Le 6 février, le roi Philippe et la reine Mathilde ont effectué une visite officielle en France. Au programme, un hommage à la statue du roi Albert Ier à côté de la place de la Concorde, un déjeuner à l'Elysée, une rencontre avec le président de l'Assemblée nationale et une réception à l'ambassade de Belgique. C'est l'occasion de revenir sur la visite d’État du roi Baudouin, la première accompagnée de la reine Fabiola, chez le voisin français en 1961. Une visite de quatre jours durant lesquelles la république avait déployé tous ses fastes.
Le mercredi 24 mai 1961 en matinée, la caravelle d'Air France Comté de Nice atterrit à Orly. A son bord, se trouvent le roi Baudouin et la reine Fabiola. Pour ce déplacement, ils sont accompagnés du Premier ministre Théo Lefevre et du Vice-Premier ministre et Ministre des Affaires étrangères Paul-Henri Spaak. La Cour est représentée par le comte Gobert d'Aspremont Lynden, Grand Maréchal, le comte Gatien du Parc Locmaria, Maître des Cérémonies, le lieutenant-général R. Dinjaert, Chef de la Maison Militaire, Charles Kerremans, attaché au département du Grand Maréchal, le lieutenant-général O. Harteon comme aide de camp, le major R. de Heusch en tant qu'officier d'ordonnance, sans oublier la princesse de Merode-Westerloo, dame d'honneur de la souveraine.
A l'aéroport, le général de Gaulle, président de la république, et son épouse Yvonne accueillent le couple royal en présence du Premier ministre Michel Debré, du Ministre des Affaires étrangères Maurice Couve de Murville, du Ministre des Armées Pierre Messmer, ainsi que de l'ambassadeur de Belgique en France le baron Marcel-Henri Jaspar, de l'ambassadeur français basé en Belgique Raymond Bousquet, du général d'armée André Demetz, gouverneur militaire de Paris, du préfet de Seine-et-Oise Paul Demange et du préfet de police Maurice Papon. Alors que Mme de Gaule et la reine Fabiola prennent la voiture, le général de Gaulle entraîne le roi Baudouin au drapeau. Les hymnes nationaux sont exécutés et les troupes passées en revue. Dans le salon d'honneur de l’aéroport ont lieu les présentations des diverses personnalités présentes puis les discours des chefs d’État. Le président français indique notamment que « depuis la visite d'Albert Ier, il n'y a eu entre la Belgique et la France que des raisons de s'estimer, de s'allier et de s'aimer »
Ensuite les deux couples prennent la direction de l'hôtel du ministre des Affaires étrangères, sur le Quai d'Orsay, où les souverains belges logeront durant leur séjour. Une partie de la délégation belge prendra ses quartiers par contre à l'Hôtel de Crillon. Le long du parcours, ce ne sont pas moins de 12.000 policiers qui assurent la sécurité. Arrivés à destination, un détachement de la Garde républicaine rend les honneurs puis les suites et la Maison du général de Gaulle sont présentées dans le Salon de la Rotonde. Le président français a détaché auprès du Roi des Belges le général Leguay, le commandant Jallas, le capitaine de corvette de Castelbajac, M. de Casteja (conseiller des Affaires étrangères), sans oublier Mme de Beaumarchais destinée à la reine Fabiola. Le couple royal a alors le loisir de découvrir les appartements mis à sa disposition, agrémentés pour l'occasion de prêts venant du Louvre : un Manet, deux Chardin et un Lancret.
Une heure plus tard, à exactement 12h28, le général de Gaulle est de retour, accompagné de son Premier ministre Michel Debré et d'une délégation française. Les deux chefs d’État se retrouvent dans le Hall d'Honneur puis prennent la direction du Tombeau du Soldat Inconnu. Accueillis par le Ministre des Armées Pierre Messmer et le Ministre des Anciens combattants et Victimes de la Guerre Raymond Triboulet, cette cérémonie d'hommage est le premier temps fort de toute visite d’État. Elle se conclut par la signature du livre d'or par le roi Baudouin.
Le cortège de dix voitures pénètre ensuite, via la Grille du Coq, à l’Élysée, demeure officielle du président français. Le président de Gaulle conduit son hôte dans le Salon des Ambassadeurs et sont peu après rejoints par la reine Fabiola et Mme de Gaulle pour un déjeuner intime dans le Salon Murat. Les deux couples dégustent alors du melon au porto, un bar braisé au chablis, une poularde de Bresse périgourdine, des formages puis un soufflé au Grand Marnier, le tout arrosé par un Chevalier-Montrachet de 1955. A l'issue du déjeuner, vers 14h40, alors que la reine Fabiola regagne le Quai d'Orsay, le général de Gaulle entraîne le roi Baudouin dans son cabinet pour un entretien privé de quarante-cinq minutes.
De retour lui aussi à l'hôtel du ministre des Affaires étrangères, le roi Baudouin se voit présenter les chefs de mission diplomatique dans le Salon de l'Horloge, resté célèbre pour la déclaration qu'y a faite Robert Schuman le 9 mai 1950 pour la construction européenne. Un peu plus d'une heure plus tard, il accorde une audience à Marie-Hélène Cardot, vice-présidente du Sénat et présidente du Groupe d'Amitié France-Belgique au Sénat, à M. Courant, député et président du Groupe d'Amitié France-Belgique à l'Assemblée nationale, ainsi qu'à tous les membres de ces deux bureaux. Pendant ce temps, la reine Fabiola a eu le temps de retrouver sa mère, la marquise douairière de Casa Riera, descendue à l'Hôtel de Crillon.
En soirée, un dîner de gala était offert au Palais du Louvre par le président français en l'honneur du Roi et de la Reine des Belges. La reine Fabiola arbore la version uniquement florale du diadème des ducs de Medinaceli. Salués devant la Porte Denon par le Ministre de la Culture André Malraux, les souverains belges retrouvent le couple présidentiel sur le perron. Patientant dans la Galerie de Praxitèle, les invités sont présentés progressivement aux deux couples dans la Salle du Parthénon et gagnent ensuite leurs places dans la Galerie des Cariatides. Après le dîner, les deux couples se retirent dans la salle où avaient eu lieu les présentations. Avant de regagner le Quai d'Orsay, le couple royal se voit présenter dans le Salon d'Auguste les chefs de mission diplomatique et leurs conjoints. Baudouin et Fabiola prennent ensuite congé du couple présidentiel dans la Galerie du Manège, il est alors 23h30.
Lors du dîner , comme toujours lors d'une telle visite, les deux chefs d’État ont prononcé un discours. Un extrait de la réponse du Roi au général de Gaulle ne passera pas inaperçu dans les milieux laïques belges : « Nul dialogue n'est valable entre les hommes si ceux-ci ne communient pas à quelque vérité souveraine et reconnue de tous. La science peut abolir les distances et franchir les espaces, elle est incapable, par elle-même, de faire tomber un préjugé, d'amener l'homme à tendre la main à l'homme, de nouer entre eux des liens durables et de leur apporter des raisons de vivre. Or, aujourd'hui comme hier, les hommes ont besoin, pour vivre, de savoir pourquoi notre monde contemporain s'interroge encore avec acuité sur le sens même de la vie personnelle et collective. Ceux qui ont opté pour les sables mouvants du relativisme ne peuvent offrir une réponse valable à ces questions vitales. On ne construit pas une cité humaine sur de pareils fondements, sur de pareils marécages. Cette primauté du spirituel sur la technique, la France en est profondément convaincue. La grandeur de votre pays à travers l'histoire, Monsieur le Président, vient de ce qu'il a gardé le culte des valeurs essentielles qui sont à la base de notre civilisation et qui sont l'héritage du christianisme ». Si bien qu'Henri Janne, sénateur socialiste et ancien recteur de l'Université Libre de Bruxelles, a publié un article dans Le Soir du 1er juin afin de remettre en cause, non pas tant la personne du roi Baudouin, mais celle du ministre socialiste des Affaires étrangères Paul-Henri Spaak qui avait lu auparavant le discours et n'y avait trouvé rien à redire.
Le lendemain, la journée commence pour le couple royal par une visite en matinée au château de Fontainebleau, accompagné du Ministre de la Culture André Malraux et de son épouse. Ensuite, un déjeuner est offert au Quai d'Orsay par le Ministre des Affaires étrangères Maurice Couve de Murville. En après-midi, les souverains se rendent à l'ambassade de Belgique, rue de Tilsitt. Quarante-cinq minutes plus tard, le Ministre des Affaires économiques Wilfrid Baumgartner et son épouse viennent les chercher pour une réception à la Chambre de Commerce de Paris. Ils y sont également salués par le Secrétaire d’État au Commerce intérieur Joseph Fontanet et le président de la Chambre de Commerce Georges Desbrières.
Le soir, c'est au tour du couple royal d'offrir un dîner au président de Gaulle. Celui-ci a lieu à la résidence de l'ambassadeur de Belgique dans l'Hôtel de La Marck, rue de Surène. Ensuite, les invités sont conviés à une soirée de gala au Théâtre national de l'Opéra avec au programme le 3e acte du Lac des Cygnes avec Claude Bessy et Attilo Labis. A leur arrivée, la Garde républicaine rend les honneurs. Le couple royal retrouve alors le couple Malraux et se fait présenter M. Julien, administrateur-général de la Réunion des Théâtres Lyriques Nationaux. Pendant l'entracte, les deux couples se rendent au Musée de l'Opéra où M. Julien leur présente dans la rotonde de la bibliothèque les danseurs et les danseuses étoiles du corps de ballet. A la fin de la soirée, au moment de quitter la loge présidentielle, la reine Fabiola est prise d'étourdissements. Déjà avant d'entamer cette visite, il était question dans la presse belge d'une possible grossesse.
Le vendredi 26, la reine Fabiola reste dans ses appartements. Le général de Gaulle lui envoie un médecin et un communiqué officiel fait état de « coliques néphrétiques ». Deux semaines plus tard, le couple royal se rendra en audience auprès du pape Jean XIII et ce dernier indiquera maladroitement à la presse que la souveraine est belle et bien enceinte. Hélas, cette grossesse, comme plusieurs autres, se soldera par une fausse couche... La visite prévue avec Mme de Gaulle de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul est donc annulée. Le roi Baudouin se rend, lui, en matinée à l'usine des automobiles Simca à Poissy avec le Ministre de l'Industrie et du Commerce Jean-Marcel Jeanneney.
Aux alentours de midi, le Ministre de l'Information Roger Frey et son épouse arrivent à l'hôtel du ministre des Affaires étrangères et emmènent le Roi à l'hôtel de ville où l'attend une réception. Il est accueilli par Julien Tardieu, président du Conseil municipal. Les membres du Conseil lui sont présentés dans le Salon des Tapisseries puis il signe le livre d'or. La réception se poursuit dans la Salle des Fêtes où les hymnes nationaux retentissent et où le président Tardieu prononce un discours, auquel le Roi répond. C'est à l'Hôtel de Lauzun qu'un déjeuner est offert par le Conseil municipal en l'honneur du souverain belge.
En après-midi, le roi Baudouin visite la Fondation Biermans-Lapôtre, une résidence de la cité international universitaire de Paris qui accueille en priorité des étudiants belges, ainsi que des Luxembourgeois. Avec l'ambassadeur belge, le baron Jaspar, il quitte la fondation près d'une demi-heure plus tard pour une réception à l'ambassade de Belgique, l'occasion de rencontrer la colonie belge.
Une nouvelle soirée de gala attend le souverain, cette fois-ci dans le cadre magnifique du château de Versailles et de ses grandes eaux. Il a d'ailleurs l'occasion de rencontrer l'architecte et le conservateur en chef du musée avant de signer le livre d'or. Après la traditionnelle présentation des multiples invités, c'est la célèbre Galerie des Glaces qui sert d'écrin au dîner. Des rumeurs d'attentat planant sur le général de Gaulle, les photographes y sont tout d'abord interdits puis pénètrent dans la salle après l'intervention de Claude de Valkeneer, attaché de presse du Palais. Ensuite, le Roi se retire avec le couple présidentiel dans le Salon de la Pendule, avant de se rendre à l'Opéra Louis XV pour une représentation. Durant l'entracte, le roi Baudouin retrouve M. Julien qui lui présente, dans le vestibule d'entrée, les artistes du spectacle. C'est vers minuit que le souverain belge prend congé de ses hôtes.
Le 27 mai, le couple royal se rend en matinée à l’Élysée afin de saluer une dernière fois le couple présidentiel avant de regagner la Belgique. Baudouin et Fabiola prennent tout d'abord congé des présidents des assemblées, des membres du gouvernement et d'autres personnalités dans le Salon des Ambassadeurs. Les deux chefs d’État se rendent ensuite au drapeau, accompagnés du Premier ministre Michel Debré et du Ministre des Armées Pierre Messmer, tandis que les hymnes se succèdent. Le général de Gaulle reconduit le Roi à sa voiture qui démarre à 10h15. Avant de mettre un terme à cette visite d’État, le roi Baudouin se rend encore au Centre d’Études Nucléaires à Saclay et visite les installations. A 11h45, il arrive à l'aéroport de Villacoublay, où la reine le rejoint. Le couple embarque donc dans un avion à destination du royaume, c'est en tout cas la version du programme officiel puisque d'autres sources indiquent que Baudouin et Fabiola n'auraient regagné la Belgique que le dimanche.
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Ensuite les deux couples prennent la direction de l'hôtel du ministre des Affaires étrangères, sur le Quai d'Orsay, où les souverains belges logeront durant leur séjour. Une partie de la délégation belge prendra ses quartiers par contre à l'Hôtel de Crillon. Le long du parcours, ce ne sont pas moins de 12.000 policiers qui assurent la sécurité. Arrivés à destination, un détachement de la Garde républicaine rend les honneurs puis les suites et la Maison du général de Gaulle sont présentées dans le Salon de la Rotonde. Le président français a détaché auprès du Roi des Belges le général Leguay, le commandant Jallas, le capitaine de corvette de Castelbajac, M. de Casteja (conseiller des Affaires étrangères), sans oublier Mme de Beaumarchais destinée à la reine Fabiola. Le couple royal a alors le loisir de découvrir les appartements mis à sa disposition, agrémentés pour l'occasion de prêts venant du Louvre : un Manet, deux Chardin et un Lancret.
Une heure plus tard, à exactement 12h28, le général de Gaulle est de retour, accompagné de son Premier ministre Michel Debré et d'une délégation française. Les deux chefs d’État se retrouvent dans le Hall d'Honneur puis prennent la direction du Tombeau du Soldat Inconnu. Accueillis par le Ministre des Armées Pierre Messmer et le Ministre des Anciens combattants et Victimes de la Guerre Raymond Triboulet, cette cérémonie d'hommage est le premier temps fort de toute visite d’État. Elle se conclut par la signature du livre d'or par le roi Baudouin.
Photo : Archives Le Soir |
Le cortège de dix voitures pénètre ensuite, via la Grille du Coq, à l’Élysée, demeure officielle du président français. Le président de Gaulle conduit son hôte dans le Salon des Ambassadeurs et sont peu après rejoints par la reine Fabiola et Mme de Gaulle pour un déjeuner intime dans le Salon Murat. Les deux couples dégustent alors du melon au porto, un bar braisé au chablis, une poularde de Bresse périgourdine, des formages puis un soufflé au Grand Marnier, le tout arrosé par un Chevalier-Montrachet de 1955. A l'issue du déjeuner, vers 14h40, alors que la reine Fabiola regagne le Quai d'Orsay, le général de Gaulle entraîne le roi Baudouin dans son cabinet pour un entretien privé de quarante-cinq minutes.
De retour lui aussi à l'hôtel du ministre des Affaires étrangères, le roi Baudouin se voit présenter les chefs de mission diplomatique dans le Salon de l'Horloge, resté célèbre pour la déclaration qu'y a faite Robert Schuman le 9 mai 1950 pour la construction européenne. Un peu plus d'une heure plus tard, il accorde une audience à Marie-Hélène Cardot, vice-présidente du Sénat et présidente du Groupe d'Amitié France-Belgique au Sénat, à M. Courant, député et président du Groupe d'Amitié France-Belgique à l'Assemblée nationale, ainsi qu'à tous les membres de ces deux bureaux. Pendant ce temps, la reine Fabiola a eu le temps de retrouver sa mère, la marquise douairière de Casa Riera, descendue à l'Hôtel de Crillon.
En soirée, un dîner de gala était offert au Palais du Louvre par le président français en l'honneur du Roi et de la Reine des Belges. La reine Fabiola arbore la version uniquement florale du diadème des ducs de Medinaceli. Salués devant la Porte Denon par le Ministre de la Culture André Malraux, les souverains belges retrouvent le couple présidentiel sur le perron. Patientant dans la Galerie de Praxitèle, les invités sont présentés progressivement aux deux couples dans la Salle du Parthénon et gagnent ensuite leurs places dans la Galerie des Cariatides. Après le dîner, les deux couples se retirent dans la salle où avaient eu lieu les présentations. Avant de regagner le Quai d'Orsay, le couple royal se voit présenter dans le Salon d'Auguste les chefs de mission diplomatique et leurs conjoints. Baudouin et Fabiola prennent ensuite congé du couple présidentiel dans la Galerie du Manège, il est alors 23h30.
Lors du dîner , comme toujours lors d'une telle visite, les deux chefs d’État ont prononcé un discours. Un extrait de la réponse du Roi au général de Gaulle ne passera pas inaperçu dans les milieux laïques belges : « Nul dialogue n'est valable entre les hommes si ceux-ci ne communient pas à quelque vérité souveraine et reconnue de tous. La science peut abolir les distances et franchir les espaces, elle est incapable, par elle-même, de faire tomber un préjugé, d'amener l'homme à tendre la main à l'homme, de nouer entre eux des liens durables et de leur apporter des raisons de vivre. Or, aujourd'hui comme hier, les hommes ont besoin, pour vivre, de savoir pourquoi notre monde contemporain s'interroge encore avec acuité sur le sens même de la vie personnelle et collective. Ceux qui ont opté pour les sables mouvants du relativisme ne peuvent offrir une réponse valable à ces questions vitales. On ne construit pas une cité humaine sur de pareils fondements, sur de pareils marécages. Cette primauté du spirituel sur la technique, la France en est profondément convaincue. La grandeur de votre pays à travers l'histoire, Monsieur le Président, vient de ce qu'il a gardé le culte des valeurs essentielles qui sont à la base de notre civilisation et qui sont l'héritage du christianisme ». Si bien qu'Henri Janne, sénateur socialiste et ancien recteur de l'Université Libre de Bruxelles, a publié un article dans Le Soir du 1er juin afin de remettre en cause, non pas tant la personne du roi Baudouin, mais celle du ministre socialiste des Affaires étrangères Paul-Henri Spaak qui avait lu auparavant le discours et n'y avait trouvé rien à redire.
Le lendemain, la journée commence pour le couple royal par une visite en matinée au château de Fontainebleau, accompagné du Ministre de la Culture André Malraux et de son épouse. Ensuite, un déjeuner est offert au Quai d'Orsay par le Ministre des Affaires étrangères Maurice Couve de Murville. En après-midi, les souverains se rendent à l'ambassade de Belgique, rue de Tilsitt. Quarante-cinq minutes plus tard, le Ministre des Affaires économiques Wilfrid Baumgartner et son épouse viennent les chercher pour une réception à la Chambre de Commerce de Paris. Ils y sont également salués par le Secrétaire d’État au Commerce intérieur Joseph Fontanet et le président de la Chambre de Commerce Georges Desbrières.
Le soir, c'est au tour du couple royal d'offrir un dîner au président de Gaulle. Celui-ci a lieu à la résidence de l'ambassadeur de Belgique dans l'Hôtel de La Marck, rue de Surène. Ensuite, les invités sont conviés à une soirée de gala au Théâtre national de l'Opéra avec au programme le 3e acte du Lac des Cygnes avec Claude Bessy et Attilo Labis. A leur arrivée, la Garde républicaine rend les honneurs. Le couple royal retrouve alors le couple Malraux et se fait présenter M. Julien, administrateur-général de la Réunion des Théâtres Lyriques Nationaux. Pendant l'entracte, les deux couples se rendent au Musée de l'Opéra où M. Julien leur présente dans la rotonde de la bibliothèque les danseurs et les danseuses étoiles du corps de ballet. A la fin de la soirée, au moment de quitter la loge présidentielle, la reine Fabiola est prise d'étourdissements. Déjà avant d'entamer cette visite, il était question dans la presse belge d'une possible grossesse.
Collection personnelle Valentin Dupont |
Le vendredi 26, la reine Fabiola reste dans ses appartements. Le général de Gaulle lui envoie un médecin et un communiqué officiel fait état de « coliques néphrétiques ». Deux semaines plus tard, le couple royal se rendra en audience auprès du pape Jean XIII et ce dernier indiquera maladroitement à la presse que la souveraine est belle et bien enceinte. Hélas, cette grossesse, comme plusieurs autres, se soldera par une fausse couche... La visite prévue avec Mme de Gaulle de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul est donc annulée. Le roi Baudouin se rend, lui, en matinée à l'usine des automobiles Simca à Poissy avec le Ministre de l'Industrie et du Commerce Jean-Marcel Jeanneney.
Aux alentours de midi, le Ministre de l'Information Roger Frey et son épouse arrivent à l'hôtel du ministre des Affaires étrangères et emmènent le Roi à l'hôtel de ville où l'attend une réception. Il est accueilli par Julien Tardieu, président du Conseil municipal. Les membres du Conseil lui sont présentés dans le Salon des Tapisseries puis il signe le livre d'or. La réception se poursuit dans la Salle des Fêtes où les hymnes nationaux retentissent et où le président Tardieu prononce un discours, auquel le Roi répond. C'est à l'Hôtel de Lauzun qu'un déjeuner est offert par le Conseil municipal en l'honneur du souverain belge.
En après-midi, le roi Baudouin visite la Fondation Biermans-Lapôtre, une résidence de la cité international universitaire de Paris qui accueille en priorité des étudiants belges, ainsi que des Luxembourgeois. Avec l'ambassadeur belge, le baron Jaspar, il quitte la fondation près d'une demi-heure plus tard pour une réception à l'ambassade de Belgique, l'occasion de rencontrer la colonie belge.
Une nouvelle soirée de gala attend le souverain, cette fois-ci dans le cadre magnifique du château de Versailles et de ses grandes eaux. Il a d'ailleurs l'occasion de rencontrer l'architecte et le conservateur en chef du musée avant de signer le livre d'or. Après la traditionnelle présentation des multiples invités, c'est la célèbre Galerie des Glaces qui sert d'écrin au dîner. Des rumeurs d'attentat planant sur le général de Gaulle, les photographes y sont tout d'abord interdits puis pénètrent dans la salle après l'intervention de Claude de Valkeneer, attaché de presse du Palais. Ensuite, le Roi se retire avec le couple présidentiel dans le Salon de la Pendule, avant de se rendre à l'Opéra Louis XV pour une représentation. Durant l'entracte, le roi Baudouin retrouve M. Julien qui lui présente, dans le vestibule d'entrée, les artistes du spectacle. C'est vers minuit que le souverain belge prend congé de ses hôtes.
Le 27 mai, le couple royal se rend en matinée à l’Élysée afin de saluer une dernière fois le couple présidentiel avant de regagner la Belgique. Baudouin et Fabiola prennent tout d'abord congé des présidents des assemblées, des membres du gouvernement et d'autres personnalités dans le Salon des Ambassadeurs. Les deux chefs d’État se rendent ensuite au drapeau, accompagnés du Premier ministre Michel Debré et du Ministre des Armées Pierre Messmer, tandis que les hymnes se succèdent. Le général de Gaulle reconduit le Roi à sa voiture qui démarre à 10h15. Avant de mettre un terme à cette visite d’État, le roi Baudouin se rend encore au Centre d’Études Nucléaires à Saclay et visite les installations. A 11h45, il arrive à l'aéroport de Villacoublay, où la reine le rejoint. Le couple embarque donc dans un avion à destination du royaume, c'est en tout cas la version du programme officiel puisque d'autres sources indiquent que Baudouin et Fabiola n'auraient regagné la Belgique que le dimanche.
Photo : Sipa Press |
- Voyage en France de Leurs Majestés le Roi et la Reine des Belges. Programme du Voyage du 24 au 27 mai 1961, Paris, Papeterie Vendôme, Collection privée Valentin Dupont
- DE LOBKOWICZ Stéphane (1994), Baudouin. Biographie, Braine l'Alleud, Éditions J.-M. Collet, pp. 193-194
- DE VALKENEER Claude (2002), De Cour à jardin. 30 ans au Palais royal, Bruxelles, Éditions Racine, p. 85
- MICHELLAND Antoine et SÉGUY Philippe (1995), Fabiola. La reine blanche, Paris, Bayard Éditions, pp. 129-132
- STENGERS Jean (1992), L'action du Roi en Belgique depuis 1831. Pouvoir et influence, Paris - Louvain-la-Neuve, Éditions Duculot, pp. 215-217
Ensuite, son successeur Georges Pompidou sera reçu en voyage d'Etat en Belgique dans les années 70. Entre Valéry Giscard d'Estaing et le roi Baudouin, le courant n'est jamais passé, donc pas de voyage d'Etat. Par contre, le roi Baudouin appréciait le président François Mitterrand qu'il a invité en voyage d'Etat en Belgique dans les années 80. Au début des années 90, il est venu voir le souverain lorsqu'il était hospitalisé à Paris et l'a invité à un deuxième voyage d'Etat en France en 1992 (moins protocolaire que celui de 1962). Accompagnés de Simone Veil, François et Danielle Mitterrand étaient présents aux funérailles du roi Baudouin. A l'invitation de la reine Fabiola, Mme Mitterrand était à nouveau reçue à Laeken en 1993 et 1994 pour défendre ensemble des causes sociales (le Passeport contre le Racisme en 1993 et les femmes rurales en 1994).
RépondreSupprimerCe fut ensuite au tour du roi Albert II et de la reine Paola de se rendre en voyage d'Etat en France en 2003, dont une des conséquences fut l'amitié entre la reine Paola et Bernadette Chirac qui se sont ensuite unies à plusieurs reprises contre l'exploitation sexuelle des enfants. Aucune contact particulier sous la présidence de Nicolas Sarkozy (de 2007 à 2012). Et en ce mois de février 2014, le roi Philippe, la reine Mathilde et le président François Hollande ouvraient un nouveau chapitre des relations franco-belges. Tiens, voilà un bon sujet d'article pour Royalement Blog !
Pour info, lors de la visite d'État du Président Georges Pompidou, ce dernier reçu à accueille triomphale à Liège, ce qui ne sait plus jamais vus depuis lors.
RépondreSupprimerIl est dommage que les visites d'État du Roi Philippe ne durent qu'une seule journée.