillet, le croiseur Trenton, envoyé par le président américain Roosevelt, emmène le prince Félix et ses enfants aux Etats-Unis tandis que la mère du prince Charles prend la direction de Londres. Étant dans l'obligation de respecter la neutralité américaine, la famille grand-ducale s'installe ensuite définitivement à Montréal, au Canada.
 
 
Le prince Félix et ses enfants à bord du Trenton (Charles est à l'avant plan, habillé en blanc) à Annapolis
(© D.R.)

Le prince Charles sera scolarisé au Collège des Jésuites à Québec. Son frère aîné, lui, se trouve au Petit séminaire de Québec. Ses soeurs, qui vivent auprès de la famille impériale autrichienne dans une villa à Sillery, étudient au Collège Jésus-Marie. La grand-duchesse Maria Anna, grand-mère maternelle de Charles, décède durant cet exil, le 1er août 1942 à New-York. Ce n'est qu'à partir de 1943 que la grand-duchesse Charlotte s'établit durablement à Londres en compagnie du gouvernement luxembourgeois, jusqu'à cette époque elle se trouve fréquemment aux États-Unis (qui ont rompu leur neutralité) et au Canada. Quant au prince Félix et au grand-duc héritier Jean, ceux-ci gagnent également la capitale britannique en octobre 1942 pour rejoindre l'armée. Une fois la guerre terminée, la famille grand-ducale regagne alors le grand-duché.

En 1948, le prince Charles s'inscrit à l'Université catholique de Louvain en Belgique. Il y obtient un diplôme en sciences politiques et sociales en 1952. Membre assidu du cercle rassemblant les étudiants luxembourgeois, il était alors le seul à disposer d'une voiture et n'hésitait pas à convoyer des condisciples quand il revenait au grand-duché. Pour l'anecdote, il ne manquait pas d'ailleurs de ramener du jambon dont il faisait profiter les autres étudiants. Il a également effectué un passage dans l'armée dans laquelle il est devenu lieutenant en 1947, capitaine en 1950 et major en 1955. 
 
Le prince Charles au 70ème anniversaire du Cercle des étudiants luxembourgeois de l'UCL
(© Amicale des Anciens de Louvain)
 

Il a toujours participé aux grands rendez-vous de la famille comme la Fête de l'Octave. Et c'est donc tout naturellement qu'il se trouve aux côtés de son frère, de sa belle-soeur et de ses neveux, lors de l'avènement du désormais grand-duc Jean en 1964. Après la création en 1959 du Board of Industrial Development destiné à attirer des investisseurs américains au grand-duché, c'est le prince Charles qui en devient le président selon semble-t-il la volonté de son père, le prince Félix. Avec cette fonction, il s'est rendu en 1959, 1960 et 1961 aux Etats-Unis pour des missions de prospection. Tout comme avec les missions économiques d'aujourd'hui, la présence d'un Prince à sa tête permettait d'ouvrir des portes et d'intéresser davantage la presse. Le B.I.D. disparaît prématurément en 1961, il est l'ancêtre du Board of Economic Development, créé en 1975, et présidé à l'époque par le grand-duc héritier Henri.
 
Dans les années 1950, lors d'une visite d'Etat du roi Baudouin
Le prince (à gauche) en 1959, à Chicago, lors d'une mission de prospection aux Etats-Unis avec Joe Gurley, directeur du Board of Industrial Development
Blog Feierwon)
 
 
Le 10 mars 1967, il a épousé Joan Douglas Dillon, une Américaine née le 31 janvier 1935 à New-York qu'il avait rencontré il y a une dizaine d'années. Elle est la fille de Clarence Douglas Dillon (1909-2003) et de Phyllis Chess Ellsworth (1910-1982). Son père a été ambassadeur américain à Paris ainsi que Secrétaire au Trésor. Ce mariage verra tout d'abord l'opposition de la grande-duchesse Charlotte : en plus d'être roturière, Joan est divorcée depuis 1955 de James Brady Moseley (1935-1998) dont est issue une fille, Joan Dillon Moseley (1954). Cette première union a cependant été annulée à Rome le 22 juin 1963. Le prince Charles a su convaincre sa famille et le mariage a été enfin célébré, peut-être aidé par le fait que Joan était déjà enceinte...
 
 
 
Il devient ainsi le premier membre de la famille grand-ducale à convoler en noces avec une roturière. La cérémonie religieuse s'est déroulée en l'église Saint-Edouard-le-Confesseur à Guildford en Angleterre en présence de la grande-duchesse Charlotte et du prince Félix, du grand-duc Jean et de la grande-duchesse Joséphine-Charlotte, ainsi que de sa soeur Elisabeth, duchesse de Hohenberg par mariage. Une réception s'est tenue ensuite dans la propriété du milliardaire Paul Getty.
 
 
Le couple a donné naissance à une fille, appelée Charlotte en hommage à la mère du prince Charles, le 15 septembre 1967 à New-York. Le couple s'installera ensuite au château de Fischbach, résidence de ses parents. Un second enfant y naît le 22 août 1968, le prince Robert. Le prince Charles et la princesse Joan font partie à part entière de la famille grand-ducale et sont présents à certains dîners de gala donnés à l'occasion d'une visite d'Etat, comme en 1971 avec la reine Juliana des Pays-Bas. Le 24 mars 1969, Charles est nommé comme membre du Conseil d'Etat, fonction qu'il occupe jusqu'à son décès. En 1975, son épouse succède à un de ses cousins à la tête du domaine viticole Clarence Dillon (acheté en 1935 par son grand-père, Clarence Dillon, un banquier américain francophile).
 
Le prince Charles tenant sa fille Charlotte dans ses bras, tandis que la princesse Joan tient Robert
Le prince Charles et la princesse Joan avec Charlotte
La princesse Joan et le prince Charles (à gauche) au 80ème anniversaire de la grande-duchesse Charlotte, avec de gauche à droite Joséphine-Charlotte, Jean, Charlotte, Elisabeth, Marie-Gabrielle et son époux le comte Knud Holstein til Ledreborg, Alix et son époux le prince Antoine de Ligne
Le prince Charles est décédé inopinément des suites d'une crise cardiaque à l'âge de 49 ans, le 26 juillet 1977 dans sa Villa Reale d'Imbarcati à Pistoia en Toscane. Ses enfants, la princesse Charlotte et le prince Robert, n'ont alors même pas encore dix ans. La Cour grand-ducale avait décrété un deuil de quatre semaines. Ses funérailles se sont déroulées en la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg le 30 juillet. L'ensemble de la famille grand-ducale était présente. Le roi Baudouin, frère de la grande-duchesse Joséphine-Charlotte, avait interrompu ses vacances en Espagne pour assister aux obsèques, auxquelles se trouvaient également des Bourbon-Parme, le roi Michel de Roumanie (dont l'épouse est née Anne de Bourbon-Parme), la princesse Edouard de Lobkowicz, la princesse Mafalda de Hesse, des Habsbourg, des Croÿ, des Arenberg, des représentants des Maisons de Bavière, Bade, Hohenlohe, etc. Le prince Charles a été inhumé dans la crypte destinée à la famille grand-ducale qui se trouve dans la cathédrale.
 
La princesse Joan est arrivée au bras de sa belle-mère
 
La grande-duchesse Joséphine-Charlotte, la grande-duchesse Charlotte, le grand-duc Jean, la princesse Joan et le grand-duc héritier Henri lors des funérailles du prince Charles
Le roi Baudouin et sa soeur Joséphine-Charlotte


Le roi Michel de Roumanie, la princesse Margaretha et le prince Guillaume de Luxembourg

De gauche à droite : le comte Henckel de Donnersmarck (épous de la princesse Marie-Adélaïde que l'on voit à peine sur ce document), le comte Knud Holstein til Ledreborg, Mademoiselle Reinard, la princesse Marie-Gabrielle, la princesse Alix et la princesse Elisabeth (à l'extrême droite).
 
L'année suivante, le 3 août 1978 à Isleboro (Etats-Unis), Joan s'est remariée pour la troisième fois avec Philippe de Noailles (1922-2011), 7ème duc de Mouchy et prince-duc de Poix. Cet homme divorcé de Diane de Castellane, est le père de trois enfants. Il occupera jusqu'en 2003 les fonctions de directeur général du Domaine Clarence Dillon. La duchesse de Mouchy rénove, modernise et agrandi le domaine. Ainsi le Château La Mission Haut-Brion (comprenant les crus Château Laville Haut-Brion et Château La Tour Haut-Brion) tombe dans l'escarcelle de la société. Aujourd'hui, c'est le prince Robert de Luxembourg qui a repris les rennes du domaine.
 
Le duc et la duchesse de Mouchy (© Domaine Clarence Dillon)
 
Joan entourée de son fils, le prince Robert, et sa belle-fille, la princesse Julie
Domaine Clarence Dillon)


Descendance du prince Charles :

1. Charlotte, Phyllis, Joelle, Marie de Nassau, princesse de Luxembourg (née le 15 septembre 1967 à New-York)
+ (civilement le 26 juin 1993 à Mouchy-le-Châtel, dans l'Oise et religieusement le 18 septembre 1993 à Saint-Rémy-de-Provence) Lord Marc-Victor Cunningham (né le 24 septembre 1965 à Harrogate ; fils de Victor Cunningham et Karen Armitage)

1.1. Charles, Douglas, Donnall Cunningham (né le 8 août 1996 à Rockport, dans le Maine)
1.2. Louis, Robert, Dominic, Marie Cunningham (né le 10 mars 1998 à Londres)
1.3. Donnall Cunningham (né en 2002)

2. Robert, Louis, François, Marie de Nassau, prince de Luxembourg (né le 22 août 1968 au château de Fischbach)
+ (29 janvier 1994 à Boston) Julie, Elizabeth Houston Ongaro (née le 9 juin 1966 à Louisville, dans le Kentucky ; fille du Dr. Theodor Ongaro et de Katherine Houston) [Elevée au titre de Princesse de Nassau par arrêté grand-ducal du 27 novembre 2004, ainsi que ses enfants]

2.1. Charlotte, Justine de Nassau, princesse de Nassau (née le 20 mars 1995 à Boston)
2.2. Alexander, Theodor, Charles de Nassau, prince de Nassau (né le 17 avril 1997 à Aix-en-Provence)
2.3. Frederik, Henry, Douglas, Marie de Nassau, prince de Nassau (né le 18 mars 2002 à Aix-en-Provence)