Depuis 1969, le public est annuellement invité à venir découvrir gratuitement les salles et salons les plus prestigieux. Cette année ce sera encore le cas du 24 juillet au 9 septembre (tous les jours de 10h30 à 16h30, sauf les lundis). Ce 19 juillet, déjà, les Souverains et les ducs de Brabant inaugureront la traditionnelle exposition qui cette année a comme thème : "Science et Culture au Palais".
A l'occasion de cette ouverture estivale du Palais Royal, je vous propose une série d'articles sur le Palais, avec tout d'abord un premier historique général. Ensuite, chaque salon et salle d'apparat auront leurs articles, avec des détails sur les oeuvres d'art présentes.
Depuis très longtemps, la zone où se trouve l'actuel Palais Royal a été l'endroit qui a abrité le symbole physique du pouvoir dans la ville de Bruxelles. Ainsi, dès le XIIe siècle, le palais du Coudenberg voit le jour. Il sera occupé dans les derniers lieux par les ducs de Bourgogne. Ce palais, dont il est possible aujourd'hui de visiter certains vestiges, a été victime d'un terrible incendie en 1731. Pendant plusieurs décennies, aucun projet n'est imaginé pour remplacer les ruines. Si bien que les Bruxellois appellent désormais l'ancien prestigieux palais la "Cour Brûlée". La Walrande, parc aux vallons pittoresques de l'ancien palais - qui correspond plus ou moins aujourd'hui au parc royal - est laissé, lui, à l'abandon.
Il faut attendre 1774 pour qu'un projet de réaménagement de cette zone de Bruxelles soit adopté. Le gouverneur général de l'époque est le duc Charles de Lorraine, qui n'est autre que le beau-frère de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche qui règne à l'époque sur ce qui n'est pas encore la Belgique. Les plans des travaux sont signés Barnabé Guimard de Larabe. Ils prévoient la démolition des ruines de l'ancien palais, la création de nouveaux quartiers autour de la Place royale, un réaménagement du parc dans un style Louis XVI néo-classique sans oublier les travaux importants de nivellement.
Le Palais du Coudenberg selon une peinture du XVIIe siècle |
C'est en partie dans ce projet que le Palais Royal trouve son origine puisque ce sont quatre hôtels construits rue de Belle-Vue qui, réunis, constituent l'imposant édifice. Même s'il faudra attendre plusieurs épisodes pour obtenir le résultat actuel...
Deux années sont seulement nécessaires, 1776 et 1777, pour édifier l'Hôtel Belle-Vue. C'est Philippe de Proft, marchand de vin à Bruxelles, qui a accepté d'acheter le terrain qui devait contenir la construction décidée par le projet général de réaménagement. Son propriétaire en fera alors un des plus luxueux hôtels pour voyageurs de l'époque. Passant ensuite en 1795 à Louis de Proft, ses héritiers le vendent en 1866 à Edouard Dremel. En 1904, l'Etat belge l'acquiert pour répondre au souhait du roi Léopold II d'agrandir le Palais royal.
En 1783, deux hôtels sont construits de part et d'autre de la rue Héraldique, perpendiculaire à la rue Belle-Vue. Comme cela se faisait souvent à l'époque, les terrains sont d'abord achetés par des abbayes qui financent également les travaux. L'architecte choisi est Louis Montoyer. Une fois terminés, en 1785, les deux hôtels sont achetés par le gouvernement. L'hôtel qui correspond aujourd'hui à l'aide droite du Palais est attribué au ministre plénipotentiaire, à l'époque le comte Louis de Barbiano Belgiojoso. Quant à l' "aile gauche", elle a été occupée par le commandant militaire des troupes autrichiennes, le général baron de Bender. Très vite, ces deux hôtels ont été dénommés selon les noms de leurs occupants : Belgiojoso et Bender.
Hôtel du ministre plénipotentiaire |
La même année que commencent les travaux pour les deux hôtels de la rue Héraldique, est également entrepris la construction d'un autre hôtel, situé à l'opposé de l'Hôtel Belle-Vue. C'est l'abbaye de Gembloux, en faillite, qui en est propriétaire. A la fin des travaux, en 1786, le vicomte Edouard de Walckiers (qui se fera également bâtir le château du Belvédère) en est l'occupant via un bail censé être à vie. Mais l'homme politique, plutôt malchanceux, se réfugie à Paris lors de la Révolution brabançonne. En 1792, l'abbaye de Gembloux vend l'hôtel au prince d'Arenberg qui le cède ensuite à son tour au marquis d'Assche. En 1852, le gouvernement rachète l'hôtel du marquis d'Assche pour l'intégrer au Palais royal pour y accueillir la Liste Civile.
Sous l'occupation française, l'hôtel Belgiojoso devient celui du préfet. Devenu pendant un court laps de temps un magasin d'habillement, l'hôtel Bender accueille ensuite, après restauration, le commandant de la 24ème division militaire. Les provinces belges forment avec son voisin du nord en 1815 le royaume des Pays-Bas. La Loi Fondamentale institue deux capitales : Bruxelles et La Haye. Puisque Bruxelles possède désormais le statut de capitale, il lui faut une résidence digne de ce nom pouvant servir de résidence au roi Guillaume Ier.
Des plans sont élaborés par Ghislain-Joseph Henry mais au final, par un concours de circonstances, ils ne seront pas respectés. D'ailleurs l'architecte meurt dès 1820, et c'est Charles Vander Straeten qui prend la relève. Les travaux ont duré de 1819 à 1824. La façade de l'Hôtel Belgiojoso est restaurée et l'Hôtel Bender est transformé de manière à apparaître identique à son "voisin" d'en face. Les deux bâtiments sont séparés par cinq arcades supportant à la hauteur du premier étage une galerie couverte. Mais au rez-de-chaussée, tout piéton peut toujours traverser la rue Héraldique. La jonction est extrêmement peu esthétique surtout dû au fait que l'Hôtel Bender est situé 2 mètres 40 plus bas que son homologue.
Devant un résultat qui laisse dubitatif, de 1827 à 1829 de nouveaux travaux sont engagés afin de faire place, enfin, à un palais ayant fière allure. L'architecte est désormais Tilman-François Suys. L'Hôtel Bender sert de base, même si sa façade est simplifiée, et les cinq colonnes sont démolies. Les travaux donnent beaucoup plus d'homogénéité à l'ensemble. "Au centre s'élevait un avant-corps monumental orné de six colonnes corinthiennes et surmonté d'une balustrade à colonnettes. Les deux ailes du palais percées chacune de treize fenêtres étaient surmontées d'un attique simple qui dissimulait le toit. Un balcon de fer courait le long du premier étage des deux ailes de l'édifice qui avait un aspect sobre et sévère." (extrait de "Le Palais Royal à Bruxelles" par Thierry de La Kethulle de Ryhove, Emile Vandewoude et Anne van Ypersele de Strihou). L'aile droite est destinée au roi Guillaume Ier tandis que l'aide gauche est affectée au prince Frédéric. A cette époque, la rue de Belle-Vue adopte le nom de place du Palais Royal (qui deviendra par la suite sa dénomination actuelle de place des Palais).
En 1831, à son arrivée, le roi Léopold Ier peut jouir des palais de Bruxelles et de Laeken. Durant son règne le Palais change très peu. La famille royale occupe l'arrière de l'aile droite. Protestant, une chapelle est aménagée pour le Roi dans des salons de l'aile gauche. En 1858, ayant atteint sa majorité, le prince Léopold, duc de Brabant, se voit aménager des appartement par un agrandissement de l'aile gauche qui se traduit par un nouveau bâtiment perpendiculaire à la façade.
Prochain article : le Palais royal, du règne de Léopold II à nos jours
Ce blog est toujours aussi bien fait et passionnant. Merci
RépondreSupprimerExcellent reportage Valentin !
RépondreSupprimerTu nous offres avec talent et compétence une vraie promenade architecturale au coeur de la ville haute de Bruxelles et de son quartier royal, à la fois régalien et si humain.
Merci de partager avec nous le fruit de tes recherches.
excellent article sur le palais royal de Bruxelles
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