Ces fêtes de Persépolis ont eu lieu en 1971 afin de célébrer les 2.500 ans de l'empire perse. Le point d'orgue de ces célébrations se situait entre les 12 et 16 octobre sur les sites archéologiques de Persépolis et de Pasargades. Ce fut le rendez-vous des fastes et du grandiose sous la présidence du chah d'Iran et son épouse l'impératrice Farah. Ces célébrations ont été critiquées dans le monde occidental notamment pour leur coût important, ainsi que par les opposants au régime tels que Khomeini. Plusieurs analystes présentent cet événement comme le "chant du cygne" avant qu'en 1979 la révolution ne contraigne à l'exil la famille impériale. Cela n'empêcha pas les grands du monde de l'époque de faire le déplacement en nombre, réunissant une impressionnante concentration de représentants des monarchies d'Europe, d'Afrique, d'Asie et du Moyen-Orient, ainsi que des représentants d'Etats des quatre coins du globe.
La Belgique y fut représentée par le roi Baudouin et la reine Fabiola. Le grand-duc Jean et la grande-duchesse Joséphine-Charlotte représentaient quant à eux le Luxembourg, discrètement accompagnés par leur fille la princesse Marie-Astrid.
Du côté des autres cours, avaient également répondu favorablement à cette invitation : l'empereur Hailé Sélassié Ier d'Ethiopie, le roi Frederik IX et la reine Ingrid de Danemark, le roi Olav V de Norvège, le roi Hussein et son épouse la princesse Muna de Jordanie, le roi Moshoeshoe II du Lesotho, le prince François-Joseph II et la princesse Gina de Liechtenstein, le roi Mahendra et la reine Ratna du Népal, le prince Rainier III et la princesse Grace de Monaco, le roi et la reine de Malaisie, l'émir d'Abu Dhabi et président des Emirats Arabes Unis, le cheikh Sabah III Al-Salim du Koweït, le sultan Qaboos d'Oman, l'émir du Bahreïn, l'émir du Qatar, le duc d’Édimbourg et la princesse Anne pour le Royaume-Uni, le prince consort Bernhard des Pays-Bas, le prince héritier Carl Gustav de Suède, le prince Mikasa et la princesse Yuriko du Japon, la princesse Basma de Jordanie, le prince Moulay Abdellah et la princesse Lamia du Maroc, le prince Bhanubandhu Yugala de Thaïlande, le prince Abdul Wali Khan et la princesse Bilqis Begum d'Afghanistan, le prince et premier ministre Makhosini du Swaziland. Le prince Juan Carlos et la princesse Sophie de Bourbon représentaient l'Espagne et le général Franco. Les anciens souverains grecs, le roi Constantin II et la reine Anne-Marie, accompagnés du prince Michel et de la princesse Marina de Grèce, étaient également de la partie, tout comme le prince Victor-Emmanuel et la princesse Marina de Savoie, qui faisaient là leur première apparition officielle commune après leur mariage à Téhéran. La princesse Salimah Aga Khan et la bégum Om Habibeh Aga Khan représentaient officiellement la communauté musulman chiite ismaélienne. Le pape Paul VI envoya le cardinal Maximilian de Furstenberg comme son représentant spécial.
La liste des invités était complétée par le vice-président américain Agnew, le dirigeant soviétique Podgorny, le président indien Giri Venkata, le président brésilien Médici, le président yougoslave Tito et son épouse, le président roumain Ceaucescu et son épouse, le président hongrois Losonczi, le président autrichien Jonas, le président bulgare Jivkov, le président tchécoslovaque Svoboda, le président du Zaïre Mobutu, le président sud-africain Fouché, le président finlandais Kekkonen, le président sénégalais Senghor, le président turc Sunay, le président libanais Franjieh, le président pakistanais Khan, le président du Dahomey Maga, le président mauritanien Ould Daddah, le gouverneur-général canadian Michener et le gouverneur-général australien Hasluck, le vice-président polonais Klimaszewski, le chancelier fédéral ouest-allemand Brandt, le premier ministre français Chaban-Delmas et son épouse, le président du conseil des ministres italien Colombo, le premier ministre sud-coréen Jong-pil, le chef du gouvernement algérien Boumédiène, le premier ministre yéménite al-Aini, le vice-président de l'Assemblée nationale chinoise Guo Moruo, le président du Bundestag ouest-allemand von Hassel, l'ancien président suisse Gnägi, le ministre portugais des Affaires étrangères Patrício, l'épouse du président philippin Marcos et sa fille, ainsi que le représentant spécial du président tunisien.
|
Le campement de Persépolis |
Ces invités arrivèrent à Persépolis le 13 octobre, bien souvent après une escale à Téhéran. Ils furent accueillis personnellement, un par un, par le couple impérial pendant que l'hymne national du pays retentissait. Pour l'anecdote, Rainier III et Grace de Monaco ont dû prendre l'avion avec le couple royal belge suite à un souci avec leur avion à Nice. Pour loger l'ensemble des invités, un campement s'étalant sur 64 hectares avait été construit, juste à côté des ruines du palais de Darius Ier. Sous la forme d'une étoile à cinq branches, représentant les cinq continents, les cinquante tentes se situaient de part et d'autre de chaque allée, une fontaine ponctuaient le centre. Un peu à l'écart, une tente d'honneur suivie d'une salle de banquet avaient été installées. Cette concentration extraordinaire de personnalités nécessita une sécurité renforcée dans un rayon de soixante kilomètres autour du site et plus de mille personnes furent arrêtées par les services de renseignement iraniens, considérées comme pouvant perturber ces cérémonies. Sur le campement, l'ambiance était détendue : le roi Frederik IX de Danemark fumant la pipe, le prince héritier Reza Pahlavi contribua à la vie de cet oasis en plein milieu du désert en convoyant certains invités, alors que le roi Baudouin s'amusait à filmer son épouse, la reine Fabiola. Certains invités en profitèrent également pour se rendre visite en toute intimité.
|
L'ambiance sur le campement : le roi Baudouin filme la reine Fabiola |
|
Le roi Baudouin entouré du prince Juan Carlos d'Espagne, du roi Constantin II
de Grèce, du prince Michel de Grèce et du prince Carl Gustav de Suède |
Le soir du 14 octobre, six-cent invités furent conviés à un dîner de gala dans la salle de banquet. Auparavant, ils furent accueillis par le couple impérial dans la tente d'honneur. Cet événement coïncida avec le trente-troisième anniversaire de la chabanou. Pendant cinq heures et demi, ils découvrirent un menu gargantuesque accompagné des plus prestigieux breuvages. Ce dîner est d'ailleurs inscrit dans le
Guinness Book des records comme le plus long et somptueux banquet de l'histoire moderne. La soirée se clôtura par un spectacle son et lumière en plein milieu du désert.
|
Lors de l'accueil lors du dîner de gala : Baudouin et Fabiola avec le couple royal jordanien |
|
Les altesses prennent place : la reine Fabiola au bras du roi Hussein de Jordanie ainsi que le grand-duc Jean et la grande-duchesse Joséphine-Charlotte, suivi par leur fille Marie-Astrid. Fabiola porte le diadème Wolfers et porte une broche qui est un élément du diadème reçu par l'Espagne lors de son mariage tandis que Joséphine-Charlotte arbore le diadème de la Société Générale. |
|
Le Chah fait un discours. Il est entouré (de g. à d.) par la princesse Muna de Jordanie, le roi Baudouin, la reine Ingrid de Danemark, la reine Fabiola, le roi Hussein de Jordanie, la reine de Malaisie et le roi Moeshoeshoe II du Lesotho |
|
Sur cette photo on reconnaît la grande-duchesse Joséphine-Charlotte (au centre), à une place de la princesse Grace de Monaco, ainsi que la princesse Anne d'Angleterre (sur la table perpendiculaire, à gauche) |
|
La reine Fabiola, tout sourire, avec la princesse Sophie d'Espagne |
|
Baudouin et Fabiola en compagnie de la chahbanou et l'empereur d'Ethiopie qui se rendent au spectacle son et lumière |
Le lendemain, les prestigieux invités ont été acheminés par bus jusqu'aux tribunes où ils prirent place afin d'admirer une parade retraçant l'histoire des armées, en s'inspirant, notamment pour les costumes, des fresques présentes dans les ruines de Persépolis. Les souverains et les chefs d'Etat étaient assis au premier rang. Durant près de trois heures, ils virent défiler, sous un soleil de plomb, un nombre important de militaires portant des costumes d'époque, ainsi que trois navires de guerre du Ve siècle avant notre ère ou encore une tour d'assaut à trois étages. Cette cérémonie a été diffusée en direct, à l'instar du dîner de gala, dans une trentaine de pays.
|
Le roi Baudouin et la reine Fabiola dans les tribunes |
|
La grande-duchesse Joséphine-Charlotte |
Le soir, les invités furent conviés à une fête traditionnelle perse. Un moment nettement moins formel que la veille, durant lequel l'empereur et l'impératrice voyagèrent de table en table. Cette soirée clôtura les fastes iraniens puisque le lendemain tout le monde prenait l'avion pour Téhéran. Seul un petit nombre d'invités, comme l'empereur d'Ethiopie et le roi Constantin de Grèce, participèrent le 16 octobre à un hommage au père du Chah.
|
La reine Fabiola discute tantôt avec son époux, tantôt avec son compatriote le prince Juan Carlos que le général Franco a désigné pour représenté l'Espagne |
|
Le roi Baudouin et sa sœur la grande-duchesse Joséphine-Charlotte, aux côtés de la reine Ingrid de Danemark et du roi Olav V de Norvège |
|
Vue sur la table des souverains belges et luxembourgeois, où se trouvaient également les souverains danois, le roi de Norvège, ainsi que le prince Mikasa du Japon (frère de l'empereur Hirohito) et son épouse Yuriko |
Merci Valentin,pour cet article.(Quelques photos nouvelles pour moi) Je crois que ces fetes etaient grandioses et couterent trop cher et cela a mis en question la monarchie et son role.Pourtant on reve en admirant les splendeurs d'Iran,et les jolis bijoux des reines et princesses.La grande-duchesse etait comme toujours tres elegante et royale.
RépondreSupprimerLire ton magnifique reportage est un plaisir en cette fin de week-end. Les photographies sont un régal avec ces couleurs un peu délavées et pleines de charme.
RépondreSupprimerLa liste des invités est impressionnante. Tous ont voulu " y être " en participant à cet événement qui constitue l'acmé du régime impérial iranien huit ans seulement avant sa chute si brutale.
En effet, pendant ce temps là depuis Najaf où il était exilé, l'ayatollah Khomeini surveillait attentivement tous ces fastes qui un jour serviraient si bien sa cause.
La France n'a envoyé que Jacques Chaban-Delmas, le premier ministre de l'époque, alors que presque tous les pays européens étaient représentés par le chef de l'Etat en personne.
Merci Valentin !
Merci Valentin de nous rappeler cet événement que je n'ai pas connu, et de nous montrer ces photos que je n'avais jamais vues. Si l'Histoire a montré que l'Iran ne va sûrement pas mieux depuis la chute du shah, le faste de ces fêtes est quand même un peu choquant. Il y aurait eu moyen de fêter dignement cet anniversaire mais un peu plus simplement (l'impératrice Farah le reconnaît d'ailleurs dans ses mémoires). Je ne suis pas sûr que cette concentration d'altesses royales n'ait pas été égalée depuis lors, notamment lors des funérailles des rois Baudouin et Hussein ou des jubilés d'Elisabeth II et Bhumibol? Par ailleurs, rappelons que quelques années plus tard, l'impératrice Farah et le prince héritier Reza sont venus en visite officielle en Belgique (elles sont racontées en détail dans les mémoires de l'ancien Grand Maréchal de la Cour Herman Liebaers).
RépondreSupprimerJe ne crois pas qu'une telle concentration de "grands de ce monde" n'a plus jamais eu lieu en comptant les représentants de familles royales mais aussi des républiques.
SupprimerConcernant uniquement les altesses royales, sans doute cet événement peut rivaliser avec quelques autres occasions.
Quel plaisir de revoir ou découvrir ces photos!
RépondreSupprimerJ'ai revu toutes ces photos avec grand plaisir! Hélas cette époque est révolue et tous les participants sont âgés ou...morts.Un grand plaisir et un grand coup de bourdon :)
RépondreSupprimerBonjour
RépondreSupprimerJe viens de découvrir votre site par l'intermédiaire du site de Serar. Je voulais vous féliciter pour cet article très intéressant.
Maintenant je pars à la découverte des autres articles de votre site.
Therese.
Bonjour Therese,
SupprimerBienvenue sur "Royalement Blog" ! J'espère que vous prendrais du plaisir à le découvrir et à consulter les nouveaux articles.
J'espère vous lire dans de prochains commentaires !