Grand voyageur après son abdication, le roi Léopold III s'est rendu à maintes reprises en Amérique du Sud, et notamment au Chili en 1962 et en 1964.
Le premier voyage au Chili comportait un objectif davantage officiel puisque M. Brasseur, le ministre belge du Commerce Extérieur de l'époque, avait demandé à l'ancien souverain d'effectuer un voyage d'étude et d'information en Amérique latine. Arrivants de Mexico, Léopold III et la princesse Lilian atterrissent à Santiago le 27 janvier, et sont accueillis par l’ambassadeur de Belgique et des autorités chiliennes, et notamment l'aide de camp du président. Le lendemain, la journée débute par une messe célébrée en l'église des Franciscains par le père belge Raphaël Van Gerven et elle se poursuit par une séance de travail à l'ambassade belge et un moment de délassement au golf de Los Leones, le roi étant un grand amateur de ce sport. Le 29 janvier, Léopold visite le centre expérimental agronomique de Maipù, le centre de recherches zoologiques ainsi que des cultures expérimentales au pied de la montage. Comme depuis le début de son séjour, le roi dîne alors à l'ambassade, cette fois-ci en compagnie des ministres des Finances et de l’Économie. Le jour suivant fut consacré à diverses rencontres : audiences avec le président Jorge Alessandri Rodriguez et avec le ministre de l'Intérieur, déjeuner suivi d'un colloque à l'Université catholique en présence notamment du recteur-archevêque de Conceptión, de l'archevêque de Santiago et du ministre des Mines, et finalement un dîner chez le président du Sénat, Herman Videla Lira.
Le 31 janvier le couple s'envole à bord du DC3 présidentiel pour Valdivia, où ils partent à la découverte du fleuve Calle-Calle sur un bateau à moteur. Ils déjeunent d'ailleurs sur un île en tant qu'hôtes de Madame Gertrude Hoffmann de Martens et visitent ensuite l'Université de Valdivia à l'occasion d'un colloque. Arrivés à Antumalal la veille, Léopold et Lilian partent en excursion le 1er février sur le lac de Villarica et s'aventurent ensuite dans la forêt située juste à côté du volcan du même nom.
Le lendemain, le couple prend à nouveau l'avion direction Conceptión. Ayant atterris peu après midi, le roi est reçu par l'intendant de la région, effectue une visite à l'Université et rencontre huit familles belges, originaires de Zwevegem en Flandre-Occidentale. Le passage est très bref à Conceptión puisqu'ils reprennent déjà l'avion en fin d'après-midi pour retourner à Santiago où ils dînent de nouveau à l'ambassade.
Le 3 février, le couple se rend dans la station balnéaire de Vinã del Mar, à une centaine de kilomètres de la capitale. Ils y visitent l'Institut de biologie marine et terminent leur journée en étant reçus par le président de la république dans sa villa. Le couple présidentiel propose même à ses hôtes de marque de rester jusqu'au lendemain. Ainsi, le jour suivant les deux couples assistent tout deux à la messe, et ensuite le roi et le président effectuent une promenade à Valparaiso. La journée est également émaillée d'un déjeuner avec les présidents du Sénat et de la Chambre ainsi qu'avec l'intendant de la région.
Le 5 février, Léopold et Lilian retournent dans la capitale chilienne. Alors que la princesse Lilian visite un hôpital, Léopold III rencontre le directeur de l'Institut de sociologie de l'Université catholique. Le couple se retrouve ensuite pour un déjeuner, en présence du ministre des Affaires étrangères, chez Robert Pangaert d'Opdorp et son épouse, Micheline, la fille de Paul Van Zeeland, qui fut Premiers ministre sous le règne de Léopold III. Ensuite, ils prennent le thé chez Monsieur Macul, l'homme le plus riche du Chili. C'est ainsi que se termine le premier voyage du roi Léopold III dans ce pays puisque le couple prend dès le lendemain l'avion pour le prochain pays dans lequel ils doivent se rendre, l'Argentine.
Léopold III et Lilian sont de retour au Chili en 1964 pour un voyage qui n'a cette fois pas été demandé par le gouvernement belge. Le couple atterrit à Santiago vers midi et demi, le 11 mars. Ils rendent ensuite visite à l'hôtel de Marta Alessandri, l'épouse du président de la république. Suit ensuite une audience auprès du ministre des Affaires étrangères et ils sont finalement reçu par le président de la république qu'ils avaient eu l'occasion de connaître lors de leur précédent voyage. Le 12 mars, le couple déjeune au Club de Los Leones avec la famille Pangaert d'Opdorp et se rend ensuite chez l'ambassadeur, M. de Thysebaert. Le lendemain, le roi effectue, en compagnie du ministre des Travaux publics et du vice-président, un tour en hélicoptère de la capitale. Il visite ensuite l'hôpital de la Force aérienne.
Le 14 mars le couple embarque sur un hydravion amphibie pour la baie de Cumberland. Ils y font le tour de l'île avant d'être accueillis par les autorités locales, le roi part même pêcher en compagnie d'un ministre. Cependant, l'engin qui les a emmené quelques heures plus tôt ne démarre plus le moment du départ venu et ils sont contraint de passer la nuit chez le gouverneur. Le lendemain, l'hydravion est toujours intraitable, la journée est donc comblée par de la pêche et un dîner chez un représentant d'une société exportatrice de langoustes, richesses du coin. Ils sont finalement récupérés le jour suivant par un destroyer qui les emmène ensuite à Valparaiso et ils passent la nuit dans le chalet présidentiel de Viña del Mar. Le 17 mars, ils sont de nouveau de retour à Santiago et déjeunent encore avec la famille Pangaert d'Opdorp, pratiquent quelque peu le golf et visite le palais présidentiel avec nul autre guide que le couple présidentiel lui-même.
Le 18 mars, après un survol du désert d'Atacama, ils atterrissent à Calama d'où ils prennent une voiture pour San Pedro de Atacama qui offre une vue magnifique sur le volcan Licancaur. Dans ce petit village officie un Belge, le jésuite Gustave Le Paige, également considéré comme le père de l'archéologie chilienne. Ensemble, ils partent le lendemain en jeep dans le désert et découvrent l'oasis de Toconao, le volcan Lascar, le Tumisa, la lagune de Lejica,... Dans le lieu dit Tumbre, le père Le Paige a baptisé un enfant dont la marraine fut la princesse Lilian. Sur le chemin du retour, ils visitent un dispensaire avant de retrouver San Pedro. Par ailleurs, Léopold III a contribué financièrement à la construction d'un hôpital dans ce village.
Le roi Léopold III et la princesse Lilian, le 19 mars 1964, dans le désert de l'Atacama (© Fonds Léopold III pour l'Exploration et la Conservation de la Nature) |
Le 20 mars, le couple visite un élevage de chinchillas avant de
reprendre la route vers la capitale. Pour l'anecdote, c'est à Santiago qu'ils apprennent que leur fille cadette, la princesse
Marie-Esméralda, s'est cassée une jambe au ski à Zarmatt; mais c'est aussi là qu'ils ont
l'occasion de vivre un tremblement de terre. Le 21 mars, ils sont de retour à Viña del Mar où les attend le couple présidentiel pour déjeuner. Ils pratiquent ensuite le golf à Granadilla. Le lendemain, ils sont reçus pour la dernière fois par le couple présidentiel, cette fois-ci dans leur maison de campagne à Malloco, en présence du ministre des Affaires étrangères. Ce nouveau périple se clôture, Léopold et Lilian prennent l'avion le 23 mars en direction de Rio de Janeiro.
Du 18 octobre au 19 novembre 1965, le roi Baudouin et la reine Fabiola se rendent en visite d’État dans différents pays d'Amérique du Sud : le Mexique, le Chili, l'Argentine et le Brésil. Au cours de ce long voyage, le souverain a d'ailleurs souffert de problèmes de dos qui l'ont parfois obligé à se déplacer à l'aide de béquilles.
Accueil des souverains belges par le couple présidentiel sur le tarmac de l'aérodrome Los Cerrillos |
Les souverains belges atterrissent dans la matinée du 25 octobre sur l'aérodrome Los Cerrillos, où ils sont accueillis par le président Eduardo Frei Montalva et son épouse Maria avant de faire leur entrée en carrosse dans Santiago. Le lendemain, le roi Baudouin est reçu au Congrès et prononce un discours mettant en exergue le régime chilien, respectueux de sa Constitution et des libertés individuelles des citoyens. Une réception à l'ambassade belge fut également programmée en présence de la colonie belge. Le 27 octobre la visite d’État prend déjà fin. Les souverains quittent Santiago tout en restant, en tant que touristes, au Chili jusqu'à leur départ pour l'Argentine le 2 novembre. Bien des années plus tard, la reine Fabiola a rencontré la belle-fille du président chilien qui l'avait accueilli en 1965. En effet, en 1997, dans le cadre d'une conférence des Premières Dames d'Amérique latine à Panama à laquelle la veuve du roi Baudouin était conviée, cette dernière eut l'occasion de rencontrer Mme Maria Larraechea de Frei, épouse du président Eduardo Frei Ruiz-Tagle.
En tant que président d'honneur de l'Office Belge pour le Commerce Extérieur, le prince Albert et actuel souverain, s'est rendu en mission économique au Chili en 1991. Le flambeau repris par son fils, le prince héritier Philippe, accompagné de son épouse la princesse Mathilde, y préside une mission économique au printemps 2002. Arrivés le 28 avril, ils visitent alors le domaine viticole de Concha y Toro à Pirque qui appartient à l'une des plus anciennes familles du pays. Le jour suivant, le couple est reçu par le président Ricardo Lagos et son épouse Luisa. Cette-dernière emmène ensuite la princesse Mathilde à la découverte de la Fondation de la Famille qu'elle préside. Le couple princier se retrouve ensuite pour effectuer une visite à la Fondation Hogar de Cristo (Foyer du Christ) qui a pour but de construire des habitations pour les pauvres. Cette association, qui en 2002 avait déjà permis d'aider environ deux millions de personnes, était à l'époque dirigée par le jésuite belge, Josse Van der Rest, qui avait déjà pu rencontrer le roi Baudouin lors de sa visite d’État en 1965. Le couple princier inaugure aussi une exposition à Santiago, en compagnie de l'artiste Pablo Amand. Le 30 mars, Philippe et Mathilde découvrent la Fondation Casa Neruda, établie dans la maison du célèbre poète chilien Pablo Neruda à Santiago. Le couple assiste, le 1er avril, au lancement de la construction d'une centrale électrique par la firme belge Tractebel à Colbun. Avant qu'ils n'achèvent la mission le 3 avril, ils rencontrent également des étudiants belges et visitent entre autre un centre de travail manuel pour les handicapés à Santiago.
Seul, le prince Philippe a emmené une dernière mission économique au Chili, centrée sur le ville de Santiago, du 3 au 7 décembre 2011. En raison de l’imminence de la formation d'un gouvernement (qui a vu le jour le 6 décembre), le prince n'était pas comme à l'accoutumée accompagné par un ministre fédéral qui est censé couvrir les actes du prince. Ce fut en effet un ministre d’État, Jos Chabert, qui a été choisi pour accomplir cette tâche. Outre le fait d'avoir été reçu au Palais de La Moneda par le président Sebastián Piñera, le prince a rendu un hommage, au nom du Roi et de la Reine, au monument de l'un des pères du pays, Bernardo O'Higgins. Il a également effectué plusieurs visites liés aux domaines économique et scientifique.
Rencontre avec le président de la république (© Place Royale/RTL-TVI) |
Le prince Philippe sur le haut d'un observatoire astronomique. Le prince est un passionné comme l'était son oncle le roi Baudouin de cette science (© Place Royale/RTL-TVI) |
Cet article est dédié à Elena... la plus Belge des Chiliennes et la plus Chilienne des Belges...
C'est une très bonne idée de rappeler les liens entre la dynastie belge et les pays visités lors des voyages d'Etat du couple royal et des missions économiques du prince Philippe. Personne ne s'intéresse à cet aspect des choses.
RépondreSupprimerVoilà un sujet original et très instructif traité de manière exhaustive et plaisante.
RépondreSupprimerMerci Valentin, j'aime bien ta manière d'aborder l'histoire !
Article complet et très intéressant, je vais jouer mon difficile, mais j'aurais aimé qu'il y ait une photo de Baudouin et Fabiola en carrosse.
RépondreSupprimerLéopold III a tout de même bien profité de sa situation en alliant détente et quelques obligations officielles, en comparaison, le déplacement de Baudouin fut loin d'être une sinécure.
Pierre-Jean,
RépondreSupprimerMalheureusement, j'ai eu beaucoup de difficultés à trouver des photos de la visite d’État de 1965. les trois photos sont les seules que j'ai pu trouvé. Mais la prochaine fois où l'article s'y prête, je n'hésiterai pas à mettre des photos de ces souverains en carrosse !
Quelques infos supplémentaires sur Josse Van der Rest, surnommé parfois "Soeur Emmanuelle du Chili". Né en 1924, ce père jésuite belge a été résistant durant la deuxième guerre mondiale. Sa congrégation l'envoie en 1958 au Chili pour travailler au sein de Hogar de Cristo (Foyer du Christ), fondé par un prêtre chilien aujourd'hui canonisé. Josse Van der Rest a aussi créé la fondation belge Selavip (www.selavip.org) qui construit des maisons pour les pauvres en Amérique latine, en Afrique et en Asie. En 30 ans, avec Hogar de Cristo et Selavip, Josse Van der Rest a fait construire 3 millions de maisons pour les plus démunis! Chaque année, il revient en novembre en Belgique pour réunir le comité directeur de Selavip et choisir les projets soutenus à travers le monde.
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