Au début du mois de mai 1930, les souverains belges, le roi Albert Ier et la reine Elisabeth, effectuent une visite officielle au grand-duché de Luxembourg. Ce déplacement fait suite à une précédente visite, il y a quelques années, de la grande-duchesse Charlotte et du prince Félix en Belgique.
Le roi et la reine des Belges effectuent le voyage jusqu'à Luxembourg en train. Ils y sont accueillis à la gare par le couple régnant. Albert Ier et la grande-duchesse Charlotte prennent alors place dans une voiture pour rejoindre le Palais grand-ducal. La reine Elisabeth et le prince Félix empruntent une deuxième voiture, tandis que la troisième et dernière voiture est occupée par le ministre belge des Affaires étrangères, M. Paul Hymans, le ministre de Luxembourg à Bruxelles, le comte d'Ansembourg, et la comtesse de Robiano. La foule est nombreuse le long du parcours et 4.000 enfants des écoles forment une haie d'honneur au convoi.
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Sortie de la gare, la grande-duchesse Charlotte et le roi Albert Ier |
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Sortie de la gare, la reine Elisabeth et le prince Félix |
Arrivés au Palais grand-ducal, les deux couples souverains saluent alors
la foule depuis le balcon et assiste à un défilé composé des sociétés
luxembourgeoises et d'enfants des écoles. Sans lien étroit de parenté à
l'époque, les deux familles n'en sont pas moins proches, à l'instar des
deux pays. Ainsi, le roi Albert Ier parlera dans un discours du
rapprochement étroit opéré par les deux Etats depuis quelques années,
sans oublier les progrès sérieux en terme d'adaptation et de
développement de l'Union belgo-luxembourgeoise.
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Au balcon du Palais grand-ducal |
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Défilé dans les rues de Luxembourg |
Après le passage au Palais grand-ducal, le roi Albert Ier se rend au
Monument commémorant les volontaires luxembourgeois de la guerre 14-18. Il y dépose une gerbe de fleurs en compagnie du bourgmestre de la ville, M. Diderich. Le souverain aura également l'occasion de s'entretenir avec des volontaires luxembourgeois des armées alliées.
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Au Monument commémorant les volontaires luxembourgeois de la guerre 14-18 |
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La visite sera également ponctuée par un déjeuner offert par le roi Albert Ier à la légation belge de Luxembourg |
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Photo de groupe prise le jour du déjeuner |
La visite s'est terminée de manière plus intime, au château de Fischbach où les enfants du couple grand-ducal étaient alors en vacances. La reine Elisabeth avait d'ailleurs apporté plusieurs cadeaux pour les princes Jean (9 ans) et Charles (3 ans), et les princesses Elisabeth (7 ans et demi), Marie-Adélaïde (6 ans), Marie-Gabrielle (bientôt 5 ans) et Alix (quelques mois).
Article réalisé sur base du Soir Illustré du 10 mai 1930 (n°116), dont toutes les photos sont issues.
Excellent reportage Valentin !
RépondreSupprimerPar curiosité, je suis allé regarder comment le Patriote Illustré avait traité le sujet en son temps.
Apparemment il y a davantage de photographies et de texte dans le Soir Illustré ce qui nous a valu le magnifique article que tu as rédigé !
Bonjour Valentin,
RépondreSupprimerformidable post, comme toujours ! Avec néanmoins une toute petite erreur, si je puis me permettre : il y a bien un lien de parenté très proche puisque la grande-duchesse, son époux et la reine Elisabeth sont tous les trois des petits-enfants du roi Miguel (Charlotte fille de Marie-Anne, Félix fils de Maria-Antonia et Elisabeth fille de Marie-José).
Il est vrai cependant que les souverains belges ont en gros vingt ans de plus que le coupe grand-ducal, et que la reine n'a donc pas pu partager de jeux d'enfants avec ses cousins Luxembourg et Parme. Je me demande bien, cependant, si la relation était purement formelle ou si des liens familiaux existaient (je pencherais pour la deuxième solution).
Ceci dit, bravo encore pour ce blog !
Quel article intéressant et instructif, vos recherches que vous partagez ensuite sont un vrai régal pour moi !
RépondreSupprimerMerci Lionel pour le commentaire, ainsi que pour la rectification généalogique.
RépondreSupprimerLes deux couples n'étaient pourtant pas des intimes. Les relations étaient cependant cordiales, état des choses très certainement dû à la proximité des deux pays. Mais il ne fait nul doute que les liens se sont rapprochés au fil du temps (grâce peut-être au roi Léopold III, davantage de la même génération de Charlotte et de Félix). Ainsi, on sait que l'union de la princesse Joséphine-Charlotte et du grand-duc héritier Jean a été arrangée, suggérant une certaine connivence entre les deux familles. Certaine proximité qui datait d'un peu plus tôt d'ailleurs puisqu'en 1949, lorsque Joséphine-Charlotte rentre en Belgique, alors que le roi reste en exil en Suisse, afin de pouvoir prendre part à la "propagande" léopoldiste, la veille de son arrivée, elle passe la nuit auprès de la famille grand-ducale.
Quel contraste entre la souriante et petillante reine des Belges et la severe et traditionnelle grande-duchesse ,pourtant je les admire toutes les deux,chacune avait son propre style et caractere!
RépondreSupprimerMerci,ces photos etaient totalement inconnues pour moi!
Oui, Valentin, ils avaient beau être cousins germains, ils n'étaient pas de la même génération, et puis, vu le nombre de petits-enfants du roi Miguel, il serait étonnant qu'ils aient tous été proches !
RépondreSupprimerJe me demande si l'idée d'un futur mariage Jean/Joséphine-Charlotte n'a pas germé lors de cette visite de 1930. Ils étaient encore loins de tout mariage, à 9 et 3 ans, mais il semble qu'Albert et Elisabeth planifiaient bien ce genre de choses. J'avais ainsi lu que Marie-José était, dès l'enfance, promise au prince Umberto (à la grande horreur de sa grande-tante, la dernière reine des Deux-Siciles) et que même le mariage Léopold-Astrid, présenté comme un mariage d'amour à l'époque, était l'oeuvre des deux familles. A l'exception du mariage avec Lilian de Réthy, le mariage Albert-Paola semblerait être le premier mariage non arrangé de l'Histoire dynastique belge ?
Concernant le mariage de la princesse Marie-José, celui-ci a été prévu dès son plus jeune âge. Dès 1917, elle suivit des cours à Florence, ce qui l'amena à se familiariser avec l'italien et cela lui permis de rencontrer à diverses reprises le prince héritier. Un mariage a donc su être arrangé peu à peu par les deux familles. Arrangement concrétisé dans un mariage en 1930, qui sera très vite chancelant et les chemins des deux époux se sépareront définitivement lors de l'exil (même s'ils gardèrent d'excellents contacts).
RépondreSupprimerPour le mariage de Léopold, sa mère Elisabeth a été assez active dans la recherche de sa future épouse, qui devait appartenir à une famille royale. La reine Elisabeth a d'abord songé à effectuer une double union avec Italie, projetant d'unir Léopold à la princesse Mafalda, sœur du prince héritier Umberto. Ce projet n'aurait pas aboutit suite au refus de Léopold lui-même. Puis le choix s'est orienté vers la Suède, et la princesses Ingrid, fille du roi, ou les princesses Martha et Astrid, nièces du roi (Astrid qu'il a déjà rencontré une fois). Elisabeth et Léopold partiront quelques jours en Suède, et le prince pourra de cette manière rencontrer les trois princesses. Le choix du futur roi se porte sur Astrid, qu'il revoit par la suite, seul. Même si cette union a donc été chaperonné par la souveraine belge, les deux fiancés sont tout de même attirés l'un l'autre. Les photos de l'époque montrent d'ailleurs beaucoup de naturel, de simplicité et d'affection, ce qu'on avait encore jamais vu. Et puis, il y a cette arrivée de la princesse à Anvers où elle enlacera très peu protocolairement Léopold !
Mais vous avez absolument raison pour Albert et Paola, qui se sont rencontrés par hasard à l'ambassade de Belgique près le Vatican à l'occasion des célébrations suite à l’avènement du pape Jean XXIII. Il s'agit donc du premier couple royal à s'être unis sans aucun arrangement. La situation sera différente pour Baudouin et Fabiola puisque la future reine sera trouvée suite à une demande du roi auprès du cardinal Suenens et l'entremise d'une sœur irlandais Veronica O'Brien. Ce qui n'empêcha pas un profond amour entre les deux époux.
Je pense que c'est à partir du règne de la grande-duchesse Charlotte que les liens entre la famille grand-ducale luxembourgeoise et la famille royale belge ont commencé à devenir étroits (ce n'était pas le cas avec la précédente souveraine, la grande-duchesse Marie-Adélaïde, dont le comportement durant la première guerre mondiale a créé la polémique). En 1927, la grande-duchesse Charlotte devient la marraine de la princesse Joséphine-Charlotte, petite-fille du roi Albert Ier. Après la deuxième guerre mondiale, les deux familles se côtoyaient aux sports d'hiver en Autriche ou en Suisse. A noter qu'en 1956, le roi Léopold III et la princesse Lilian choisissent la princesse Adélaïde de Luxembourg (fille de la grande-duchesse Charlotte) comme marraine de leur fille cadette la princesse Marie-Esméralda.
RépondreSupprimerA noter qu'au sein de la famille royale belge, si les princesses Marie-José et Joséphine-Charlotte ont connu des mariages arrangés, ce ne fut pas toujours le cas à la génération précédente. A force de patience, la princesse Clémentine (fille de Léopold II) a réussi à imposer son choix sans perdre sa place au sein de la famille royale.
Certes, Clémentine a fait un mariage d'amour. Mais elle a quand même du patienter une bonne dizaine d'années et attendre la mort de son père. Elle a finalement réussi à se marier quand elle était relativement "démonétisée" en tant que princesse, n'étant plus que la cousine du nouveau roi.
RépondreSupprimerElle a effectivement montré une volonté de fer : peut-être les destins tristes de ses soeurs lui avaient-ils montré la voie à ne pas suivre...