18 août 2012

L'hôtel de Lannoy à Bruxelles

Après avoir acheté l'ancienne maison de don Diego de Ruyter, Josse Mansion, un maître maçon originaire d'Enghien a fait construire cet hôtel en forme de « U » en 1762 à Bruxelles. Une annexe à l'arrêté de 2001 pris par le gouvernement bruxellois classant certaines parties de l'hôtel précise ceci au sujet de l'édifice : « l'immeuble compte deux niveaux sous une toiture mansardée percée de lucarnes à fronton. La couverture d'ardoises repose sur une charpente de bois conservée dans son état d'origine. La façade principale en grès se développe sur neuf travées. La travée médiane, en léger ressaut et à refends, est percée d'une porte cochère en plein cintre à encadrement creusé en gorge, surmontée à l'étage par une fenêtre également en plein cintre et précédée d'un garde-corps en fer forgé. Protégées par des contrevents ou des grilles, les fenêtres du rez-de-chaussée sont à arc surbaissés; celles de l'étage sont rectangulaires. L’horizontalité de l'élévation est marquée par le bandeau séparant les niveaux et l'entablement classique : architrave moulurée, frise portant le millésime « MDCCLXII » et corniche profilée ».

© MRBC-DMS
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L'hôtel a été acquis en 1768 par le comte Dominique-Alexandre d'Epinoy. C'est bien plus tard que ce bien est entré dans le patrimoine des Lannoy avec l'achat en 1833 de l'hôtel par le comte Gustave de Lannoy (1800-1892). Ce trisaïeul de Stéphanie, grande-duchesse héritière de Luxembourg, fut tour à tour chambellan du roi Guillaume II des Pays-Bas, grand-maître de la Maison du Duc de Brabant, le futur roi Léopold II, ainsi que grand-maître de la Maison de la Reine Marie-Henriette. Le comte Gustave de Lannoy occupa également la fonction de bourgmestre d'Anvaing. 

Cet hôtel se situe au numéro 13 de la rue aux Laines, une rue où depuis le XIVe siècle de nombreuses familles de la noblesse résident. Pour l'anecdote, le 23 janvier 1892, un incendie se déclara dans une aile de l'actuel Palais d'Egmont qui donnait alors dans la rue aux Laines. La famille de Lannoy vit donc débarquer au cours de la nuit, en chemise de nuit, le duc et la duchesse de Croÿ venant trouver refuge dans leur hôtel.
L'ancien hôtel de Merode-Deinze détruit en 1956

Depuis que l'hôtel est dans les mains des Lannoy, il est toujours passé par héritage au chef de famille. Il échut donc au comte Philippe, le père de Stéphanie, en 1980 à la suite du décès du comte Paul de Lannoy. Tel est toujours également le cas pour l'hôtel des princes de Merode-Westerloo, situé au numéro 23 de la rue aux Laines, qui est loué au Cercle de Lorraine. Ce sont presque les seules traces historiques intéressantes qui subsistent dans cette rue depuis la démolition en 1956 des hôtels de Merode-Deinze et de la Boëssières-Thiennes.

Entre 1907 et 1908, l'hôtel de Lannoy a été restauré par l'architecte Ocatve Flanneau qui travailla également au palais de Bruxelles. Ainsi, l'aile sud a été transformée et prolongée de trois travées. A l'intérieur de l'hôtel, un passage couvert donne accès aux pièces du rez-de-chaussée mais également à une cour pavée et à un petit jardin. Un escalier d'honneur, doté d'une rampe en fer forgé, permet d'accéder au bel étage. Alors que la salle à manger donne sur le jardin, plusieurs salons décorés dans le style Louis XV se situent, en enfilade, du côté de la rue : salon rouge, antichambre, salon jaune et fumoir.

En 2001, plusieurs parties de l'hôtel ont été classées par un arrêté du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale : les façades, les toitures en ce compris la charpente, le passage couvert, le vestibule et la cage d'escalier d'honneur, la salle à manger, le salon, l'antichambre et le fumoir du bel étage, ainsi que le jardin et les caves voûtées. Une annexe de cet arrêté précise que « par la régularité classique de ses façades, parfaitement préservées, par la disposition et l'ornementation de ses espaces intérieurs restaurés avec soin au début du siècle, l'hôtel de Lannoy est par ailleurs un exemple quasi unique à Bruxelles d'une architecture privée du XVIIIe siècle d'une telle ampleur et d'une telle qualité ».

La comtesse Stéphanie, aujourd'hui grand-duchesse héritière de Luxembourg, a occupé quelques temps avant son mariage une partie de l'hôtel. La famille a également loué plusieurs appartements à des jeunes de la bonne société. Par ailleurs, Dorotheum, l'une des plus ancienne maisons de vente, a installé ses bureaux bruxellois au rez-de-chaussée. Notons par ailleurs que l'intérieur de l'hôtel a accueilli pendant quatre jours le tournage du film franco-tchéco-belge Les Visiteurs : la Révolution en juin 2015. 

6 commentaires:

  1. Très intéressant article, mais est-ce que ce n'étaient pas les princes d'Arenberg (et non les ducs de Croÿ) qui habitaient au palais d'Egmont? Qu'est devenu l'hôtel des princes de Ligne? A l'église Saint-Jacques-sur-Coudenberg, le nom d'un prince Baudouin de Merode est mentionné comme paroissien de l'église Saint-Jacques-sur-Coudenberg au cours de la première guerre mondiale. En ce qui concerne la famille de Boessières-Thiennes, il me semble qu'elle possédait le château de Lombise dans notre province de Hainaut, mais est-ce que cette famille n'est pas aujourd'hui éteinte?

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    1. Avant de devenir la propriété des Arenberg, ce que l'on appelait le "petit hôtel d'Egmont" (qui semblait être une aile de l'actuel Palais) a bel et bien été occupé un temps par les Croÿ.

      L'hôtel des princes de Ligne ne se trouvait pas dans la rue aux Laines, mais à l'angle de la rue Royale et de la rue et de la rue des Colonies. Et il fut construit au XVIIIe siècle initialement pour le comte... de Lannoy ! Les Ligne l'ont acheté en 1834 et s'en ont séparé avant la fin du siècle. Il abrite aujourd'hui le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

      Suite au décès en 1993 de la comtesse Michèle, le château de Lombise est passé à ses enfants, issus de l'union avec Eric Janssen. Les enfants portent d'ailleurs le patronyme de "Janssen de la Boëssière-Thiennes". La mère de la comtesse Michèle vit toujours normalement au château, elle est née en 1918 comme comtesse Renée Carton de Wiart, fille du Premier ministre belge de 1920 à 1921. L'épouse du dernier marquis de la Boëssiere Thiennes fut d'ailleurs bougmestre de 1964 à 1976.

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  2. Merci pour ta réponse. Je me suis trompé dans mon premier commentaire : c'est le nom d'un prince Baudouin de Ligne (et non Merode) qui est inscrit comme paroissien de l'église Saint-Jacques-sur-Coudenberg décédé durant la première guerre mondiale, ce qui s'explique vu la proximité avec l'hôtel de Ligne dont tu viens de me parler. Mais est-ce qu'ils s'en sont séparés avant la fin du 19ème ou la fin du 20ème siècle? A noter que le prince Lamoral de Ligne (frère de Michel, chef de la Maison de Ligne) s'est d'ailleurs marié religieusement à l'église du Sablon.

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    1. Déjà en 1897, l'hôtel a été la propriété de la société des tramways bruxellois. ensuite, plusieurs banques ont occupé les lieux.

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  3. Après quelques recherches rapides sur Internet, le prince Baudouin de Ligne (1896-1914), mort au combat à Herentals lors de la première guerre mondiale, était le sixième enfant d'Ernest, 10ème prince de Ligne et...arrière-grand-père de la comtesse Stéphanie de Lannoy.

    Comme il est repris dans la liste des paroissiens de l'église Saint-Jacques-sur-Coudenberg morts durant la guerre et comme beaucoup de princes de Ligne sont nés à Bruxelles, je pense qu'après la vente de cet hôtel, les princes de Ligne ont gardé une résidence dans le centre de Bruxelles jusqu'au milieu du XXème siècle. Par contre, à partir de la génération des enfants du prince Antoine et de la princesse Alix, ils sont nés au château ou à l'hôpital de Beloeil.

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