A l'occasion du 30ème anniversaire du grand-duc héritier Guillaume de Luxembourg, Royalement Blog s'est associé avec Noblesse & Royautés afin de réaliser un portrait du prince : lien
Le grand-duc héritier dans son bureau du Palais grand-ducal (© RTL) |
Monseigneur, vous allez avoir 30 ans dans quelques jours. Comment allez-vous fêter cet événement ?
J'ai invité quelques amis à fêter mon anniversaire, ici au Luxembourg. J'en profite aussi pour montrer le pays à ceux qui ne le connaissent pas encore. On fera une petite soirée décontractée dans un cadre intime.
Vous parlez d'une fête décontractée... mais vous n'avez pourtant pas les mêmes libertés que d'autres jeunes de votre âge.
Oui, mais c'est ma réalité et je l'ai acceptée. Et il faut dire que c'est une chance de vivre au Luxembourg où je peux, par exemple, aller au cinéma sans problème. Et puis, je me rends souvent à l'étranger où j'ai également la possibilité de vivre pleinement ma vie privée.
Avez-vous l'impression d'avoir pu vivre une jeunesse "normale" ?
Heureusement oui. Mes parents m'ont énormément préservé quand j'étais jeune. J'ai fait mon école primaire à Lorentzweiler où j'étais un enfant comme les autres. Mais il est vrai que j'ai eu un peu plus de soucis quand je suis arrivé au lycée à Luxembourg. J'y ai remarqué, tout de suite, que mes camarades me traitaient différemment. C'était très dur pour moi, surtout au début. Après la quatrième, je suis parti à l'étranger. C'est là que j'ai pu pleinement profiter des années de "teenager".
Est-ce que c'est plus facile ou plus difficile, quand on est prince, de rencontrer quelqu'un ?
C'est plus facile et plus difficile. Vous pouvez imaginer qu'il faut vraiment faire la part des choses. Il faut être très au clair avec ce qu'on recherche et s'assurer que la personne en face de vous est vraiment là pour ce que vous êtes et non pas pour ce que vous représentez. Mais je pense sérieusement à fonder une famille. J'ai eu la chance de grandir avec de nombreux frères et sœur et c'est une chose que j'aimerais aussi pouvoir donner à mes enfants.
Comment vous préparez-vous à votre future fonction de Grand-Duc ?
J'ai grandi tout en sachant qu'un jour, j'allais devenir Grand-Duc. L'éducation que mes parents m'ont donnée était basée sur ce fait. Aujourd'hui, mon rôle de Prince héritier m'aide à me préparer à ma future fonction. Au Conseil d'État, je me familiarise avec le volet législatif de notre pays. Et les missions économiques me permettent de comprendre quel regard l'étranger porte sur le Luxembourg. Enfin, j'ai commencé à m'intéresser au business social et aux préoccupations des jeunes, ce qui me permet aussi de me préparer à l'avenir.
Comment interprétez-vous votre rôle dans les missions économiques ?
Mon rôle est de faciliter le contact avec les entreprises étrangères. Le ministre dirige les négociations, moi j'ouvre les portes. Cela vaut surtout pour les États du Golfe, où ma présence est beaucoup appréciée, ce qui aide beaucoup les entreprises luxembourgeoises.
Quelle est, à votre avis, la perception du Luxembourg dans les pays où vous vous rendez pour vos missions économiques ?
On connaît le Luxembourg, mais seulement du point de vue des finances. Mais le Grand-Duché est aussi un pays qui développe son industrie, notamment dans le domaine des technologies de l'information et de la logistique. Je pense que de ce point de vue, les connaissances ne sont pas encore assez complètes à l'étranger, d'où la nécessité d'y retourner régulièrement.
Ne jouez-vous pas aussi un rôle politique dans le cadre des missions économiques ainsi qu'au Conseil d'État ?
Je ne pense pas. Le Conseil d'État est un organe consultatif, donc évidemment il joue un rôle clé, mais pour moi ma fonction de conseiller est avant tout une école. Dans le cadre des missions économiques, je reste en dehors de la politique. Je suis là pour promouvoir les entreprises luxembourgeoises et non pas pour suivre une politique ou une autre.
Quels sont les souvenirs les plus marquants que vous gardez de vos nombreux voyages à l'étranger ?
Je garde un très bon souvenir de mon séjour au Népal avec les scouts. C'était mon premier contact avec la misère qui existe malheureusement sur cette terre. Ce séjour m'a beaucoup touché. J'y ai appris une leçon pour la vie.
À quoi ressemble une journée typique dans la vie d'un Grand-Duc héritier ?
Un journée typique, c'est compliqué... Je parlerais plutôt d'une semaine typique, car j'ai un programme très chargé. Le lundi, nous faisons l'agenda de la semaine avec mes parents. Et quand leur semaine est trop chargée, ils me délèguent les rendez-vous qui m'intéressent. Le reste de la semaine, je travaille ici au Palais. Je prépare mes voyages et les réunions du Conseil d'État.
Votre agenda est donc bien rempli. Vous reste-t-il du temps pour vos hobbies ?
Oui. J'essaie de jouer au tennis deux fois par semaine, mais j'avoue que ces trois dernières semaines, je n'ai pas réussi à garder ce rythme. Le soir, j'aime bien aller au cinéma, inviter des amis pour manger ou jouer de la guitare. Le weekend, j'en profite pour voir mes amis, soit ici au Luxembourg, soit à l'étranger. J'aime beaucoup voyager, de préférence en Europe. J'aime bien des villes comme Bruxelles ou Genève.
Que répondez-vous aux personnes qui vous reprochent d'avoir une vie facile ?
Je les invite à venir voir (rires). On ne le croirait peut-être pas de l'extérieur mais le Palais est une minienterprise. Représenter au mieux le Luxembourg est un vrai travail. Il demande beaucoup de préparation, le rythme est très exigeant et les journées chargées. Nous sommes loin des 40 heures en tout cas.
Comment décririez-vous votre caractère? Quelles sont vos forces et vos faiblesses ?
On dirait un entretien d'embauche… (rires) Alors commençons par mes forces: j'ai beaucoup de facilités pour aborder les gens, je pense que j'ai hérité cette qualité de ma mère. Mes faiblesses… (il réfléchit) chacun a des domaines dans lesquels il veut s'améliorer. Moi j'essaie de me cultiver toujours plus, de pratiquer la lecture, mais je dois avouer que parfois je suis un peu trop négligent dans ce domaine.
Si vous n'aviez pas été prédestiné pour être Grand-Duc, quel métier auriez-vous choisi ?
J'ai fait des études de sciences politiques, ce qui englobe de nombreuses disciplines. J'ai beaucoup apprécié les cours d'histoire, d'économie et de philosophie. Et je pense que le cas échéant, j'aurais approfondi l'économie et la philosophie pour trouver un travail dans un des deux domaines. J'aurais peut-être créé ma propre entreprise.
Quels sont vos grands projets pour les années à venir ?
J'ai envie de motiver les jeunes à s'engager. À oser fonder une entreprise, par exemple, ou à s'engager dans le domaine social. Il existe de nombreuses associations de jeunes très dynamiques et c'est un domaine que j'aimerais soutenir.
Si vous deviez devenir Grand-Duc demain, est-ce que vous seriez déjà prêt à le faire ?
Non, je pense qu'il me faudra encore plusieurs années d'apprentissage dans le domaine de la connaissance surtout. Mon père est un homme qui a une connaissance extraordinaire, grâce à son expérience. Et je crois que c'est ce qui me manque et ce que seul le temps peut vraiment résoudre.
Comment voyez-vous votre rôle en tant que futur Grand-Duc ?
Le rôle de Grand-Duc est encastré dans la continuité et la tradition. Mais en même temps, je pense que je ne suis pas comme mon père, et je ne ferai sans doute pas tout comme lui. C'est une question de caractère et de tempérament. J'ai une façon d'agir qui est différente de mon père. Mais je pense qu'en général, le plus important c'est que je reste moi-même.
Vous distinguez-vous de vos jeunes collègues européens dans votre façon d'aborder votre future fonction ?
Quand je les vois, nous discutons beaucoup de l'avenir de la monarchie en Europe et je crois que nous sommes tous d'accord sur un fait: nous devons regarder en avant et respecter les attentes de nos peuples, sans oublier notre histoire.
Où situez-vous la monarchie de nos jours ?
La place de la monarchie est en dehors de la politique. Le chef de l'État a un rôle d'arbitre et c'est une bonne chose. Or, montrer l'identité des Luxembourgeois à l'extérieur fait également partie de nos responsabilités. Nous devons jouer ce rôle avec beaucoup de dignité. Enfin, nous devons également assurer la continuité que la monarchie a connue jusqu'à ce jour au Grand-Duché, sans pour autant avoir peur de prendre des initiatives qui n'existaient pas avant. Les princes héritiers ont tous leurs propres engagements dans le social ou l'environnement, qui sont des domaines dont ne se mêlait pas la monarchie à l'époque. Personnellement, je m'intéresse au "social business" et j'ai un bon contact avec les jeunes. Et leur regard sur moi est respectueux et chaleureux. Donc je ne me fais pas trop de soucis.
En 2009, les pouvoirs du Grand-Duc ont été modifiés. Qu'en pensez-vous ?
Pour commencer, je dirais que c'était quelque chose de souhaitable. Mon père voulait qu'on change la Constitution pour qu'il y ait un respect réel de la séparation des pouvoirs. Il y avait une immixtion de l'exécutif dans le législatif qui n'avait pas de raison d'être. Grâce à cette réforme, il y a plus de logique. Je remercie mon père réellement parce qu'il avait le droit d'avoir un conflit de conscience à l'époque. Une telle situation ne se représentera plus jamais grâce à sa décision.
Êtes vous croyant ?
Oui, je crois en Dieu et je l'assume. Je vais régulièrement à la messe.
Comment expliquez-vous l'attachement de la communauté portugaise à la maison grand-ducale ?
Nous avons aussi du sang portugais dans notre famille (rires). Je trouve que l'intégration des Portugais a vraiment très bien fonctionné. Ils se sentent Luxembourgeois, ils parlent la langue et ils apprécient notre famille. Nous en sommes très reconnaissants.
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Sur Eldoradio pendant une heure (© Eldoradio) |
La chaîne RTL a quant à elle diffusé un reportage mêlant images d'archives et un entretien avec le grand-duc héritier. La plupart de ses images seront reprises pour le reportage de l'émission belge "Place Royale" de RTL-TVI.
1ère partie du reportage
2ème partie du reportage
L'ayant observé il y a un an et demi pendant près d'une heure lors de la procession de l'Octave dans les rues de Luxembourg, je peux confirmer qu'il est sympathique et très à l'aise en public (rien à voir avec notre prince héritier Philippe...). Il a hérité du sens du contact de sa maman, tandis que le grand-duc Henri m'est apparu plus distant. Guillaume a la chance de pouvoir dire qu'il a une petite amie depuis un an sans être ensuite dérangé par les journalistes luxembourgeois!
RépondreSupprimerDe manière générale, au début de leur règne en 2000, on a eu une grande ouverture du grand-duc Henri et de la grande-duchesse Maria-Teresa à l'égard des médias (nombreuses interviews, photos plus people et plus artistiques, confessions chocs de Maria-Teresa contre sa belle-mère en 2002,etc.) qui faisait un réel contraste avec le style du précédent couple grand-ducal. Après 2006 (avec la vente des bijoux de Joséphine-Charlotte et la paternité hors mariage de Louis sur lequel la Cour était au départ très discrète), j'ai l'impression que le grand-duc Henri et la grande-duchesse Maria-Teresa se sont montrés plus méfiants à l'égard de la presse et ont changé le style de leur règne. La grande-duchesse Maria-Teresa (peut-être pour des raisons de santé?) est moins présente aux côtés de son époux et on la sent beaucoup plus en retrait. Lors des 10 ans de règne du grand-duc Henri, c'est surtout lui et son rôle politique qui ont été mis en avant. Est-ce que d'autres personnes ont cette même impression?
Valentin, une fois de plus je salue le sérieux avec lequel tu traites les sujets que tu nous présentes.
RépondreSupprimerCe reportage donne à voir une image complète du futur souverain que le Luxembourg pourra s'enorgueillir d'avoir un jour.
Amicalement,
Damien
Oui,petit belge,je suis d'accord avec vous!
RépondreSupprimerLe grand-duc Henri a choisi comme epouse une femme totalemnt differente de sa mere,et cela provoquait des conflits.
Maria-Teresa est en retrait en effet,je remarque qu'elle a trop grossi,elle qui etait une sylphyde,Alors on peut supposer qu'elle est malade?si c'est le cas,dommage!!!
Guillaume est suremnet plus ouvert que son pere,et votre Philip de Belgique est secret(-un vrai Saxe-Cobourg? )
Cela dit,j'espere qu'il choisira une bonne et digne epouse,j'aimerais une aristocrate,mais cela ne me concerne pas(je commence a avoir assez des Cendrillons...Desolee)
je vous souhaite une belle journee!
Amicalement
Serar
J'ai regardé "Place Royale" que j'avais enregistré. L'émission et l'interview confirment ce que j'écrivais hier : le grand-duc héritier Guillaume est très à l'aise tant avec la population luxembourgeoise qu'avec les journalistes. A plusieurs reprises, il dit qu'il a hérité du sens du contact de sa mère. Il a également rendu hommage à sa grand-mère la grande-duchesse Joséphine-Charlotte qui l'emmenait parfois en voyage (aux Bermudes p.ex.). Il a révélé qu'il avait une relation sérieuse depuis un an avec une Belge, mais qu'il était trop tôt pour parler de mariage. Bref, il m'a donné l'impression d'un homme bien dans sa peau tant dans sa vie privée que publique (un peu à l'image de William d'Angleterre).
RépondreSupprimerRéponse à Serar : il est certain que la grande-duchesse Maria-Teresa a eu des problèmes de santé qui ont été confirmés par la Cour grand-ducale, mais je n'ai jamais rien lu de précis à ce sujet.
Serar,
RépondreSupprimerIl est exact que la grande-duchesse n'a plus accompagné le grand-duc Henri à l'étranger depuis un certain temps. Certes, le voyage du grand-duc Henri au Vietnam n'était qu'une visite officielle (et pas un voyage d’État), mais elle n'était pas non plus présente lors des funérailles des archiduc Otto et Félix d'Austriche, ni lors des 90 ans du roi Michel de Roumanie. Sa dernière apparition à l'étranger était à Monaco lors du mariage du prince Albert II et la dernière visite d’État remonte à mai 2011 (Norvège).
La grande-duchesse reste toutefois active dans le grand-duché : hier, en tant que présidente de la Croix-Rouge luxembourgeoise, elle était présente aux stands du bazar annuel de l’organisation. Elle y était accompagnée de sa belle-fille, la princesse Tessy, et de ses petits-enfants, les princes Gabriel et Noah de Nassau (http://www.lessentiel.lu/fr/news/story/La-famille-grand-ducale-visite-le-bazar-en-famille-15671364).
Petit Belge,
Je trouve également que le grand-duc héritier Guillaume s'en sort très bien pour ce qui est de communiquer (contrairement, malheureusement, à son oncle, notre prince héritier Philippe...). Il est très sûr de lui, et je suis convaincu qu'il pourra, le temps venu, accomplir les tâches qui l'attendent.
Je pense tout comme toi que le couple grand-ducal à revu son style. Au début, le grand-duc Henri avait en effet déclaré vouloir donné une nouvelle impulsion à la Cour grand-ducale. Ce souffle nouveau, dans un sens, a été réussi, mais d'autres soucis sont apparus : comme tu l'indiques, la mésentente entre les deux grandes-duchesses rendue publique par Maria-Teresa en 2002, l'affaire des bijoux de Joséphine-Charlotte, la paternité suivi du mariage du prince Louis, sans oublier la refus du grand-duc de sanctionner la loi dépénalisant l'avortement.
Ces "affaires" n'ont pas réellement enchanté les luxembourgeois qui apprécient leur famille grand-ducale, mais qui préfèrent la voir assez discrète. C'est du moins le sentiment que j'ai, en lisant les réactions de quelques luxembourgeois.
De ce que j'ai pu lire, les responsables politiques n'auraient pas davantage apprécié ces épisodes. Lors de la malheureusement conférence de presse de Maria-Teresa en 2002, l'événement avait même été traité en conseil des ministres. Alors que les luxembourgeois semblaient conquis par la personnalité spontanée de Maria-Teresa, le gouvernement, lui, semblait préféré le style de la grande-duchesse Joséphine-Charlotte.
Suite aux autres épisodes "malheureux" de leur règne, peut-être que le couple grand-ducal, désireux d’aplanir la situation, a recadré son style, s'approchant davantage ainsi du style conventionnel du grand-duc Jean et de la grande-duchesse Joséphine-Charlotte. Il n'est pas exclut que des pressions politiques soient intervenues quant à cette décision...
Merci Valentin pour ta réponse et tu as raison d'écrire qu'on est revenu au style plus conventionnel du couple grand-ducal précédent. Il me semble que la grande-duchesse Maria-Teresa effectue également moins de voyages humanitaires à l'étranger qu'au début de son règne.
RépondreSupprimerBonsoir Valentin,
RépondreSupprimerUn grand merci pour vos excellents articles et principalement pour ceux sur mon pays, le Luxembourg.
Concernant notre Grand-Duc héritier Guillaume, tout ce qui est écrit dans les commentaires, et particulièrement dans les posts d'Un Petit Belge est exact, bien que les soucis de santé de la Grande-Duchesse Maria-Térésa ne soient pas toujours la principale raison de ses absences.
Par ailleurs, je vous confirme que notre Premier Ministre a, à plusieurs reprises, signé "la fin des hostilités publiques" entre certains membres de la famille régnante actuelle.
Ces dernières années notre famille régnante a connu des tourments de grande ampleur qui pour des raisons d'Etat n'ont pu être exposés sur la place publique mais qui sont connus pratiquement de tous les luxembourgeois.
Ceci dit, nos souverains font correctement leur travail et nous les apprécions pour cela sans pour autant les vénérer. Ce n'est pas le style des luxembourgeois.
Je vous souhaite beaucoup de succès pour votre blog.
J'en profite pour saluer tous vos fidèles lecteurs ainsi qu'Un Petit Belge dont j'apprécie toujours ses commentaires, ici et là ...
Cordialement
Marie-Claude
Merci Marie-Claude pour votre gentil commentaire à l'égard de Valentin et moi. Merci aussi pour vos précisions qui nous permettent d'avoir une meilleure perception de la situation au grand-duché de Luxembourg. Semaine après semaine, je constate que le couple grand-ducal apparaît de moins en moins souvent ensemble en public...
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